Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн ОÑтин
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— Certainement, répliqua-t-il d’un ton ironique, je n’avais pas d’autres vues en venant à Barton.
— Vous voyez à présent, dit Charlotte, que M. Palmer compte sur vous, ainsi vous ne pouvez refuser.
Toutes les deux prouvèrent qu’elles le pouvaient, et refusèrent décidément.
Charlotte en parut très surprise. Je ne comprends pas, dit-elle, qu’on puisse refuser quelque chose à M. Palmer. Ne le trouvez-vous pas l’homme du monde le plus aimable, dit-elle bas à Elinor ? il est quelquefois des jours entiers sans me parler ; mais avec vous ce ne sera pas ainsi. Vous lui plaisez beaucoup, je vous assure ; et il sera tout-à-fait de mauvaise humeur si vous ne venez pas à Cleveland. Je ne comprends pas quelle objection vous pouvez faire. Une seule, dit Elinor, c’est que cela ne se peut pas ; et pour éviter de nouvelles persécutions, elle changea de sujet. Elle avait envie de savoir quelques particularités sur Willoughby, sur son caractère, sur son genre de vie. Madame Palmer étant sa voisine de campagne, et aimant beaucoup à causer, pouvait lui donner des détails qui l’intéresseraient relativement à Maria. Elle lui demanda donc si M. Willoughby venait souvent à Cleveland, et s’ils le connaissaient particulièrement.
— Ô mon Dieu, oui ! je le connais extrêmement, dit madame Palmer ; il est vrai que je ne lui ai jamais parlé, mais je suis sûre que je le reconnaîtrais entre mille : il est si beau ! je l’ai rencontré quelquefois à Londres ; je me suis aussi trouvée une fois ici quand il était à Altenham. Ah ! non, je me rappelle que c’était maman qui l’avait vu et qui m’en a parlé. Nous l’aurions sûrement vu très-souvent à Cleveland ; mais il vient très-peu à Haute-Combe, je crois ; et puis M. Palmer ne lui a jamais fait de visite, parce qu’il est de l’opposition. Vous voyez que je le connais très bien, et je sais bien aussi pourquoi vous vous informez de lui ; c’est qu’il doit épouser votre sœur ; j’en suis transportée de joie, elle sera ma voisine, et nous nous verrons tous les jours.
— Je vous assure, dit Elinor, que vous en savez plus que moi là-dessus. Qui donc vous a parlé de ce projet de mariage ?
— Qui ? tout le monde ; je n’ai pas entendu autre chose en passant à Londres.
— À Londres ! c’est impossible, ma chère dame.
— Sur mon honneur, rien n’est plus vrai. Je rencontrai le colonel Brandon lundi matin, à Bendstreet, comme nous allions partir, et il me le dit positivement.
— Vous me surprenez beaucoup. Le colonel Brandon vous l’a dit ! sûrement vous vous êtes trompée. Lors même que ce serait vrai, je ne puis croire que le colonel Brandon l’ait dit à quelqu’un qui n’y prenait nul intérêt.
— Mais je vous assure qu’il me l’a dit : tenez, je vais vous conter tout ce qui s’est passé à cette occasion. Quand nous nous rencontrâmes, il nous aborda, et nous commençâmes à parler de notre voyage à Barton et de choses et d’autres ; enfin je lui dis : maman m’écrit, colonel, qu’il y a une nouvelle famille à la Chaumière, des demoiselles excessivement jolies, je dis ainsi en vérité, et que la plus jolie des trois doit épouser M. Willoughby de Haute-Combe. Est-ce vrai, je vous en prie, colonel ? vous devez le savoir puisque vous avez été dernièrement en Devonshire.
— Et qu’est-ce que vous répondit le colonel ?
— Oh ! rien, presque rien ; mais il devint rouge, et puis pâle. J’ai bien vu cela ; c’est comme s’il avait dit que c’était bien vrai et de ce moment j’en ai été certaine. Comme ce sera délicieux ! ce mariage aura-t-il lieu bientôt ?
Elinor dédaigna de répondre. M. Brandon se portait bien, j’espère, dit-elle après un instant de silence.
— Oh ! oui, très-bien, et il était si plein de vos mérites, que je ne sais ce qu’il ne m’a pas dit de vous.
Je suis bien flattée de son suffrage ; il me paraît un excellent homme, et il me plaît beaucoup.
— Et à moi aussi, je vous assure ; c’est un charmant homme que le colonel Brandon. C’est seulement grand dommage qu’il soit si sombre et si ennuyeux. Maman dit qu’il était aussi amoureux de votre sœur ; moi je ne puis le croire, il est si grave ; je ne l’ai jamais vu amoureux de personne.
— Est-ce que M. Willoughby est répandu dans la bonne société de Sommerset-Shire, dit encore Elinor ?
— Oh oui ! très répandu : je ne crois pas cependant que beaucoupde gens le connaissent ; Haute-Combe est si loin et il y est si peu ; mais on le trouve très-agréable, je vous assure ; personne n’est plus aimé que lui de toutes les femmes ; vous pouvez le dire à votre sœur. Elle est bien heureuse d’avoir fait sa connaissance ; il est si riche ! Au reste elle est très-belle aussi, et rien n’est trop beau pour elle. Cependant, je vous assure que je vous trouve, moi, presque aussi jolie qu’elle, et M. Palmer aussi ; car il disait hier au soir qu’il ne pouvait pas vous distinguer. Quant à moi je vous admire beaucoup toutes deux ; je suis charmée d’avoir fait votre connaissance, et j’espère vous revoir souvent. Il me vient une charmante pensée ; il faut à présent que vous épousiez le colonel Brandon : ne le voulez-vous pas ? cela peut fort bien aller à présent.
Elinor ne put s’empêcher de rire. Pourquoi à présent demanda-t-elle ?
— Pourquoi ? ah ! je sais bien pourquoi je dis cela, et je veux bien vous le dire ; c’est qu’à présent je suis mariée : voyez, c’est l’intime ami de mon beau-frère. Sir Georges et maman s’étaient mis dans la tête qu’il devait m’épouser ; ma sœur aussi le désirait beaucoup ; c’était une affaire arrangée. Mais le colonel n’en parla point ; sans quoi on nous aurait mariés immédiatement. Maman dit cependant que j’étais trop jeune ; et aussitôt après M. Palmer me fit la cour, et je l’aime beaucoup mieux ; il est si drôle M. Palmer, c’est justement le mari qu’il me fallait pour être heureuse.
Elinor cessa l’entretien sans avoir rien appris de ce qu’elle voulait savoir, et fatiguée de tout ce qu’elle avait entendu.
CHAPITRE XXI.
Les Palmer repartirent le jour suivant ; et la famille de Barton-Park et celle de Barton-Chaumière, restèrent seules chacune chez soi, à la grande satisfaction de la dernière. Mais ce ne fut pas pour long-temps. Ces dames avaient à peine eu celui d’oublier la joyeuse madame Palmer et son rude amour, et de réfléchir à la différence d’humeur de ce couple, (ce qui ne se trouve au reste que trop souvent dans le mariage) que sir Georges et madame Jennings leur procurèrent matière à d’autres observations.
Il leur était impossible de ne pas chercher une société nouvelle ; et pour se désennuyer dans leur solitude, ils firent un matin une excursion à Exeter ; ils rencontrèrent là par hasard deux parentes éloignées de madame Jennings ; mais ce fut assez pour que sir Georges les invitât tout de suite à venir passer quelque temps au Parc. Extrêmement flattées d’être appelées cousines par un baronnet et de faire la connaissance de leur illustre parente, lady Middleton, elles n’eurent rien de plus pressé que d’accepter l’invitation pour le lendemain, et de laisser les amis obscurs chez qui elles logeaient.
Lady Middleton fut au désespoir, au retour de son mari, d’apprendre qu’elle allait