La Traque Zéro. Джек Марс
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“Il va nous retrouver,” dit Maya. Sa voix était basse, pas du tout défiante, juste comme si elle énonçait un fait. “Il va venir nous chercher et il va vous tuer.”
Rais acquiesça comme s’il était d’accord avec elle. “Il va venir vous chercher, c’est vrai. Et il va tenter de me tuer. Il a essayé par deux fois en me laissant pour mort… une fois au Danemark et la deuxième fois en Suisse. Je parie que tu ne le savais pas ?”
Maya ne répondit pas. Elle s’était doutée que son père avait quelque chose à voir avec le complot terroriste qui avait été déjoué un mois plus tôt, en février, quand une faction radicale avait essayé de bombarder le Forum Économique Mondial à Davos.
“Mais j’endure,” poursuivit Rais. “Tu vois, j’ai été amené à croire que ma destinée était de tuer ton père, mais j’avais tort. C’est mon destin. Sais-tu quelle est la différence ?” Il rigola légèrement. “Bien sûr que non. Tu es une enfant. La destinée est composée des événements que chacun est supposé accomplir. C’est quelque chose que nous pouvons contrôler, quelque chose sur quoi nous pouvons influer. Le destin, quant à lui, nous dépasse. Il est déterminé par une autre puissance, une que nous ne pouvons pas comprendre totalement. Je crois que je ne serai pas autorisé à mourir tant que je n’aurai pas tué ton père de mes propres mains.”
“Vous êtes d’Amon,” dit Maya. Ce n’était pas une question.
“Je l’étais, autrefois. Mais Amon n’existe plus. J’endure seul.”
L’assassin venait de confirmer ce qu’elle craignait déjà : qu’il était un fanatique, quelqu’un qui avait été endoctriné par le groupe terroriste du culte d’Amon pour croire que ses actes étaient non seulement justifiés, mais nécessaires. Maya avait été dotée de la dangereuse combinaison entre intelligence et curiosité. Elle avait lu beaucoup de choses au sujet du terrorisme et du fanatisme à l’époque du bombardement de Davos et ses suspicions au sujet de l’absence de son père au moment des faits signifiait qu’il avait pris part à stopper et démanteler cette organisation.
Aussi, savait-elle très bien que cet homme ne se laisserait pas influencer par des suppliques, des prières ou des implorations. Elle savait qu’il ne changerait pas d’avis et elle avait bien conscience que faire souffrir des enfants ne lui poserait aucun problème. Tout ceci ne faisait que renforcer sa résolution de passer à l’acte dès qu’elle en aurait l’occasion.
“Il faut que j’aille aux toilettes.”
“Je m’en fiche,” répondit Rais.
Maya fronça les sourcils. Elle avait déjà échappé à un membre d’Amon sur un quai du New Jersey en feignant d’avoir besoin d’aller aux toilettes (elle n’avait pas cru une seule seconde à la version de son père comme quoi il s’agissait d’un membre d’un gang local) et était alors parvenue à mettre Sara en sécurité. C’était la seule idée qu’elle avait trouvée pour leur permettre de se retrouver seules quelques précieuses minutes, mais sa requête venait d’être rejetée.
Ils roulèrent en silence pendant plusieurs minutes en direction du sud, sur l’autoroute, pendant que Maya caressait les cheveux de Sara. Sa jeune sœur semblait s’être calmée, de sorte qu’elle ne pleurait plus. Mais elle n’avait peut-être tout simplement plus de larmes en stock.
Rais mit son clignotant et tourna à la sortie suivante. Maya regarda par la fenêtre et ressentit une petite once d’espoir : ils s’arrêtaient à une aire de repos. Elle était minuscule, à peine plus grande qu’une aire de pique-nique, entourée d’arbres avec un petit bâtiment carré en brique abritant des toilettes. Mais c’était déjà ça.
Il allait les laisser utiliser les toilettes.
Les arbres, pensa-t-elle. Si Sara peut entrer dans les bois, elle pourra peut-être le semer.
Rais gara le pick-up et laissa tourner le moteur un moment en balayant le bâtiment des yeux. Maya fit de même. Il y avait deux camions, deux longues semi-remorques garées parallèlement au bâtiment en brique, mais personne d’autre. En dehors des toilettes, sous un auvent, se trouvaient deux distributeurs automatiques de boissons et de nourriture. Elle constata avec déception qu’il n’y avait pas de caméras, du moins pas visibles, aux alentours.
“Les toilettes dames sont à droite,” dit Rais. “Je vais vous y accompagner. Si vous essayez de crier ou d’appeler des gens à l’aide, je les tuerai. Si vous faites des gestes ou des signes aux gens pour indiquer que quelque chose cloche, je les tuerai. Vous aurez leur sang sur les mains.”
Sara tremblait de nouveau dans ses bras. Maya la serra fort entre ses épaules.
“Vous allez vous tenir la main. Si vous vous séparez, je ferai du mal à Sara.” Il pivota légèrement sur son siège pour les regarder, en particulier Maya. Il avait déjà compris que, des deux, ce serait celle qui lui causerait le plus de soucis. “C’est compris ?”
Maya acquiesça, détournant les yeux de son sauvage regard vert. Il y avait des cernes noirs en-dessous, comme s’il n’avait pas dormi depuis un certain temps et ses cheveux noirs étaient ras sur sa tête. Il n’avait pas l’air bien vieux, certainement plus jeune que leur père, mais elle ne parvenait pas à estimer son âge.
Il brandit un pistolet noir : le Glock ayant appartenu à leur père. Maya avait essayé de l’utiliser contre lui quand il s’était introduit dans leur maison, mais il le lui avait pris. “Je vais garder ça en main et ma main sera dans ma poche. Encore une fois, je te rappelle que le moindre problème pour moi se retournera contre elle.” Il fit un geste de la tête pour désigner Sara. Elle soupira légèrement.
Rais sortit du pick-up en premier, gardant la main sur le pistolet dans la poche de son blouson noir. Puis, il ouvrit la porte arrière de la cabine. Maya sortit d’abord, jambes tremblantes, alors que ses pieds touchaient le sol. Elle tendit ensuite la main vers Sara pour l’aider à sortir.
“Allons-y.” Les filles marchèrent devant lui en direction des toilettes. Sara frissonna : fin-mars, en Virginie, le temps commençait tout juste à se réchauffer, avec des températures de dix à quinze degrés, et elles étaient encore toutes deux en pyjama. Maya ne portait que des tongs aux pieds, un pantalon de flanelle rayé et un débardeur noir. Sa sœur avait enfilé ses sneakers sans chaussettes, avec un bas de pyjama en popeline décoré d’ananas, ainsi que l’un des vieux tee-shirts de son père, une guenille délavée avec le logo d’un groupe dont aucune d’elles deux n’avait jamais entendu parler.
Maya tourna la poignée et entra la première dans les toilettes. Elle se pinça instinctivement le nez de dégout : l’endroit sentait l’urine et le moisi, tandis que le sol était mouillé à cause d’un tuyau qui fuyait. Mais elle traîna quand même Sara à sa suite dans la pièce.
Il n’y avait qu’une seule fenêtre, une plaque en verre dépoli placée haut sur le mur et qu’il semblait possible de faire basculer vers l’extérieur en poussant un bon coup dessus. Si elle pouvait soulever sa sœur pour qu’elle puisse sortir, elle tenterait de ralentir Rais pendant que Sara s’enfuirait…
“Avancez.” Maya fut désespérée quand l’assassin entra dans les toilettes derrière elles. Ses espoirs s’envolèrent. Il n’allait pas les laisser seules,