La Traque Zéro. Джек Марс
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Mais où les a-t-il emmenées ? Aucun des indices de cette scène de crime qu’était sa maison ne menait à la moindre destination.
Dans la chambre de Sara, la fenêtre était encore ouverte et l’échelle de secours en cas d’incendie était toujours déroulée depuis son seuil. Il semblait que ses filles avaient essayé, ou avaient du moins eu l’idée, de descendre ainsi. Mais elles n’avaient pas réussi.
Reid ferma les yeux et souffla entre ses mains, repoussant les nouvelles larmes qui menaçaient de couler, ainsi que de nouvelles visions d’horreur. Puis, il récupéra le chargeur du téléphone mobile de sa fille, encore branché à la prise murale près de sa table de chevet.
Il avait trouvé son téléphone au sous-sol, mais il ne l’avait pas signalé à la police. Il ne leur avait pas non plus montré la photo qui avait été envoyée dessus… envoyée dans le but qu’il la voie. Il ne pouvait se résoudre à leur donner le téléphone, même s’il s’agissait clairement d’une preuve.
Il lui serait peut-être utile.
Dans sa propre chambre, Reid mit à recharger le téléphone de Sara à une prise derrière son lit. Il configura l’appareil sur silencieux, puis s’occupa de paramétrer un transfert des appels et des messages vers son propre numéro. Pour finir, il cacha le téléphone de sa fille entre le matelas et le sommier à lattes. Il ne voulait pas que les flics le trouvent et il fallait qu’il reste allumé, au cas où de nouveaux messages arriveraient. Des messages qui deviendraient des pistes.
Il fourra à la hâte des vêtements de rechange dans un sac. Il ne savait pas combien de temps il allait s’absenter, ni s’il allait partir loin ou pas. Jusqu’au bout du monde, s’il le faut.
Il remplaça ses sneakers par des boots. Il laissa son portefeuille dans le tiroir supérieur de sa commode. Dans son placard, cachée jusqu’aux orteils dans une paire de chaussures chic, se trouvait une liasse de billets : environ cinq cents dollars en cas d’urgence. Il prit tout.
Au-dessus de sa commode, se trouvait une photo encadrée des filles. Son cœur se serra en la voyant.
Maya avait le bras passé par-dessus l’épaule de Sara. Les deux filles esquissaient un grand sourire, assises en face de lui dans un restaurant de fruits de mer, pendant qu’il prenait cette photo. C’était lors d’un voyage en Floride qu’ils avaient fait en famille l’été précédent. Il s’en souvenait bien : il avait pris la photo juste avant que leurs boissons ne soient servies. Maya avait bu un Virgin Daïquiri, assise en face de lui. Sara avait pris un milkshake à la vanille.
Elles étaient heureuses, souriantes, contentes et en sécurité. Avant qu’il ne cause toutes ces horreurs, elles étaient en sécurité. À l’époque où cette photo avait été prise, la simple idée d’être poursuivies par des radicaux ayant l’intention de leur faire du mal ou d’être kidnappées par des meurtriers n’aurait été que pure fiction.
Tout est ma faute.
Il retourna le cadre et l’ouvrit par l’arrière, tout en se faisant une promesse. Un fois qu’il les aurait retrouvées (et je vais les retrouver), il arrêterait tout. Fini la CIA, fini les opérations sous couverture. Fini de sauver le monde.
Que le monde aille au diable. Je veux juste que ma famille soit en sécurité et qu’elle le reste.
Ils partiraient loin, très loin, changeraient de nom s’il le fallait. Tout ce qui compterait pour le restant de ses jours serait leur sécurité et leur bonheur. Leur survie.
Il retira la photo du cadre, la plia en deux et la fourra dans la poche intérieure de sa veste.
Il lui fallait une arme. Il en trouverait certainement une dans la maison de Thompson, juste à côté, s’il pouvait échapper à la vue de la police et du personnel d’urgence…
Quelqu’un se râcla bruyamment la gorge dans le couloir, signe d’avertissement évident à son attention, afin qu’il puisse reprendre ses esprits.
“M. Lawson.” L’homme fit un pas dans la chambre. Il était petit, légèrement bedonnant, mais il avait des traits durs au niveau du visage. Il rappelait un peu Thompson à Reid, mais c’était peut-être juste dû à la culpabilité. “Je suis le Détective Noles de la Police d’Alexandria. Je suis bien conscient que vous vivez un moment très dur. Je sais que vous avez déjà fait vos déclarations aux premiers officiers, mais il y a quelques questions de routine pour lesquelles j’aimerais enregistrer vos réponses, si vous voulez bien m’accompagner au poste.”
“Non.” Reid prit son sac. “Je pars retrouver mes filles.” Il quitta la pièce en passant devant le détective.
Noles se hâta de le suivre. “M. Lawson, nous incitons fortement les citoyens à ne pas agir dans une telle situation. Laissez-nous faire notre boulot. La meilleure chose à faire dans votre cas est de rester en sécurité quelque part, chez des amis ou de la famille, mais dans le coin…”
Reid s’arrêta au bas des marches. “Suis-je un suspect dans le kidnapping de mes propres filles, Monsieur le Détective ?” demanda-t-il d’une voix basse et hostile.
Noles le fixa des yeux et souffla rapidement par les narines. Reid savait bien que sa formation lui imposait, dans un tel cas, de se comporter avec délicatesse pour ne pas traumatiser encore plus les familles des victimes.
Mais Reid n’était pas traumatisé. Il était en colère.
“Comme je vous l’ai dit, il s’agit juste de quelques questions du routine,” dit Noles avec prudence. “J’aimerais beaucoup que vous veniez au poste avec moi.”
“Je me fiche de vos questions.” Reid le fixa des yeux à son tour. “À présent, je vais prendre ma voiture et partir. Le seul moyen de m’emmener où que ce soit est de me menotter.” Il avait vraiment envie que ce détective bedonnant disparaisse de sa vue. L’espace d’un instant, il songea même à mentionner son appartenance à la CIA, mais il n’avait rien sur lui pour le confirmer.
Noles n’ajouta rien tandis que Reid tournait les talons, passait la porte d’entrée et descendait l’allée.
Pourtant, le détective le suivit dehors et s’engagea dans l’allée à son tour. “M. Lawson, je ne vous le demanderai qu’une seule fois. Réfléchissez une seconde : de quoi ça a l’air ? Vous faites votre sac et vous fuyez alors que nous nous activons à chercher des preuves dans votre maison.”
Une vague de pure colère parcourut Reid de la base de son dos jusqu’au sommet de la tête. Il faillit laisser tomber son sac, tellement il avait envie de faire demi-tour et de balancer un coup de poing dans la mâchoire du Détective Noles pour avoir suggéré, ne serait-ce qu’indirectement, qu’il avait quelque chose à voir là-dedans.
Noles