Les Plus Téméraires. Морган Райс
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу Les Plus Téméraires - Морган Райс страница 5
— Je mérite de mourir, confessa Dust. Je le mérite.
Il se mit à tituber, réfléchissant à la meilleure façon de le faire, essayant de trouver ce qu’il devrait faire. Il errait dans un champ de pierre vitrifiées pas des siècles d’activité volcanique, sans se soucier des blessures qu’elles lui infligeaient. Du coin de l’œil, il vit quelque chose courir vers lui.
Dust se retourna sans y penser, évitant un coup de lance dirigé droit vers son cœur. Une sorte d’homme-lézard lui sifflait dessus, brandissant sa lance pour un nouveau coup. Dust s’approcha de la créature, lui écrasa simplement la gorge de ses doigts raidis. Elle recula en vacillant, en haletant, et Dust fondit sur elle, poignardant son cœur avec un couteau, à présent si près d’elle qu’il pouvait sentir la chaleur de son sang sur lui. C’était la seule chose qu’il pouvait ressentir à ce moment-là.
Alors que la bête tombait, Dust se maudissait de s’être défendu. Il aurait pu rester immobile à ce moment-là ; il aurait pu laisser la créature le tuer comme il le méritait pour tout ce qu’il avait fait.
— Tu peux encore le faire, se rassura Dust.
Il regarda le couteau dans ses mains, l’éclat du soleil sur son bord presque envoûtant malgré le sang noir qui l’enduisait maintenant. Il serait si facile de passer la lame à travers sa propre gorge, ou à travers les endroits d’où il était si facile de faire jaillir le sang. L’aspirant Angarthim avec lequel il s’était entraîné l’avait déjà fait auparavant, lorsque les efforts des prêtres les avaient rendus fous.
Si ce n’était pas par le fer de ses lames, une centaine d’autres façons de mourir s’offrait à lui. Il pouvait s’en remettre à la violence des homme-lézards, ou se jeter d’une falaise. Il pouvait se tenir sur le chemin d’un rocher qui tombait, ou marcher droit dans un lac de lave. Il pouvait même simplement rester là où il était. Sur une île comme celle-ci, il était plus difficile de continuer à vivre que de mourir, et pourtant Dust réussissait à survivre.
Il marchait encore, et durant son errance, il essayait de donner un sens à tout ce qu’il avait vu, mais il n’y avait aucun sens à cela. Il avait jadis pensé pouvoir choisir une voie pure et véritable du destin, mais à la place, il se retrouva écrasé par ce choix, s’étalant dans un réseau incommensurable de possibilités, tant et si bien que rien ni personne ne pouvait assurer que telle ou telle chose arriverait bel et bien.
Il revoyait tout ce qu’il avait vu auparavant, la lumière émanant de Royce, l’obscurité et le sang qui le suivraient, mais Dust avait également entraperçu toutes les voies où ce funeste destin ne s’accomplirait pas et où la lumière perdurerait ensuite. Il avait appris de sa propre liberté, au prix de l’oubli de celle de tous les autres êtres peuplant le monde.
L’espoir l’avait abandonné.
— Espoir ? demanda Dust à haute voix. Quel espoir y a-t-il ici, sur une île retournant à la mer ? Quel espoir y a-t-il de défaire ce que j’ai fait ?
Il connaissait déjà la réponse. Il avait vu un moment plus puissant que ceux qu’il avait vus dans la fumée des prêtres, plus certain, plus crucial. Il avait vu une bataille, et une silhouette en armure brillante, brandissant une épée de cristal avec une habileté presque impossible. Il avait vu cette silhouette se détacher du reste, et il avait réalisé que ce moment était celui qui comptait réellement.
Dust regarda autour de lui et se rendit compte qu’il avait atteint la côte. Il y avait là un bateau qui n’était pas le sien, mais il était léger, et il avait des rames, il lui fut facile de le mettre à l’eau pendant que derrière lui toute l’île s’effondrait.
Il sauta dans le bateau, regardant le ciel, essayant de décider quoi faire ensuite ; mais en réalité, Dust savait déjà ce qu’il avait à faire. Il s’assit, regarda l’île qu’il avait dépassée pour venir sur celle-ci, et réfléchit à ce qu’il faudrait pour sauver le monde.
Il commença à ramer.
Alors qu’il tirait sur ses rames, il considérait le plus grand danger de sa prochaine étape : un ennemi qui semblait si bien protégé qu’il lui serait impossible de le vaincre, ne serait-ce qu’essayer lui serait probablement fatal.
Mais Dust n’en avait cure, il avait soif de destruction. Et si c’était la sienne qui advenait, il l’accueillerait bien volontiers.
— Non, se reprit-il, pas avant d’avoir fait ce que j’ai à faire.
Quant à réussir ce qu’il se préparait à faire, il trouverait bien un moyen. Il était Angarthim, avec toute la formation qui l’accompagnait. Il en était peut-être le seul capable. Il pouvait se glisser en silence sur l’île, et…
— Cela ne marchera pas, dit Dust.
Un coup d’œil sur les nuages au-dessus de l’île qu’il visait lui avait confirmé cela. Ils étaient remplis de signes de mort et de promesse de trépas. Il pourrait tenter une approche furtive, mais il échouerait, et il mourrait. Il devait trouver un autre moyen.
Dust laissa à présent le bateau dériver, sachant que les courants l’emmèneraient sur l’île où il voulait se rendre. Prenant l’une de ses rames et son couteau le plus solide, il se mit à la sculpter. Il pourra utiliser l’autre s’il survivait à ce qui l’attendait.
Il travaillait le bois de ses mains habiles, retirant copeau par copeau de la matière à sa rame pour lui donner une nouvelle forme, une nouvelle destination. Alors que le courant le portait tranquillement vers l’île, Dust affinait son œuvre à la manière d’un ébéniste, transformant sa rame en quelque chose de presque aussi pointu que les lames qu’il transportait, un javelot léger, équilibré et mortel.
Prenant un sac de sa ceinture, Dust mélangea son contenu avec de l’eau de mer, puis plongea la pointe de sa nouvelle lance dans la mixture, le bois sifflant au contact de la potion qu’il avait produite. Il se débarrassa du sac dans l’eau, trop dangereux à toucher maintenant que la poudre avait été mouillée.
Il s’approcha du rivage, et déjà, Dust pouvait sentir l’attraction de l’île, dans l’odeur enivrante et douce qui semblait remplir chaque pore de sa peau, lui donnant envie de s’approcher.
Elle sortit bientôt de la forêt, la plus belle femme que Dust ait jamais vue, bien qu’une partie de son esprit voyait au même moment le vrai visage au-delà de l’ensorcellement. Il voyait une femme qui était tout ce qu’il avait toujours voulu, et pouvait en même temps voir ses griffes monstrueuses.
Il lança son javelot. Il fendit les airs, et elle se tordit, aussi vite qu’un serpent, si bien que son lancer ne l’effleura qu’à peine. La pointe lui déchirant néanmoins la peau, Dust ne pouvait qu’espérer que le poison commence son travail.
Mais la créature n’était pas tombée. Au lieu de cela, l’odeur autour de Dust s’intensifia, et il ressentit le besoin d’avancer plus vite, de plonger dans l’eau et traîner son bateau sur la plage.
Elle était là à attendre, et désormais si proche, il réalisa que c’était lui qu’elle attendait. Sa présence était insupportable, car sa beauté était douloureuse à contempler. Il aurait néanmoins tout fait pour elle à ce moment-là. N’importe quoi.