Les Plus Téméraires. Морган Райс
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— Cela ne me dit toujours pas pourquoi vous êtes là, dit le roi Carris. Ou pourquoi je ne devrais pas vous faire tuer.
— Nous sommes ici parce que votre cause est la nôtre, roi Carris, dit Justinius. Le garçon nommé Royce ne doit jamais devenir roi.
— Vous avez traversé la mer pour me dire cela ? demanda le roi, et Geneviève pensa un instant qu’il pourrait réagir avec toute la colère qu’elle avait vue auparavant, lorsqu’il avait lui-même tué des prisonniers.
— Nous avons regardé vers l’avenir, et nous avons vu la destruction de notre ordre dans l’ascension de Royce comme roi, dit Justinius.
S’il avait peur du roi Carris, il ne laissait pas paraître.
— Nous avons envoyé un de nos Angarthim pour le tuer, reprit l’ancien, mais il nous a abandonné.
— Alors vous êtes des bons à rien ? demanda le roi Carris.
L’air ondula, et à ce moment, Geneviève eut l’impression que quelque chose se tenait à côté d’elle ; quelque chose avec des griffes, des dents et affamé. Elle eut besoin de tout son courage pour ne pas crier. Beaucoup dans l’audience n’eurent pas la même maîtrise. Plusieurs avaient tiré leurs épées, et un homme s’était écroulé, serrant sa poitrine.
Aussi soudainement qu’elle était arrivée, la vision des créatures s’estompa, laissant les prêtres de l’Angarthim immobiles, leurs regards emplis de désir de mort.
— Nous ne sommes pas impuissants, reprit Justinius. Le moment venu, nous vous apporterons ce pouvoir.
Il se déplaça pour se tenir aux côtés du roi sans attendre que l’on l’y autorise, tandis que les autres formaient une ligne au premier rang des nobles. Personne n’essaya de protester.
Geneviève pensa que cela avait conclu l’audience du roi, mais elle vit celui-ci s’efforcer de se ressaisir.
— Quoi d’autre ? demanda-t-il. Quelles sont les autres nouvelles ? Quelles nouvelles de mes ennemis ?
Un messager s’avança, visiblement tremblant.
— Nous avons des nouvelles de Royce, mon roi, annonça-t-il. Il va de village en village, ralliant les gens du peuple à sa cause. Ils le considèrent comme l’ancien roi revenu.
— Alors ce sont des imbéciles, jugea Carris. Et qu’est-ce que Royce essaie de rallier dans les villages ? Une armée de fermiers ?
Les nobles rirent, mais pas tous. Certains d’entre eux comprenaient évidemment que le nombre allait compter, et Geneviève, au moins, savait à quel point les gens allaient se battre pour protéger leur maison.
— Pourtant, le savoir reste utile, ajouta le roi Carris. Cela m’indiquera quels villages sont remplis de traîtres, lesquels doivent être détruits et lesquels peuvent être récompensés pour leur loyauté.
Il regarda autour de lui.
— Nul doute qu’il s’agit d’un combat, non seulement contre un usurpateur, mais pour notre mode de vie tout entier. Il y a des années, nous nous sommes battus pour renverser Philip, et ce qu’il avait construit. Nous nous sommes battus contre un monde où un homme pouvait prétendre à la royauté à cause d’un diktat de la magie, plutôt que grâce à la convenance apprise dès la naissance par un vrai noble. Est-ce que l’un d’entre vous y revenir ? Le voulez-vous ?
Alors que les nobles rugissaient, Geneviève commença à voir comment le roi Carris avait réussi à accéder au trône. Il avait le charisme pour émouvoir les gens, et la dureté pour tuer ceux qui s’opposaient à lui. C’était une combinaison dangereuse.
— Maintenant, allez, dit le roi Carris. Et…
— Mon roi, l’interrompit Altfor. Il y a encore une chose.
— De quoi s’agit-il, duc Altfor ? demanda le roi. Geneviève remarqua son mari s’enorgueillir à la mention de son titre. Elle se demandait s’il avait remarqué l’impatience du roi.
— Un cadeau est arrivé pour vous, mon roi, dit Altfor. De la part du Seigneur Aversham. Je l’ai rencontré à la porte.
— Quel cadeau ?
Altfor fit un geste vers la porte. Alors qu’elle s’ouvrait, le cœur de Geneviève se serra. Ce n’était pas une troupe de prêtres, ce n’était pas la peur mortelle qui était venue avec l’Angarthim. C’était bien pire que cela.
Moira s’avança, avec un noble et une escorte de chevaliers. Ils poussaient une silhouette devant eux, ligotée et meurtrie, et Geneviève reconnut Garet instantanément. Il trébucha, et l’un des chevaliers lui donna un coup de pied, l’envoyant s’affaler sur le sol. L’homme à la tête de la procession s’acquitta d’une révérence au roi.
— Votre Majesté.
— Seigneur Aversham, que m’apportez-vous là ?
— Je suis venu vous offrir ce que Dame Moira m’a elle-même apporté, dit Lord Aversham.
Les doigts de Geneviève se mirent à trembler lorsqu’il invita Moira à avancer. Une partie d’elle voulait se précipiter et étrangler son amie d’autrefois pour tout ce qu’elle avait fait. C’était… c’était pire que ce qu’elle lui avait fait vivre jusque-là.
— C’est le frère de Royce, se réjouit Altfor. Ou au moins un des garçons avec qui il a été élevé. Il cherchait à subvertir les seigneurs à la cause de Royce. Seule la ruse de Moira l’a amené à Lord Aversham, qui vous est loyal.
— Comme vous, vous l’êtes, Altfor, dit le roi Carris. Je vous en remercie. Et vous aussi, Dame Moira. Maintenant, gardes… emmenez ce garçon et mettez-lui les chaînes. Je veux apprendre tout ce qu’il sait.
— Je ne vous dirai rien, protesta Garet.
— Oh si, tu le feras, promit le roi Carris. Une fois que les tisons sont appliqués sur la chair, les langues se délient assez rapidement.
Les gardes intervinrent pour attraper Garet. Ils l’emmenèrent, malgré sa résistance, et Geneviève fut submergée de tristesse à devoir le regarder ainsi. Cela lui fut plus douloureux encore de voir la façon dont Altfor s’était déplacé vers Moira, mettant un bras autour d’elle comme si Geneviève n’était pas là. Altfor fixa Geneviève, et sourit cruellement, sachant clairement quel effet son comportement avait sur elle.
Geneviève lutta pour ne montrer aucune réaction, malgré la façon dont son sang bouillait. Elle quitta la salle, mais à la même allure que les autres nobles prenant également congé, en s’assurant de ne pas courir, de ne pas bousculer tous ceux qui la précédaient pour gagner l’extérieur du château.
Quand elle y arriva, cependant, elle prit de grandes inspirations, essayant de ne pas crier en réaction à tout ce qui venait de se passer. Les horreurs que les prêtres avaient infligées avaient été horribles, mais voir Garet ainsi malmené, avait été bien pire.
Geneviève comprenait sa présence ici, pourquoi elle avait choisi de rester avec la cour du roi alors qu’elle