Les Plus Téméraires. Морган Райс
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Читать онлайн книгу Les Plus Téméraires - Морган Райс страница 10
— J’ai essayé d’ajouter ma propre vie à la leur, dit le roi Philippe. Sur une île comme celle-ci, il est facile de trouver le temps de le faire. Je leur ai parlé, mais ils n’ont pas répondu. Je ne voulais pas oublier comment parler.
— Mais pourquoi venir ici ? demanda Royce.
— J’ai regardé dans le miroir, répondit son père en haussant les épaules.
C’était une réponse sans l’être. Pour n’importe qui d’autre, cela n’aurait pas eu de sens, mais Royce avait aussi regardé. Il pouvait comprendre qu’il fallait faire certaines choses sans les expliquer.
— Il y a des choses qu’on ne peut pas dire, devina Royce.
Son père hocha la tête. S’éloignant de lui, il se dirigea vers Gwylim, se penchant vers lui, non pas comme un homme le ferait avec un chien, mais comme il l’aurait fait avec un homme assis sur le sol. Il tendit le bras et Ember vint se poser dessus.
— Ce sont d’étranges compagnons que tu as trouvés, mon fils, dit-il. L’outil d’une sorcière et une chose qui n’a pas toujours été un loup.
— Ils ne sont pas les seuls, dit Royce. Mes amis sont toujours dans le bateau.
— Et s’ils étaient venus sur l’île, je ne me serais pas montré, dit son père. Je me serais glissé derrière toi et volé ton bateau pour m’échapper.
Royce hocha la tête, parce qu’il connaissait ce passage. Il l’avait vu dans le miroir.
— Pourquoi es-tu parti ? demanda-t-il. Pourquoi es-tu venu ici ?
— Je devais partir, sinon ils m’auraient tué, répondit son père. Et ils t’auraient tué également. Je suis venu ici parce que cet endroit était le nôtre, celui de notre famille.
— Et tu m’as laissé une piste parce que tu savais que je partirais à ta recherche, dit Royce.
— Je ne suis pas sûr, expliqua son père. C’est dur de s’en tenir aux choses dans le miroir. Je me souviens l’avoir fait, mais toutes les raisons, et tout ce à quoi elles pourraient mener… tu as regardé dans le miroir, même si je t’avais dit de ne pas le faire.
— Je l’ai fait, dit Royce. Tu avais dû voir que je le ferais.
Son père sourit, comme si Royce n’avait pas tout saisi.
— Cela ne marche pas ainsi.
— J’ai vu des choses, dit Royce. J’ai vu la façon dont cela doit se passer. Il faut que tu reviennes. Le roi doit revenir pour que toute cette folie prenne fin.
Le sourire de son père se transforma alors en un rire qui résonna dans l’espace ouvert de la clairière, dispersant les quelques cerfs qui avaient commencé à y revenir.
— Cela ne marche pas non plus ainsi, dit son père.
— Alors comment ça marche ? s’agaça Royce.
— Le miroir ne te donne pas la sagesse, il te montre les possibilités, dit son père. Il y en a tellement qu’il est impossible de toutes les retenir. Ton esprit en choisit quelques-unes, mais ce que tu obtiens, c’est ce que tu y apportes. Barihash, cette chose là-bas, devait avoir des soupçons avant qu’il ne regarde, alors il n’a eu d’yeux que pour les possibilités alimentant sa suspicion.
Cela prenait tout son sens pour Royce. Il avait vu ces possibilités, il avait été capable de commencer à les saisir. Il avait choisi la seule voie qui pourrait fonctionner, et aujourd’hui encore, il s’en était rendu compte, alors que les autres choix auraient été impossibles.
— Il y avait un… homme, dit Royce. Je lui ai montré le miroir juste avant qu’il ne me tue et il… s’est arrêté. Il m’a supplié de le tuer.
— L’homme gris, dit son père. L’Angarthim.
Il n’en dit pas plus pendant un instant, luttant manifestement pour trouver les mots.
— Quelle est la chose la plus horrible que tu puisses montrer à un homme qui toute sa vie a été trompé ? Tu peux lui montrer la vérité. Et quelles possibilités son esprit lui aura-t-il montrées, lui à qui on a caché tant de choses auparavant ?
Royce n’arrivait pas à l’imaginer. Plus que cela, il ne voulait pas l’imaginer, parce qu’il y avait déjà trop de possibilités dans sa tête sans avoir à s’encombrer de plus. Il avait vu ce qui pouvait arriver s’il s’y prenait mal ici, toutes les façons dont le monde pouvait sombrer dans l’obscurité et le sang, dans la mort et l’horreur. Il devait s’accrocher à la voie qu’il avait choisie parmi toutes les possibilités, le seul moyen pour que cela se passe bien.
— Pourquoi ne suis-je pas devenu fou ? demanda Royce.
— Parce que tu es assez fort pour voir les choses telles qu’elles sont, dit son père. Ou parce que tu as été assez fort pour te retirer avant qu’il ne soit trop tard. J’ai moi-même eu un aperçu. J’aurais pu me battre contre Barihash pour en apprendre plus, mais je savais que je ne pourrais jamais tout contenir.
— J’ai tué Barihash, dit Royce. Il ressentit un soupçon de culpabilité en l’admettant à son père.
Mais son père hocha la tête.
— Bien. Parfois, le mal doit être combattu. Il n’était plus que douleur, haine et suspicion, il ne pouvait rien apporter d’autre que de la souffrance au monde. Il en va de même pour le roi Carris et la guerre à venir. Il y aura de la violence, mais elle est parfois nécessaire.
Royce le comprenait, il le savait. Il s’était battu contre le vieux duc pour exactement les mêmes raisons, contre Altfor et son oncle et contre tous ceux qui les avaient attaqués. Il espérait pouvoir tout améliorer si seulement il pouvait les vaincre.
Désormais, les possibilités que son cerveau ne pouvait à peine contenir suggéraient qu’il devait y avoir davantage. La lucidité que le miroir lui avait apportée, la capacité de regarder le monde et de le comprendre, lui avait montré qu’il faudrait plus que la violence. L’invoquer elle seule n’entraînerait que des années de mort.
Bien sûr, l’équilibre nécessitait qu’ils ne se battent pas du tout ; les choses continueraient comme elles étaient, avec toute la cruauté qui en résulterait. Le chemin entre ces deux choses était si étroit qu’il ressemblait à une corde tendue au-dessus d’un précipice, un danger bien réel en dessous.
— J’ai déjà traversé des précipices, dit Royce pour lui-même.
— Que dis-tu ? demanda son père.
— J’essaie juste de savoir quoi faire ensuite, répondit-il. Même avec tout ce que le miroir m’a montré, j’ai encore beaucoup à faire.
— Le miroir ne te dit pas ce que tu dois faire, répéta son père. C’est l’erreur la plus dangereuse qui soit. Tu as encore le choix. Tu as toujours le choix. Comme tout le monde.
C’était