Le Trône des Dragons. Морган Райс
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Читать онлайн книгу Le Trône des Dragons - Морган Райс страница 4
“Il suffit,” répondit Godwin. “Tu as agi bêtement, Rodry. Tu dois apprendre à te contenir si tu veux être roi.”
“Je—” reprit Rodry, prêt à argumenter.
“Tais-toi,” asséna Godwin. “Tu discutes car tel est ton caractère. Je suis le roi, l'affaire est close.”
Godwin crut l'espace d'un instant que son fils se rebifferait, qu'il devrait le punir d'un juste châtiment en tant qu'héritier du trône. Rodry tint fort heureusement sa langue.
“Si tu persistes dans tes erreurs, je me verrais contraint de te retirer ton grade de chevalier,” annonça Godwin. Il ne pouvait imaginer pire pour Rodry, le message ferait certainement mouche. “Hors de ma vue, avant que je perde mon calme, tout comme toi.”
Rodry s'empourpra, il pensait que son fils resterait pour argumenter mais il préféra s'abstenir. Il pivota sur ses talons et quitta le hall. Ça lui servirait peut-être de leçon. Il se rassit sur son solide trône en bois sombre, attendit de voir qui oserait l'approcher, sa colère contre son fils couvant toujours.
Finnal, son futur gendre, prit la parole, il s'avança d'un pas léger et effectua une gracieuse révérence.
“Votre Majesté. Pardonnez-moi mais au vu des évènements ayant émaillé les préparatifs du mariage, ma famille aurait quelques … requêtes à formuler.”
Sa famille, c'est à dire le Duc Viris, se tenait dans le fond, tout sourire, aussi calme qu'un héron guettant sa proie sur la rive. Cet homme n'était jamais directement responsable de quoi que ce soit, mais il était toujours présent, hors d'atteinte, le parfait innocent.
“Quel genre de requêtes ?” demanda Godwin.
Finnal avança et lui tendit un rouleau de parchemin. L'approche était subtile, il n'aurait ainsi pas à lire les demandes inscrites sur le parchemin.
Car il s'agissait bien là de demandes ; voilées certes, mais des demandes tout de même. Alors qu'avant, les terres offertes en dot se bornaient à quelques villages ici et là, la donne avait désormais changé, tous étaient concernés. Ce qui impliquait plus d'argent bien évidemment, mais les bénéfices réels étaient tout autres, englobaient un bateau de pêche par-ci, une taxe sur la farine par là. Trois fois rien, Godwin passerait probablement pour un miséreux s'il en prenait ombrage, mais mis bout à bout, le pécule ainsi constitué devenait non négligeable.
“Ce n'est pas ce que nos familles avaient convenu,” précisa-t-il.
Finnal effectua une élégante révérence dont il avait le secret. “Mon père est persuadé qu'un accord est sans nul doute … négociable. De plus, des circonstances particulières ont vu le jour, mon roi.”
“Quelles circonstances ?” demanda Godwin.
“Une famille ayant un membre atteint de la maladie de l'homme de pierre complique quelque peu le mariage,” poursuivit Finnal. Il semblait vouloir s'excuser mais Godwin n'était pas dupe. Etait-ce la raison de la présence de son père, un autre noble avait divulgué la maladie de Nerra au grand jour ? Dans le seul but de négocier ?
Godwin se leva de son trône, fou de rage. Il n'était pas certain de savoir quoi dire ni quoi faire, il n'en eut pas le temps, les portes du salon s'ouvrirent en grand sur une domestique tenue par un garde.
Godwin ne prêtait en général pas attention aux servantes mais était presque convaincu que cette dernière faisait partie de l'escorte de Lenore, partie depuis quelques jours.
Godwin s'arrêta net, sa colère céda la place à une froideur glaciale.
“Votre Majesté,” commença le garde. “Votre Majesté, nous avons été attaqués !”
Godwin mit une seconde à recouvrer la parole, tant sa peur était grande.
“Attaqués ? Que s'est-il passé ?” demanda-t-il. Il regarda la jeune femme, qui ne tenait plus sur ses jambes.
“Nous … nous étions …” elle secouait la tête, comme si elle avait du mal à s'exprimer. “Dans une auberge … il y avait du monde. Des hommes du Roi Ravin …”
La crainte de Godwin se mua en horreur.
“Où est Lenore ? Où est-elle ?”
“Ils l'ont enlevée,” répondit la servante. “Ils ont tué les gardes, nous ont enlevées et …” Godwin comprit, alors qu'elle s'interrompait. “Ils en ont relâché certaines, ils voulaient qu'on vienne tout vous raconter.”
“Et Lenore ? Et ma fille ?”
“Ils la détiennent,” dit la jeune femme. “Ils veulent l'emmener vers le sud, franchir les ponts, la livrer au Roi Ravin.”
Plus rien n'avait d'importance ; la réaction disproportionnée de son fils, les exigences de son futur gendre. Tout ce qui comptait était qu'une autre de ses filles était en danger, cette fois-ci il ne la laisserait pas tomber, pas comme pour Nerra.
“Qu'on fasse venir mes chevaliers !” aboya-t-il. “Portez un message aux Chevaliers d'Argent. Appelez mes gardes. Je veux voir tous mes hommes ici ! Que faites-vous planté là ? Exécution !”
Gardes et domestiques s'activèrent, certains couraient pour envoyer des messages, d'autres se dépêchaient de prendre les armes. Godwin sortit en trombe du grand salon, traversa le château sans prêter attention à ses suivants. Il courut dans l'escalier en colimaçon, ses pieds volaient littéralement sur les pierres émoussées. Il dépassa des corridors aux murs agrémentés de tapisseries, des couloirs aux dalles usées à force de passage. Il se dirigea vers l'armurerie, une immense porte en cuivre massif séparait le château de l'antre des armes forgées par les meilleurs artisans de la Maison des Armes. Les gardes s'écartèrent pour le laisser passer.
Son armure reposait sur ses deux pieds, sa cuirasse usée par les ans, ses jambières arboraient un entrelacs d'arabesques. En temps normal, Godwin aurait attendu l'aide d'un page mais il l'enfila seul, ajusta les attaches, serra les lacets. Il devait aller trouver la reine dans ses appartements pour lui annoncer qu'une de ses filles était en danger. Godwin aurait pu affronter mille armées mais n'était pas prêt à ça.
Ce qui l'attendait était bien pire. Lenore était en danger, elle avait probablement subi des horreurs inimaginables. Même avec toutes ses armées, Godwin ignorait s'ils arriveraient à temps pour la sauver, ni à quoi s'attendre de ses ennemis. Seule certitude, il ne pouvait pas se permettre de perdre une autre fille, pas maintenant.
“Je la ramènerai,” dit-il à voix haute. “Je ramènerai ma fille, quoiqu'il arrive.”
CHAPITRE TROIS
Rodry était furieux, il bouillait de colère, tel le magma des volcans des territoires du Nord, le pire était à venir. Des domestiques passèrent précipitamment à ses côtés, Rodry s'écarta prudemment sur leur passage ; il n'était pas comme son frère Vars, pas du genre à faire payer à autrui sa mauvaise humeur.
Sa mauvaise humeur ? Le terme était mal choisi pour illustrer l'humiliation subie par son père, il aurait dû mettre son plan à exécution bien avant.
Rodry