Le Trône des Dragons. Морган Райс
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Читать онлайн книгу Le Trône des Dragons - Морган Райс страница 5
“Tu es en colère parce que c'est toi qui as escorté l'ambassadeur juste à la frontière,” répondit Mautlice, fils d'un comte, toujours prêt à chasser, et doué de surcroît.
“Il ne vous fera aucun mal,” déclara Rodry. “Je lui ai dit que j'avais agi seul.”
“Inutile,” renchérit Seris, replet, tout de velours vêtu, toujours partant, Rodry pouvait compter sur lui pour le soutenir.
“Merci,” répondit Rodry. “Mes deux frères tournent toujours autour du pot lorsqu'ils ont quelque chose à dire. J'apprécie la franchise et l'honnêteté.”
“Tu me paraît tout de même bien remonté,” affirma Kay.
Doux euphémisme pour illustrer ce que Rodry ressentait à l'instant présent. "Humilié" serait plus à propos. Frustré de se sentir inutile. Frustré contre son père pour avoir renvoyé Nerra, qui semblait fâché contre lui, bien qu'il n'ait fait que ce que l'honneur lui dictait avec cet ambassadeur, bien résolu à faire des ronds de jambes avec Finnal et sa famille en dépit des rumeurs qui couraient sur son compte.
Rodry se demandait parfois s'il comprendrait un jour quelque chose à la politique. Et pourquoi d'ailleurs ? Un homme devait bien se comporter, en homme d'honneur, il estimait que ses semblables devaient faire de même. Il se montrerait assez fort pour protéger ses amis et combattre le mal. Tout le reste n'était que … des enfantillages.
Il prit la direction de ses appartements, parcourut le dédale de couloirs qui s'entrelaçaient dans le château, les autres lui emboîtèrent le pas. Ils traversèrent une galerie ornée de vitraux qui laissaient passer une lumière chamarrée, jusqu'à une vaste salle de réception pourvue de meubles en chêne massif. Rodry poussa une table en travers de son passage et poursuivit son chemin.
Le château était en effervescence mais Rodry était trop fâché pour le remarquer. C'était probablement lié au mariage. Le château peinait à suivre le rythme depuis que son père avait avancé le départ de la procession.
Rodry arriva dans ses appartements, plus spartiates et fonctionnels que ceux de ses frères, des malles et des coffres s'alignaient le long d'un mur. Ses armures d'une propreté irréprochable, minutieusement entretenues, comme le lui avaient appris les Chevaliers d'Argent, reposaient sur des socles.
Il songea à la confrérie et Erin, le Commandant Harr avait envoyé un message à la cour les avisant de sa présence parmi eux. Rodry aurait dû se douter que sa petite sœur aurait filé droit chez les Chevaliers mais il n'y avait pas cru, les filles ne faisaient généralement pas ce genre de chose.
Il devrait peut-être la rejoindre et la ramener. Il avait le droit de pénétrer dans la forteresse, étant lui-même un Chevalier d'Argent. En tant que demi-frère d'Erin, il pourrait lui parler, voire, la ramener. En même temps, Rodry était content qu'au moins un des membres de la famille mène sa vie librement.
“Allons nous entraîner à la Maison des Armes,” déclara-t-il.
“Encore ?” rétorqua Kay. “Je préfèrerais chasser.”
“Vous affirmez tous vouloir devenir chevalier,” poursuivit Rodry. “Vous devez savoir vous battre. Prenez des leçons avec le Maître d'armes Wendros, et après on verra.”
Ce qui impliquerait de nombreuses leçons, ils devaient garder espoir.
“Viens. Tu pourras ainsi faire bonne impression sur la servante de ma sœur qui te plait tant.”
“Tu crois ?” demanda Kay.
“Il a besoin de faire quelque chose pour l'impressionner,” lança Seris, tous éclatèrent de rire.
La conversation du groupe dériva sur des plaisanteries grivoises et la saine camaraderie, les vrais chevaliers ne passaient pas leur temps à ça, songea Rodry, mais il se tut et ravala sa colère.
Un domestique arriva en courant.
“Votre Altesse. Le Roi m'envoie. C'est au sujet de la Princesse Lenore.”
Rodry fit instantanément volte-face. “Quoi ? Que se passe-t-il ?”
Le ton du domestique n'augurait rien de bon, il s'agissait forcément d'une mauvaise nouvelle.
“Elle a été attaquée. Les hommes du Roi Ravin l'emmènent vers le sud et vont franchir un pont. Le Roi rassemble ses chevaliers. Il a fait parvenir un message aux Chevaliers d'Argent.”
“Il rassemble ses chevaliers ?” demanda Rodry en bondissant vers son armure, sur son socle. “Combien de temps cela prendra-t-il ?”
Trop longtemps, la réponse était évidente. Son père était le roi, il agirait lentement, recueillerait d'abord l'assentiment de tous avant de rameuter les troupes. Des préparatifs, de l'action, jamais. Comme avec l'ambassadeur.
“Mon père perd toujours du temps,” répondit Rodry. “Il va les laisser s'enfuir vers le sud et se plaindre que ma sœur est perdue corps et biens.” Il s'adressa au domestique. “Comment se fait-il que Lenore ait été attaquée ? Où étaient Vars et ses hommes ?”
“Je … nul ne le sait, Votre Altesse,” répondit le domestique.
En d'autres termes, Vars n'était pas là où il aurait dû être. Un sentiment de colère et de culpabilité s'empara de Rodry. Il aurait dû s'en mêler lorsque son père avait demandé à Vars d'accompagner Lenore, il aurait dû insister pour l'escorter personnellement. Il aurait dû veiller sur elle.
Il comptait bien y remédier. Rodry regarda ses amis tour à tour. Ils ne faisaient pas partie de la confrérie des Chevaliers d'Argent mais avaient participé à suffisamment de chasses et étaient entraînés au maniement des armes. Ils étaient bel et bien présents.
“Seris, va chercher les autres le plus possible, fais vite. Raconte-leur ce qui s'est passé, dis-leur que j'ai besoin d'eux. Mautlice, fais préparer les chevaux. Soudoie les palefreniers si nécessaire. Kay, tu m'accompagnes chercher les armes.”
“Nous nous joignons aux forces de ton père ?” demanda Kay.
Rodry ne put contenir sa colère plus longtemps, il donna un violent coup de poing dans le mur qui les fit tous tressaillir.
“Mon père n'est pas suffisamment rapide !” hurla-t-il. “Un petit groupe ira plus vite. Non, j'en fais une affaire personnelle. Je vais aller chercher ma sœur, je la ramènerai saine et sauve. Kay, si cette fille que tu aimes tant est l'une de ses servantes, elle est certainement en danger. Tu veux bien me prêter main forte ?”
“Je …” Kay opina du chef.
“Vous tous,” cingla Rodry. “Vous prétendez vouloir devenir chevaliers. Vous dites vouloir faire vos preuves. Le moment est venu. Nous nous comportons en vrais chevaliers. Nous protégeons ceux qui en ont besoin.” Il les dévisageait d'un air implorant. “Je vous en supplie. Je ne vous le demande pas en tant que prince, mais en tant qu'ami. Aidez-moi à sauver ma sœur.”
Ils n'y étaient pas obligés. Ils devaient théoriquement grossir les rangs des combattants de son père, suivre le mouvement, comme tout le monde. Rodry fut soulagé de les voir acquiescer, tour à tour.
“Je trouverai