Président Élu. Джек Марс
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу Président Élu - Джек Марс страница 17
Ils n’étaient pas venus pour la musique mais pour un lynchage public, ce qui n’était pas loin de ce qu’on leur avait jeté en pâture.
À présent Luke balayait la salle de crise du regard, guettant les réactions. Elle était bondée, c’était un vrai pow-wow : du personnel de la campagne électorale, des agents du Secret Service, des gens de l’entourage de Susan et de la vice-présidente, quelques membres du Parti démocrate. Luke ne discernait pas chez eux d’expressions très combatives. De toute évidence, certains d’entre eux suivaient le déroulement des événements en quête du bon moment pour quitter le navire avant qu’il ne sombre au fond de l’océan.
Ce genre de scène ne faisait pas partie de l’environnement normal de Luke. Il ne se sentait pas à sa place, pour le moins. Il admettait qu’un groupe de gens tente de prendre des décisions difficiles, mais il n’avait guère de patience quant au procédé. Sa réponse typique à tout problème avait toujours été d’y réfléchir, puis de passer à l’action. En attendant, Kurt Kimball semblait troublé, et Kat Lopez très éprouvée. Seule Susan avait l’air calme.
Luke l’observa avec attention, cherchant des signes d’effondrement. C’était une habitude qu’il avait prise dans les zones de guerre, en particulier pendant les périodes d’immobilisation entre les batailles : il devenait très conscient du nombre de personnes autour de lui qui en avaient encore dans le ventre. Le stress faisait des ravages, épuisait les gens. Cela se produisait parfois progressivement, parfois instantanément. Mais quoi qu’il en soit, venait un moment où tous les combattants, sauf les plus acharnés, cédaient sous la pression. Puis ils cessaient de fonctionner.
Mais Susan ne paraissait pas en être arrivée là. Sa voix était ferme, son regard dur et déterminé. Elle était dans une mauvaise passe, mais toujours combative. Luke en fut heureux. Ce serait plus facile de combattre à ses côtés.
Debout près du vaste écran de projection, Kurt secoua sa tête parfaitement chauve.
– Non. Tu es un témoin capital dans cette affaire, mais pas un suspect. La police de Washington DC – plus précisément la brigade criminelle – a simplement requis un interrogatoire. Ils aimeraient que tu te rendes à leur quartier général. Tu auras avec toi ton conseiller juridique, disponible à tout moment. Cela dit, si tu leur accordes un interrogatoire, tu pourrais devenir suspecte pendant son déroulement. À ce moment-là, ils pourraient t’arrêter.
Kurt jeta un œil au conseiller juridique de la Maison-Blanche, un homme en costume trois-pièces très collet monté, coiffé d’une tignasse blond-roux et flanqué de deux assistants.
– Diriez-vous que c’est correct, Howard ? s’enquit-il.
Ce dernier hocha la tête.
– Je ne leur accorderais pas d’interrogatoire pour le moment, et certainement pas en personne. Pas ici, et en aucun cas dans leurs locaux. Si vous y allez, vous pourriez avoir du mal à en ressortir, surtout dans le climat actuel. S’ils veulent vous interroger, ils peuvent le faire par téléphone ou peut-être par visioconférence. Vous êtes occupée, Susan. Vous êtes la présidente des États-Unis. Vous désirez assumer vos responsabilités dans cette affaire, mais vous avez aussi beaucoup à faire.
– Est-ce que ça ne donnera pas l’impression que Susan est coupable ? avança un jeune homme en costume bleu et cheveux en brosse.
Il était assis juste en face de Luke à la table de conférence. Il avait l’air d’avoir dix-neuf ans – en ce sens que beaucoup de jeunes de dix-neuf ans ont l’air d’avoir encore douze ans.
– Je veux dire, nous n’avons rien à cacher ici. Je suis très confiant, ajouta-t-il.
– Agent Stone, dit Susan, connaissez-vous mon directeur de campagne, Tim Rutledge ?
Luke secoua la tête.
– Je n’ai pas eu ce plaisir.
Tous deux se serrèrent la main par-dessus la table. Rutledge avait une poigne ferme, voire trop ferme, comme s’il avait lu quelque part qu’avoir une poigne ferme était important. Il dévisagea Luke.
– Et quel est votre rôle ici, agent Stone ?
Luke lui retourna son regard. Il se dit que la meilleure réponse était la franchise.
– Je n’en sais rien.
– L’agent Stone est membre des opérations spéciales, précisa Susan. Il m’a sauvé la vie plus d’une fois, ainsi que celle de ma fille. Et il a sans doute sauvé la vie de quiconque dans cette pièce à un moment ou un autre.
– Pour qui travaillez-vous ? demanda Rutledge.
Luke haussa les épaules.
– Je travaille pour la présidente.
Il ne voyait aucun intérêt à aborder son passé, la Special Response Team, la Delta Force, tout cela. Si ce gars voulait savoir, il n’avait qu’à chercher. En vérité, Luke se sentait bizarrement déconnecté de ce qu’il avait été autrefois. Il ne savait pas trop ce qu’il pourrait faire de bien ici.
– Eh bien, je travaille aussi pour la présidente, déclara Rutledge. Et je peux vous dire que ces allégations, quelles qu’elles soient, sont fausses. Pas un mot n’est vrai. Susan n’a rien à voir avec le meurtre de cet homme, ni la campagne, ni Pierre. Il n’y a pas eu de corruption. Il n’y a pas eu de paiement pour détourner les œuvres de charité de Pierre. Je le sais parce qu’au début de la campagne, nous avons fouillé à fond pour chercher les points faibles, pour trouver des cadavres dans les placards. Financièrement, il n’y en avait pratiquement aucun. Je sais qu’il y a eu des problèmes personnels, et il est possible qu’ils aient joué un rôle dans le résultat de l’élection, mais Pierre est l’homme d’affaires le plus clean que j’ai jamais rencontré.
– Connaissiez-vous la victime ? demanda Kurt.
Rutledge haussa les épaules.
– Le connaître ? Non. J’ai entendu parler de lui. Mais je ne l’ai jamais rencontré, ne lui ai jamais parlé. Le chef de la sécurité de Pierre a averti la campagne de l’existence de ce type il y a peut-être neuf mois. Il y avait eu plusieurs tentatives de piratage des bases de données de la société, toutes remontant jusqu’à l’agence d’enquête de Norman. C’était plutôt du travail d’amateur. À partir de là, le personnel de Pierre a déterminé que Norman travaillait pour Monroe, mais personne ne s’en est trop inquiété. Et nous n’allions certainement pas l’assassiner. Comme je l’ai dit, il n’y avait rien à trouver pour lui. Vous devez vous rappeler que tout cela s’inscrivait dans le contexte de l’été dernier, lorsque nous savions tous que le peuple n’allait jamais élire un fou comme Jefferson Monroe président des États-Unis.
À trois places de Rutledge, quelqu’un leva la main. C’était un homme d’âge moyen, à l’air maladif et aux cheveux clairsemés. Il avait un long nez et pas vraiment de menton. Son corps maigre manquait totalement de tonus musculaire. Il portait un costume gris mal ajusté dans lequel il semblait flotter. Mais il avait des yeux très, très durs. Voici au moins une personne dans cette salle qui n’avait visiblement pas peur.
Bizarrement, il portait un autocollant Bonjour, mon nom est sur le devant de son costume. Dessous était