Un lieu ensorcelé. Софи Лав

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Un lieu ensorcelé - Софи Лав Curieuse Librairie Polar Cozy

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ne peux pas.

      Lex regarda sa main et l’encre noire sur son pouce. Étrangement, en cet instant, elle lui rappelait son père qui étiquetait ses livres à la main. Il avait tout misé sur son rêve, celui d’ouvrir une librairie. Quand il avait perdu l’affaire, tout avait changé. Les rêves brisés, l'incapacité de les poursuivre avaient été pires pour lui que perdre son emploi.

      – Je sais que les gens vont me croire folle de dire ça, mais je ne peux pas. Pas si je dois perdre ce que j’aime le plus dans ce métier.

      – Ne faites pas ça, dit Bryce en secouant la tête. Vous avez tellement travaillé pour avoir ce poste. Ne partez pas maintenant.

      – Désolée, dit-elle.

      Ses mots lui paraissaient lointains, comme s’ils étaient prononcés par une autre personne.

      – Je suis reconnaissante pour tout ce que vous avez fait pour moi, vous avez été mon mentor, vous m’avez défendue quand mes ventes étaient basses. Mais je dois démissionner.

      Bryce la fixa, ébahi. Lex n’était pas surprise. De toute sa carrière chez Enlivrez-vous, elle n’avait rien fait d’aussi courageux.

      – Je vais vous écrire une lettre de recommandation, dit-il enfin.

      – C’est gentil, répondit Lex avec un sourire poli. Je ne pense pas que je retrouverai un travail comme celui-là. Personne ne voudra d’une éditrice de documentaires aux ventes désastreuses et aux titres obscurs. Vous avez raison, le marché a changé. Il est peut-être temps que je change aussi. Je vais rester fidèle à moi-même et voir où ça me mène.

      – Je vous serrerais bien la main, dit Bryce avec un sourire larmoyant, mais je voudrais éviter de passer les deux prochaines heures à essuyer de l’encre.

      Lex réprima un rire, levant sa propre main en l’air pour dévoiler la tache qu’il avait déjà remarquée.

      – C’était une bonne expérience, dit-elle.

      – Effectivement. Bryce s’enfonça dans sa chaise l’air abattu. Je vous souhaite bonne continuation, peu importe ce que vous choisirez de faire.

      Tant bien que mal, avec des mouvements machinaux, Lex réussit à se lever, à ranger la chaise sous le bureau puis à se tourner vers la porte. Les choses lui paraissent irréelles en cet instant.

      – Votre départ prend effet immédiatement, l’interpella rapidement Bryce avant qu’elle ne sorte. C’est la politique de la compagnie dans ce genre de situation. Karen s’occupera d’achever vos manuscrits en cours et nous ferons tout ce qui est possible pour eux. Vous avez droit à un préavis de quatre semaines pendant lequel vous recevrez votre salaire, mais vous ne pourrez pas revenir. À cause de la sécurité des données, des plannings et tout ça. Ils ne veulent pas prendre de risque.

      Lex le fixa de nouveau un moment, sa main hésita au-dessus de la poignée de la porte. Ce n’était pas dit méchamment, il avait même l’air désolé de son annonce. Une vague d’indignation la submergea, elle n’aurait pas le temps de dire au revoir. Sauf qu’en y repensant, il n’y avait pas beaucoup de personnes ici qu’elle considérait comme ses amis. Bryce avait toujours été gentil avec elle et compréhensif. Mais c’était terminé.

      Elle se détourna et se dirigea vers son bureau comme abasourdie. Lex se dit vaguement qu’elle allait devoir trouver une boîte quelque part pour ranger ses affaires. Puis elle se demanda ce qui allait se passer maintenant.

      CHAPITRE DEUX

      Lex s’appuya contre l’encadrement de la porte. Elle se sentait fatiguée et vidée par les évènements de la journée, traverser la moitié de Boston pour rentrer n’avait rien arrangé. Elle faillit tomber à l’intérieur de l’appartement lorsque la porte s’ouvrit sur Colin, son petit ami depuis six mois. Il arborait un grand sourire sur son visage couvert de taches de rousseur, heureux de la voir, mais son expression changea dès qu’il croisa son regard.

      – Lexie ? demanda-t-il. Qu’y a-t-il ?

      Elle soupira et baissa la tête en direction du tapis avant de répondre.

      – J’ai perdu mon boulot. Je peux entrer ?

      Colin s’écarta immédiatement pour la laisser passer, fermant la porte derrière elle avant de se rapprocher pour lui faire un câlin. Elle posa sa tête sur son épaule. L’odeur de patchouli de ses vêtements, qui la faisait toujours éternuer, lui emplit les narines. Elle tourna la tête pour essayer de respirer de l’air pur. Colin s’éloigna, pensant que son attitude signifiait la fin de l’embrassade.

      – Je croyais que tu étais en lice pour recevoir un prix, dit-il en la conduisant jusqu’au canapé.

      Il était jonché de numéros de magazines auquel il s’était abonné sur des affaires non élucidées et des théories du complot. Elle en poussa quelques-uns pour se faire une place.

      – Le livre oui, moi non, le corrigea Lex. Il l’est toujours d’ailleurs. Apparemment, moi, je ne leur rapportais pas assez d’argent.

      – Oh, bébé, dit Colin.

      Il plissa le nez et secoua la tête tout en s’asseyant à côté d’elle, quelques mèches de ses cheveux bruns tombèrent devant ses yeux.

      – Je suis désolé. Tu veux qu’on se fasse une soirée pizza avec des bières et qu’on regarde un film ? Tu pourras même pleurer sur mon épaule.

      Cela eut au moins le mérite de rendre le sourire à Lex. Il la connaissait maintenant assez bien pour savoir qu’un film et un bon repas étaient les remèdes les plus efficaces en cas de coups de blues.

      – Bonne idée, acquiesça-t-elle en voulant terminer cette journée sur une note positive.

      Colin lui fit un grand sourire, puis il se pencha et lui embrassa la tempe.

      – Je vais chercher le menu.

      Tandis qu’il fouillait dans les tiroirs de la cuisine, Lex attrapa un des magazines ouverts sur la table et soupira. Il y avait un article sur les dernières émissions historiques disponibles en VOD et Colin avait entouré l’une d’elles au feutre rouge, La mort d’Hitler : Mythe ou Réalité ? Lex repoussa le magazine avec dégoût, elle avait eu son quota d’imbécilités pour la journée.

      Elle préféra prendre la télécommande et commencer à chercher une adaptation cinématographique de roman à regarder. Il y avait plein de titres intéressants, mais elle choisit de se les garder pour un autre moment, quand elle pourrait pleinement en profiter. Finalement, elle se décida pour un livre Jeune Adulte, adapté en film l’année dernière. Heureusement, ce n’était pas l’une des prouesses de Matt.

      – Tu veux la même chose que d’habitude Lexie ? demanda Colin depuis le couloir, le combiné collé à l’oreille. Et je prends aussi de la glace pour le dessert.

      – Oui, comme d’habitude, répondit Lex.

      Elle n’aimait pas changer. Une bonne vieille routine n’avait jamais tué personne et elle cherchait du réconfort.

      – Tu as vu La joueuse rebelle ?

      – Oui,

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