Un lieu ensorcelé. Софи Лав

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Un lieu ensorcelé - Софи Лав страница 7

Un lieu ensorcelé - Софи Лав Curieuse Librairie Polar Cozy

Скачать книгу

pas besoin de suivre les dernières tendances, le marché, les pires autobiographies. On récupère ce que l’on trouve, on cherche des perles rares et on se construit une clientèle qui aime vraiment les livres.

      Lex se retrouva dans sa chambre, à la recherche de son portable sur sa table de chevet. Il y avait des messages de Colin qu’elle ignora, les balayant impatiemment de l’écran pour ouvrir l’application de sa banque. Elle en étudia le contenu avec contrariété. Elle n’avait jamais été douée pour économiser, encore moins avec cet appartement en plein centre de Boston qui prenait déjà une bonne partie de son salaire. Puis il y avait les courses, les trajets en métro, les sorties avec Colin…

      Elle avait un peu de côté, mais un mois d’indemnité de licenciement, ce n’était pas grand-chose, du moins pas assez pour lancer son entreprise. Ça au moins elle en était certaine.

      Mais elle avait d’autres options. Lex pensa à sa mère qui avait bien réussi ces quinze dernières années. Elle s’était remariée avec un homme riche et vivait dans une maison confortable avec piscine en banlieue. Elle avait une carrière fructueuse et son mari l’adorait. Ils ne seraient sûrement pas contre l’opportunité d’investir dans le projet de Lex, ni de la voir monter son entreprise.

      Elle se décida à appeler sa mère dans la matinée. Tout ce dont elle avait besoin, c’était d’un coup de pouce pour se lancer et son rêve serait de nouveau accessible. Ce n’était pas grand-chose, elle n’avait rien emprunté à sa famille depuis l’université et elle avait tout remboursé dès qu’elle avait commencé à travailler. Elle était fille unique. Quel genre de parent ne voudrait pas la réussite de leur enfant ?

      Elle se remit sous la couette l’esprit apaisé, souriant dans l’obscurité. Aujourd’hui, elle se remettrait sur la voie qu’elle n’aurait jamais dû quitter.

***

      – Maman ? dit Lex en approchant le téléphone de son oreille, surprise. C’est fou. J’allais justement t’appeler !

      En réalité, elle repoussait l’échéance. Elle s’était réveillée il y a plus d’une heure et avait passé son temps assise dans son lit à lire des articles sur son site d’informations préféré. Faisant tout son possible pour éviter l’inévitable.

      – Ne va pas croire que c’est une coïncidence Alexis, lui dit froidement sa mère. Roger a entendu de Belinda que Carl avait parlé à Bryce ce matin. On dirait que nous sommes les derniers informés de ton licenciement.

      Lex soupira. Elle n’avait aucune idée de qui étaient ces gens, en dehors de Roger, le nouveau mari de sa mère, mais elle avait le sentiment que si elle lui demandait, elle aurait le droit à un sermon pour ne pas l’avoir écouté. Ce n’était pas comme ça qu’elle s’était imaginée cet appel. À peine commencée et elle était déjà hors sujet.

      – J’étais fatiguée la nuit dernière, dit-elle. Je voulais t’appeler aujourd’hui.

      – Mais que s’est-il passé ? s’effondra sa mère. Belinda était là à offrir ses condoléances, à dire à Roger que ça allait s’arranger, que ce n’était pas la fin du monde et qu’elle était persuadée que tu allais rebondir. Alors que nous n’en savions rien. Comment as-tu pu perdre ton travail ?

      – Ce n’était pas de ma faute, dit Lex.

      Sachant pertinemment que cette excuse était nulle, elle continua rapidement pour ne pas laisser le temps à sa mère de réagir.

      – Bryce m’a annoncé que les associés avaient décidé de se séparer des documentaires. Le département ferme, ce n’est pas seulement moi.

      – Aux dernières nouvelles, c’était toi le département. Tu ne pouvais rien faire ? Tu aurais dû faire plus de ventes. Tu ne leur as pas dit que tu pouvais travailler dans un autre département ?

      Lex inspira profondément et compta jusqu’à dix dans sa tête.

      – C’est trop tard maman. J’ai fait tout ce qu’ils m’ont demandé, mais ce genre de livres ne fait pas de gros chiffres. Avant ils s’en contentaient, mais je suppose qu’ils ont changé d’avis. J’ai demandé où je pouvais aller et Bryce m’a dit que ma seule option était le département des autobiographies de célébrités. Ce n’était pas possible.

      – Qui t’a rendu aussi hautaine et ingrate pour croire que tu pouvais refuser un très bon travail ? éclata la mère de Lex.

      Elle s’y attendait, notamment à cause de ce qui se trouvait dans la bibliothèque de sa mère. La biographie de Dolly Parton était beaucoup plus usée que Crime et Châtiment.

      – Et on peut savoir ce que tu faisais hier soir de si important et qui t’as empêché de nous appeler ? M’éviter à tout prix, car tu savais que je ne serais pas contente ?

      – Non, Maman, dit Lex la mâchoire serrée. J’étais chez Colin. Puis nous avons rompu. De toute façon je ne suis pas obligée de t’appeler dès qu’il m’arrive quelque chose, tu sais ? Je suis adulte.

      – Tu as rompu avec Colin ? s’écria sa mère. Non mais, Lex ! Tu nous fais quoi ? Tu essaies de t’autodétruire ? Vous étiez ensemble depuis des mois. Tu ne te rajeunis pas et je veux avoir des petits-enfants un jour. Que vas-tu faire maintenant, sans personne pour t’entretenir ?

      Lex ferma les yeux en se pinçant le nez.

      – Je vais m’entretenir toute seule. J’ai mes indemnités de licenciement et je vais trouver autre chose. D’ailleurs Maman, c’est pour ça que je voulais t’appeler.

      – Tu veux que Roger te pistonne ? supposa sa mère. Il peut sans doute te trouver une place au département comptabilité. Il cherche toujours du monde pour gérer l’administration quotidienne. Je peux lui demander de donner ton CV…

      – Non. Merci, mais… non.

      Lex prit une profonde inspiration. Comptable ? Vraiment ? Sa mère semblait être passée d’une colère sourde à une solution. C’était une femme d’affaires animée par la logique et l’action. Elle savait qu’il fallait se dépêcher pour bien faire, ce qui expliquait sûrement pourquoi elle était aussi déçue de savoir que Lex avait coupé court à sa carrière et à sa relation en une journée. Mais il était hors de question pour Lex d’abandonner si facilement et de devenir comptable. Lex lui annonça rapidement, comme on arrachait un pansement.

      – Je veux que tu m’aides. Je vais ouvrir ma propre librairie d’occasion. J’ai juste besoin d’un petit apport d’argent, un investissement. Je te rembourserais avec mes bénéfices.

      Il y eut une longue pause, atrocement longue pour Lex, qui avait l’impression que chaque seconde durait des heures.

      – Je pense que je capte mal, Alexis, dit froidement sa mère. J’ai cru entendre que tu voulais ouvrir une librairie d’occasion.

      – Oui, c’est ce que j’ai dit, répondit Lex, sa gorge devenant sèche. Maman c’est ce que j’ai toujours voulu. C’est le moment idéal. Je dois juste me lancer.

      – Oh oui, c’est ce que tu as toujours voulu, lança sa mère. Surtout que ça a très bien fonctionné quand ton père s’est lancé. Ça nous a détruit et tu le sais. Ça a détruit notre mariage. Non. Je ne te laisserais pas foutre ta vie en l’air pour un rêve qui date de ton enfance. Ça fait bien longtemps Alexis. Il ne reviendra pas, même

Скачать книгу