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Étrangement, le cadre lui semblait familier. S’y était-elle déjà rendue ? Peut-être l’avait-elle vu dans un film. Elle avait un étrange sentiment de déjà-vu dont elle n’arrivait pas à se débarrasser. Elle était certaine de n’y être jamais allée, pour autant qu’elle s’en souvienne.
Rien dans ses recherches ne lui apprit pourquoi le magasin offrait un tel salaire. Après beaucoup d’investigations et de mauvais résultats, Lex trouva le site de La Curieuse Librairie, mais il n’y avait qu’une page d’accueil avec un numéro de téléphone et une ligne donnant l’information suivante : « Uniquement sur rendez-vous ». On aurait dit que le site avait été créé une dizaine d’années auparavant et qu’il n’avait jamais été mis à jour.
Aucun avis, aucun réseau social, aucune autre photo… Lex commençait à se dire que le magasin n’existait peut-être même pas. L’offre d’emploi était-elle réelle, ou était-ce une sorte d’arnaque ?
Elle n’avait pas vraiment d’autres pistes, elle pouvait au moins se renseigner. Lex nota le numéro et le composa.
– Bonjour, vous êtes bien chez La Curieuse Librairie, répondit une voix. Ici Montgomery David. Cherchez-vous un livre en particulier ?
Lex ne s’attendait à ce qu’on lui réponde si rapidement, elle dut se racler la gorge avant de parler.
– Oui, euh… Je vous appelle concernant l’offre d’emploi, dit-elle. Vous cherchez toujours quelqu’un ?
Montgomery, qui était sans doute le propriétaire, grogna.
– Peut-être. Vous avez de la chance. J’étais sur le point de prendre une décision. Pouvez-vous venir pour quinze heures ?
Lex cligna des yeux.
– Vous ne voulez pas d’abord connaître mes qualifications ?
Montgomery resta silencieux si longtemps qu’elle ne savait pas s’il l’avait entendu.
– Quelle est votre date de naissance ?
Lex hésita, pas certaine de savoir comment répondre. Voulait-il savoir si elle était trop jeune pour le poste ? Ou juste son anniversaire ?
– Le vingt-sept novembre, dit Lex.
Un autre long silence.
– Ah… une sagittaire. Eh bien… c’est le bon moment pour recruter.
Il ne dit rien pendant un long moment.
Lex était perplexe. De quoi parlait-il ? Était-ce une vraie offre ? Tout cela lui paraissait bien étrange. Elle allait raccrocher, lorsqu’il prit de nouveau la parole.
– D’accord, dit-il. Soyez là pour quinze heures.
Lex vérifia sa montre. Elle devrait se dépêcher de partir si elle voulait être à l’heure. Maintenant c’était elle qui hésitait. Était-ce réel ? De toute façon elle avait besoin de ce travail et ce n’était pas comme si son agenda était chargé. Et puis, son cœur s’emballa en pensant au salaire. C’était une sacrée somme.
– J’y serai.
– Très bien. À tout à l’heure. Oh, et n’allez pas vous promener dans les rayons et lire des livres avant que je ne vous trouve.
Elle était perplexe.
– Quoi ? Pourquoi ? demanda-t-elle, mais il avait déjà raccroché.
Le mystérieux Montgomery, peu importe qui il était, semblait très, très étrange. Que signifiait cet avertissement sur les livres ?
Mais que pouvait-elle faire d’autre ? Rester assise ici à attendre que ses indemnités soient épuisées pendant qu’elle cherchait désespérément une autre librairie d’occasion qui voudrait d’elle ? Non, c’était une opportunité, et Lex allait la saisir.
Elle se leva de sa chaise et attrapa quelques vêtements qu’elle enfonça dans un sac au cas où elle en aurait besoin. Puis elle sortit en trombe sans prendre le temps de faire une pause, prenant juste une veste avant de claquer la porte derrière elle.
Le magasin était assez loin et elle avait déjà l’impression d’être en retard.
CHAPITRE CINQ
Lex ralentit alors que sa voiture dépassait un panneau de bois peint en blanc sur lequel était calligraphiée l’entrée d’Incanton. Alors que le bruit du moteur faiblissait, elle entendit les cloches de l’église sonner à proximité, lui indiquant qu’il était quatorze heures trente. Se précipiter ici dans la panique semblait avoir bien fonctionné. Elle avait facilement devancé l’heure d’arrivée estimée par le GPS et elle avait même du temps libre pour se calmer et faire un tour en ville.
Il y avait un parking près du rivage et elle conduisit dans cette direction en suivant les panneaux qui n’indiquaient que « CENTRE-VILLE » et « ROUTE CÔTIÈRE » comme possibles destinations. Les routes devinrent plus étroites tandis qu’elle s’approchait du parking. Elle remarqua des petites rues pavées et des bâtiments qui devaient être là depuis le débarquement des premiers colons.
Le parking, qui appartenait apparemment à la ville et qui desservait quelques magasins dans le centre, était à moitié vide. Lex se gara facilement, choisissant une place en plein centre, car elle en avait la possibilité. Elle sortit de sa voiture et observa les alentours, notant l’odeur de sel dans la brise. La mer était assez proche pour qu’elle l’aperçoive. Au bout de la rue, au-delà du parking, un éclat bleu sur l’horizon se fondait dans le ciel clair de la journée.
Elle sourit en regardant partout, se servant de sa main comme visière face au soleil de ce début d’été pour s’imprégner du paysage. Incanton était aussi petite et idyllique qu’elle l’avait vue en ligne. Plusieurs personnes s’affairaient dans les rues, entrant et sortant des magasins, ramenant chez eux des sacs remplis de leurs emplettes. C’était plus calme ici, et elle pouvait entendre le bruit des mouettes qui survolaient l’eau.
C’était peut-être simplement l’attrait de la nouveauté, mais tout avait l’air plus intéressant ici, même les gens. Elle les étudia tout en récupérant son sac sur le siège passager et ferma sa voiture. Elle jeta un œil par-dessus son épaule vers les gens qui flânaient. Deux femmes âgées parlaient avec animation, la tête haute malgré leurs coiffures volumineuses. Une mère poussait doucement un landau violet, sans doute vintage, qui avait été retapissé à en juger par le style. Elle agitait un hochet au-dessus du bébé avec un sourire d’adoration.
Lex observa un homme d’âge moyen qui portait un pull marinière en tricot flashy. Il émergeait d’un magasin qui portait l’enseigne : Antiquités Miss Teak. Il se situait juste à côté du barbier : Clash of Barbe. Chaque magasin ici était original et adorable, le parfait exemple d’un village américain typique. Comme si elle était arrivée sur le tournage d’une série télé et non dans la réalité. Elle s’attendait à moitié à voir Lorelai Gilmore apparaître au coin de la rue ou à se retrouver nez à nez avec un groupe de colons vêtus de leurs grands chapeaux et de leurs culottes.
Elle dépassa le parking pour se rendre sur la berge. Il y avait des bâtiments de couleurs le long de