Mûr pour la Pagaille. Фиона Грейс
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– Je suis d’accord. Ce serait beaucoup mieux. Il faut que tu en parles avec lui. Ça me paraît être la meilleure idée, dit Bianca.
– Comment ça va, au travail ?
Olivia espéra que les dernières péripéties de la vie quotidienne à l’agence de publicité la distrairaient assez pour lui permettre d’oublier la tâche inquiétante qui l’attendait mais, pendant qu’elle bavardait avec Bianca, elle se rendit compte qu’elle repensait constamment au face à face effrayant qui occupait maintenant la plus grande partie de son avenir proche.
Elle redoutait la déception qu’elle verrait dans les yeux de Marcello quand elle lui avouerait ses actions irréfléchies.
Le lendemain matin, l’orage s’était calmé. Un soleil frais et brillant entrait par la fenêtre de la chambre d’Olivia. Elle sortit discrètement de son lit pour ne pas déranger Pirate, qui dormait à côté de ses pieds, et contempla la vue.
Les derniers nuages gris se dissipaient et le ciel de début de matinée avait à nouveau l’air bleu et bienveillant. Olivia aimait la façon dont les rayons les plus bas donnaient un air plus dramatique au paysage, assombrissaient et allongeaient les ombres des arbres et approfondissaient et vivifiaient le vert des collines et des champs. Ce n’était que maintenant qu’elle se rendait compte que le paysage avait été très sec à la fin de l’été, poussiéreux et marron doré, encore privé des pluies nourricières que l’hiver apporterait.
Olivia décida de se mettre au travail tôt pour pouvoir aller retrouver Marcello avant que Nadia n’arrive. Comme ça, il comprendrait à quel point elle était désolée et avec quel empressement elle voulait réparer sa faute.
Quand Nadia se serait calmée, Olivia s’en tirerait peut-être avec un avertissement et une baisse de salaire correspondant aux coûts des dégâts qu’elle avait causés.
Elle consulta la météo. Il ne devait pas pleuvoir aujourd’hui, ce qui signifiait qu’elle et Erba allaient pouvoir se rendre au travail à pied et qu’Olivia ne serait pas obligée d’utiliser son vieux pick-up gris Fiat, qui était garé sur le côté de la ferme.
Olivia ouvrit l’armoire en bois qu’elle avait achetée dans un magasin d’occasion et avait passé un week-end à poncer et à vernir. Les tons chauds du bois naturel allaient parfaitement bien avec la nuance crème qu’elle avait choisie pour les murs de la chambre et avec les rideaux jaunes. Cette palette de couleurs donnait à la chambre une atmosphère joyeuse et douillette qui correspondait elle aussi à l’atmosphère de la ferme.
Olivia choisit une tenue stylée mais commode pour sa journée de travail : un pantalon beige, des bottes marron et un haut à manches longues en une nuance magnifique de vert citron. Alors, elle sortit sa jolie veste verte et dorée de l’armoire et descendit.
Erba était déjà perchée sur le rebord de la fenêtre de la cuisine, où elle attendait ses carottes matinales. Après les avoir servies à la chèvre dans la cour, le long de laquelle Olivia avait planté des parterres d’herbes médicinales, Olivia se prépara rapidement une tasse de café. Alors, il fut l’heure qu’elle se rende au travail, accompagnée par Erba qui trottait derrière elle avec enthousiasme.
Les bâtiments en pierre élégants de La Leggenda, nettoyés par la pluie et débarrassés de leur poussière estivale, luisaient d’un éclat bronze doré dans le soleil matinal. Quand Olivia remonta l’allée pavée, elle admira la plantation de vignes la plus proche, qui s’étendait sur le coteau pentu. Elle se sentit fière d’avoir travaillé ici quand ces vignes avaient été plantées. Maintenant, ces vignes, visiblement robustes et à croissance rapide, étaient saines et fortes. Elles aussi, elles semblaient avoir prospéré et donnaient l’impression d’avoir poussé à toute vitesse après l’orage de la veille.
Avant d’approcher de l’entrée cintrée de la salle de dégustation, Olivia risqua un coup d’œil dans le bâtiment de vinification.
Il n’y avait aucun signe de Nadia.
Elle ne reviendrait peut-être travailler que le lendemain. Parfois, il y avait des miracles, n’est-ce pas ?
Ce qui l’inquiétait plus, c’était que la voiture de Marcello n’était pas dans le parking. Cela signifiait que, ce matin, il était peut-être en train d’inspecter les vignobles, ou même en train de travailler dans l’autre exploitation viticole près de Pise. Olivia allait devoir attendre, vérifier s’il arrivait et être prête à s’excuser dès le moment où il apparaîtrait.
Quand Olivia entra dans la salle de dégustation, elle écarquilla les yeux. On aurait dit qu’un pugilat était en train de s’y dérouler.
– Non, non, non ! cria une voix passionnée à l’accent français. Comment pouvez-vous autoriser ce genre de chose ? C’est mal, mal, vraiment mal. Inacceptable !
Olivia reconnut les tons distinctifs de Jean-Pierre Pelletier, son tout nouvel assistant sommelier.
Avec qui se disputait-il de si bon matin ? se demanda Olivia.
Elle se précipita à l’intérieur pour essayer de calmer la diatribe de Jean-Pierre, mais elle s’arrêta brusquement quand elle entendit la réponse stridente.
– J’autorise ce que je veux. Je suis en charge, ici, et je refuse de recevoir des ordres d’un homme jeune, ignare et encore inexpérimenté !
Olivia reconnut les tons furieux aux accents italiens de Gabriella, la directrice du restaurant.
Il se trouvait que Gabriella était aussi l’ex-petite amie de Marcello. Comme Olivia s’était immédiatement sentie attirée par Marcello quand elle l’avait rencontré et comme elle avait senti qu’il était attiré lui aussi, elle pensait que c’était pour cela que Gabriella avait ressenti de l’aversion pour elle dès le premier jour. En fait, ce n’était pas de l’aversion mais une haine malveillante. Gabriella avait essayé de son mieux de faire renvoyer Olivia de l’exploitation viticole.
Eh bien, si Jean-Pierre l’exaspérait, c’était dommage, n’est-ce pas ?
Olivia ralentit le pas et, avançant nonchalamment, entra sans se presser et écouta non sans plaisir la dispute se poursuivre avec moult hurlements.
– Ignare ? Mon père a travaillé dix ans dans un des restaurants de Paris les plus décorés par Michelin et il m’a appris qu’on devait placer le verre de vin rouge à gauche du verre de vin blanc pour un arrangement formel de table.
Quand Olivia s’arrêta à mi-course pour redresser une des fiches de dégustation placées sur le long comptoir en bois, elle se rendit compte que Jean-Pierre n’avait pas l’air agressif. Il avait juste l’air passionné, comme s’il ne pouvait pas supporter que Gabriella se trompe à ce point.
– Dans notre restaurant, nous faisons autrement, répliqua sèchement Gabriella.
Olivia entendit à sa voix qu’elle était sur la défensive. Elle savait que cela signifiait que Gabriella avait perdu et qu’elle ne ripostait que pour avoir le dernier mot.
– Eh bien, vous le faites de manière incorrecte ! s’écria Jean-Pierre.
Olivia entendit à son ton qu’il était vraiment exaspéré.
– Bonjour,