Mûr pour la Pagaille. Фиона Грейс
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Même si Olivia travaillait dur pour améliorer son italien et même si elle le comprenait mieux jour après jour, elle était beaucoup trop timide pour le parler et ne pouvait qu’admirer la bravade dont Nadia faisait preuve quand elle tentait de parler une langue étrangère.
Perplexe, Olivia regarda Jean-Pierre tendre le bras par-dessus le comptoir et sortir trois verres de dégustation d’un geste élégant.
Souriant fièrement, Nadia versa du vin dans chaque verre.
– Jean-Pierre, goûte ça. C’est le tout premier rosé de La Leggenda et c’est ta patronne qui l’a conçu !
Elle fit un grand sourire à Olivia qui, choquée, faillit laisser tomber son verre. La situation n’évoluait pas comme elle l’avait prévu.
– C’est encore un très jeune vin, mais il correspond idéalement à sa raison d’être : nous le vendrons et nos clients le boiront l’été prochain. Comme ça, il n’aura pas besoin de trop mûrir avant d’être mis en bouteille. Comme tu t’en rends compte, c’est une merveille absolue. Il est plus qu’excellent : il est magnifique. Olivia, je crois que, avec ton expérience, tu as créé un autre Miracolo, un vin qui n’aurait pas dû fonctionner mais qui a fonctionné quand même et qui rapportera un succès et des louanges extraordinaires à notre exploitation viticole.
Nadia sirota le vin, apparemment passionnée.
Olivia se pencha contre le comptoir. Elle était reconnaissante de pouvoir s’appuyer contre lui à cause de ses jambes flageolantes.
Nadia aimait son vin ? Où étaient les ennuis qu’elle avait anticipés ? La vigneronne ne semblait pas du tout être en colère qu’Olivia ait utilisé les raisins. L’espace d’un instant, elle se demanda si elle n’était pas encore endormie dans son lit et si tout cela n’était pas un rêve étrange.
Elle remua un pied pour vérifier.
Non, elle n’était pas endormie. Si elle l’avait été, Pirate lui aurait griffé un orteil et elle se serait réveillée. De toute façon, Jean-Pierre et Nadia étaient encore en train de parler de sa création.
– C’est délicieux, convint Jean-Pierre. J’adore le bon rosé. C’est un bon exemple de vin très moderne. Il a un goût subtil, complexe et il est très facile à boire.
– Exactement, dit Nadia en claquant la paume de la main sur le comptoir. En ce qui concerne les ventes, le rosé est le type de vin qui se vend le mieux, surtout sur le marché américain.
– Pourquoi ? demanda Jean-Pierre.
Olivia voyait qu’il était prêt à retenir ce que dirait Nadia pour améliorer sa connaissance du vin.
– Certaines personnes pensent que c’est parce qu’il plaît à la génération Y, qui l’adore, mais d’autres pensent que c’est parce qu’on produit beaucoup de rosés de bonne qualité de nos jours, expliqua Nadia. Il y a trente ans, les rosés étaient très mauvais et trop sucrés, du sirop pour la toux rose vif, pas mieux. De nos jours, la plupart des rosés sont secs ou demi-secs et d’une qualité largement supérieure. De plus, leur belle couleur est un argument de vente supplémentaire.
Finalement, Olivia osa goûter son vin. Elle inspira son arôme floral frais avec une nuance de melon. Elle avait adoré son bouquet distinctif et charmant. Maintenant qu’elle pouvait le réévaluer, elle décida que son goût était riche en cerise, en fraise et en herbes sauvages, avec une saveur piquante d’agrumes qui apportait une finition agréablement sèche.
– Comment fabrique-t-on du rosé ? demanda Jean-Pierre. Est-ce qu’on mélange du vin rouge à du vin blanc ?
Nadia leva les yeux au ciel et le contempla affectueusement.
– C’est mal vu, ou même exclu. Traditionnellement, on fabrique le rosé avec des raisins rouges. Sa couleur étonnante s’obtient en laissant la peau sur les raisins pendant une période très brève du processus, un jour ou deux, pas plus.
Olivia hocha la tête. Elle avait laissé la peau en contact avec le vin pendant vingt-quatre heures.
– Avec le vin rouge, on laisse la peau beaucoup plus longtemps, poursuivit Nadia en gesticulant de manière éloquente pour accentuer l’importance de ses mots. Quand on laisse la peau sur les grains de raisin rouge très peu de temps, on obtient une teinte de rosé d’un rose magnifique et cela donne une saveur exquise, sans la lourdeur du rouge traditionnel, que certains n’aiment pas. Bien que les vins blancs soient plus spécifiquement associés à certains menus, le rosé est un vin beaucoup plus polyvalent et on peut l’apprécier avec toutes les nourritures. Voilà, c’était ta leçon de vin de la journée.
Elle leva son verre pour porter un toast à Olivia, qui était encore trop stupéfaite pour dire un seul mot.
– J’allais m’occuper du Projet Rosé l’année prochaine parce que je croyais que nous devrions fabriquer notre rosé surtout à base de raisins sangiovese, qu’on a en quantité insuffisante cette année, mais Olivia a utilisé un mélange créatif de raisins rouges. Elle a été très astucieuse ! dit Nadia en la contemplant avec admiration. Elle a mélangé et associé les dernières récoltes de la saison, dont un peu de raisins Colorino à peau foncée, et cela a donné au rosé une couleur brillante que je n’avais jamais vue.
Finalement, Olivia retrouva sa voix.
– Je suis vraiment soulagée que tu ne sois pas en colère contre moi. Je n’avais pas compris que tu voulais que j’utilise seulement ce qu’il y avait dans la salle de vinification, pas les nouvelles récoltes. Quand Antonio a dit que tu avais déjà réservé les nouveaux raisins pour des vins spécifiques, j’ai craint d’avoir des ennuis.
Nadia haussa les épaules.
– Indépendamment, ces petites récoltes finales n’auraient pas produit de grosses quantités de vin ; c’étaient seulement des ajouts. Combinées, elles ont produit des quantités suffisantes pour que nous puissions vendre ce rosé.
Jean-Pierre le sirota admirativement.
– Il est excellent. Je suis vraiment fier que ma patronne ait fabriqué ce vin.
Quand Olivia jeta un autre coup d’œil vers le restaurant, elle vit que Gabriella était furieuse. Quand elle tourna la tête, l’autre femme disparut de sa vue, visiblement déçue qu’Olivia n’ait été ni réprimandée ni licenciée.
Finalement, Olivia se permit d’admirer la couleur éclatante de sa toute première création de vin sans se sentir coupable.
– Le timing est parfait, expliqua Nadia. Le plus prestigieux des critiques de vin de Toscane, Raffaele di Maggio, va visiter notre exploitation viticole cette semaine pour goûter et noter nos nouveaux produits. Nous pourrons lui présenter ce rosé. Une évaluation favorable sur son site web toscan Wine Tourism aiderait énormément à lancer ce vin. Ce critique a beaucoup d’influence et son site est devenu extrêmement populaire.
– Je me souviens de