La Vie Nouvelle (La Vita Nuova). Dante Alighieri

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La Vie Nouvelle (La Vita Nuova) - Dante Alighieri

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de s'en faire quelque idée qui ne soit pas trop éloignée de la réalité.

      La famille de Dante, dont il se plaît a faire remonter l'origine à des temps très lointains, ne paraît avoir eu à Florence qu'une situation très modeste.

      Il perdit son père à l'âge de dix ans. Les Alighieri étaient sans doute dans l'aisance. Dante possédait lui-même, lors de son priorat, plusieurs propriétés, tant à Florence que dans les environs, dont nous ne connaissons pas l'importance, et dont la confiscation accompagna sa condamnation à l'exil. Et l'on pourrait dire, si cette expression était de mise ici, qu'il appartenait à une bourgeoisie aisée.

      Dante avait perdu sa mère (Bella) de bonne heure, et son père s'était remarié. Mous ne savons pas la part que sa belle-mère (matrigna) a pu prendre aux premières années de sa vie, et à son éducation. Quoi qu'il en soit, celle-ci paraît avoir été très soignée, et l'on ne peut s'empêcher de remarquer que tout, dans ses habitudes d'extrême politesse, dans la délicatesse et le raffinement de son langage, semblerait porter l'empreinte d'une éducation féminine.

      Il avait beaucoup de goût pour les arts, la musique surtout, et il avait étudié le dessin auprès de son ami Giotto et de Cimabue. Quant à la poésie, bien «qu'il se fût de bonne heure exercé à rimer», c'est à son amour pour Béatrice, morte en 1290, qu'il rapporte lui-même le développement de ses instincts poétiques.

      Brunetto Latini était né à Florence en 1210; il y est mort en 1284. Il était en 1263 à Paris, et il a fait un long séjour en France. Il ne rentra à Florence qu'en 1266, avec les autres exilés Guelfes. Ce n'est donc qu'après l'âge de dix-neuf ans que Dante a pu s'entretenir avec lui, car il ne s'est agi peut-être que d'un commerce plutôt intellectuel et aflectueux que d'un enseignement proprement dit.

      S'il a pu concevoir dès son enfance une passion qui ne devait jamais s'éteindre (en dépit d'éclipses passagères), on doit croire que, dans cette âme extraordinaire, la pensée et l'imagination n'ont pas dû montrer une moindre précocité.

      Le désordre où vivait la société d'alors, les révolutions incessantes que subissait le gouvernement de son pays, le spectacle humiliant et scandaleux qu'offrait le gouvernement de l'Église, depuis le trône de saint Pierre jusqu'aux dernières ramifications du monde ecclésiastique, ont dû faire éclore de bonne heure, dans cette tête puissante et dans ce coeur d'une merveilleuse sensibilité, bien des rêves étranges et des conceptions extraordinaires, s'agiter bien des doutes cuisans, peut-être même se former déjà des fantasmagories délirantes.

      Du reste, il ne nous éclaire pas lui-même sur son genre de vie et ses habitudes. On peut remarquer que, soit dans les récits en prose de la Vita nuova, soit dans les vers qu'ils encadrent, il ne s'écarte pas un instant de ce qui touche à Béatrice, qu'il s'agisse d'incidens quelconques ou de sa propre pensée.

      Cependant, si la pureté de sa passion pour Béatrice n'a subi aucune tache, il ne paraît pas que l'on puisse en dire autant pour ce qui concerne d'autres périodes de son existence.

      A quelle époque peut-on faire remonter ces allusions à certains incidens dont on a cru retrouver quelques indices dans l'oeuvre du Poète, et qu'a rassemblés la légende? dirons-nous la malignité?

      Il est encore un point que je voudrais toucher.

      On s'est plu à voir dans la Divine Comédie une construction architecturale

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