LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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parlait d’une voix si douce, si désolée, qu’elle fut tout attendrie, et lui demanda :

      – écoute avant tout, je veux savoir. Ça dépendra de ce que tu as à lui dire… Sois franc, mon petit… Qu’est-ce que tu lui veux, à Geneviève ?

      Il prononça gravement :

      – Je veux lui dire ceci : « Geneviève, j’avais promis à ta mère de te donner la fortune, la puissance, une vie de conte de fées. Et ce jour-là, mon but atteint, je t’aurais demandé une petite place, pas bien loin de toi. Heureuse et riche, tu aurais oublié, oui, j’en suis sûr, tu aurais oublié ce que je suis, ou plutôt ce que j’étais. Par malheur, le destin est plus fort que moi. Je ne t’apporte ni la fortune, ni la puissance. Je ne t’apporte rien. Et c’est moi au contraire qui ai besoin de toi. Geneviève, peux-tu m’aider ? »

      – À quoi ? fit la vieille femme anxieuse.

      – À vivre…

      – Oh ! dit-elle, tu en es là, mon pauvre petit…

      – Oui, répondit-il simplement, sans douleur affectée… oui, j’en suis là. Trois êtres viennent de mourir, que j’ai tués, que j’ai tués de mes mains. Le poids du souvenir est trop lourd. Je suis seul. Pour la première fois de mon existence, j’ai besoin de secours. J’ai le droit de demander ce secours à Geneviève. Et son devoir est de me l’accorder… Sinon ?…

      – Tout est fini.

      La vieille femme se tut, pâle et frémissante. Elle retrouvait toute son affection pour celui qu’elle avait nourri de son lait, jadis, et qui restait, encore et malgré tout, « son petit ». Elle demanda :

      – Qu’est-ce que tu feras d’elle ?

      – Nous voyagerons… Avec toi, si tu veux nous suivre…

      – Mais tu oublies… tu oublies…

      – Quoi ?

      – Ton passé…

      – Elle l’oubliera aussi. Elle comprendra que je ne suis plus cela, et que je ne peux plus l’être.

      – Alors, vraiment, ce que tu veux, c’est qu’elle partage ta vie, la vie de Lupin ?

      – La vie de l’homme que je serai, de l’homme qui travaillera pour qu’elle soit heureuse, pour qu’elle se marie selon ses goûts. On s’installera dans quelque coin du monde. On luttera ensemble, l’un près de l’autre. Et tu sais ce dont je suis capable…

      Elle répéta lentement, les yeux fixés sur lui :

      – Alors, vraiment, tu veux qu’elle partage la vie de Lupin ?

      Il hésita une seconde, à peine une seconde et affirma nettement :

      – Oui, oui, je le veux, c’est mon droit.

      – Tu veux qu’elle abandonne tous les enfants auxquels elle s’est dévouée, toute cette existence de travail qu’elle aime et qui lui est nécessaire ?

      – Oui, je le veux, c’est son devoir.

      La vieille femme ouvrit la fenêtre et dit :

      – En ce cas, appelle-la.

      Geneviève était dans le jardin, assise sur un banc. Quatre petites filles se pressaient autour d’elle. D’autres jouaient et couraient.

      Il la voyait de face. Il voyait ses yeux souriants et graves. Une fleur à la main, elle détachait un à un les pétales et donnait des explications aux enfants attentives et curieuses. Puis elle les interrogeait. Et chaque réponse valait à l’élève la récompense d’un baiser.

      Lupin la regarda longtemps avec une émotion et une angoisse infinies. Tout un levain de sentiments ignorés fermentait en lui. Il avait une envie de serrer cette belle jeune fille contre lui, de l’embrasser, et de lui dire son respect et son affection. Il se souvenait de la mère, morte au petit village d’Aspremont, morte de chagrin…

      – Appelle-la donc, reprit Victoire.

      Il s’écroula sur un fauteuil en balbutiant :

      – Je ne peux pas… Je ne peux pas… Je n’ai pas le droit… C’est impossible… Qu’elle me croie mort… Ça vaut mieux…

      Il pleurait, secoué de sanglots, bouleversé par un désespoir immense, gonflé d’une tendresse qui se levait en lui, comme ces fleurs tardives qui meurent le jour même où elles éclosent.

      La vieille s’agenouilla, et, d’une voix tremblante :

      – C’est ta fille, n’est-ce pas ?

      – Oui, c’est ma fille.

      – Oh ! Mon pauvre petit, dit-elle en pleurant, mon pauvre petit !…

       Le suicide

      Table des matières

      – 1 –

      – À cheval, dit l’Empereur.

      Il se reprit :

      – À âne plutôt, fit-il en voyant le magnifique baudet qu’on lui amenait. Waldemar, es-tu sûr que cet animal soit docile ?

      – J’en réponds comme de moi-même, Sire, affirma le comte.

      – En ce cas, je suis tranquille, dit l’Empereur en riant.

      Et, se retournant vers son escorte d’officiers :

      – Messieurs, à cheval.

      Il y avait là, sur la place principale du village de Capri, toute une foule que contenaient des carabiniers italiens, et, au milieu, tous les ânes du pays réquisitionnés pour faire visiter à l’Empereur l’île merveilleuse…

      – Waldemar, dit l’Empereur, en prenant la tête de la caravane, nous commençons par quoi ?

      – Par la villa de Tibère, Sire.

      On passa sous une porte, puis on suivit un chemin mal pavé qui s’élève peu à peu sur le promontoire oriental de l’île.

      L’Empereur était de mauvaise humeur et se moquait du colossal comte de Waldemar dont les pieds touchaient terre, de chaque côté du malheureux âne qu’il écrasait.

      Au bout de trois quarts d’heure, on arriva d’abord au Saut-de-Tibère, rocher prodigieux, haut de trois cents mètres, d’où le tyran précipitait ses victimes à la mer…

      L’Empereur descendit, s’approcha de la balustrade, et jeta un coup d’œil

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