LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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vue était magnifique sur la pointe de Sorrente et sur toute l’île de Capri. Le bleu ardent de la mer dessinait la courbe admirable du golfe, et les odeurs fraîches se mêlaient au parfum des citronniers.

      – Sire, dit Waldemar, c’est encore plus beau, de la petite chapelle de l’ermite, qui est au sommet.

      – Allons-y.

      Mais l’ermite descendait lui-même, le long d’un sentier abrupt. C’était un vieillard, à la marche hésitante, au dos voûté. Il portait le registre où les voyageurs inscrivaient d’ordinaire leurs impressions.

      Il installa ce registre sur un banc de pierre.

      – Que dois-je écrire ? dit l’Empereur.

      – Votre nom, Sire, et la date de votre passage et ce qu’il vous plaira.

      L’Empereur prit la plume que lui tendait l’ermite et se baissa.

      – Attention, Sire, attention !

      Des hurlements de frayeur, un grand fracas du côté de la chapelle, l’Empereur se retourna. Il eut la vision d’un rocher énorme qui roulait en trombe au-dessus de lui.

      Au même moment il était empoigné à bras-le-corps par l’ermite et projeté à dix mètres de distance.

      Le rocher vint se heurter au banc de pierre devant lequel se tenait l’Empereur un quart de seconde auparavant, et brisa le banc en morceaux.

      Sans l’intervention de l’ermite, l’Empereur était perdu.

      Il lui tendit la main, et dit simplement :

      – Merci.

      Les officiers s’empressaient autour de lui.

      – Ce n’est rien, messieurs… Nous en serons quittes pour la peur… mais une jolie peur, je l’avoue… Tout de même, sans l’intervention de ce brave homme…

      Et, se rapprochant de l’ermite :

      – Votre nom, mon ami ?

      L’ermite avait gardé son capuchon. Il l’écarta un peu, et tout bas, de façon à n’être entendu que de son interlocuteur, il dit :

      – Le nom d’un homme qui est très heureux que vous lui ayez donné la main, Sire.

      L’Empereur tressaillit et recula. Puis, se dominant aussitôt :

      – Messieurs, dit-il aux officiers, je vous demanderai de monter jusqu’à la chapelle. D’autres rocs peuvent se détacher, et il serait peut-être prudent de prévenir les autorités du pays. Vous me rejoindrez ensuite. J’ai à remercier ce brave homme.

      Il s’éloigna, accompagné de l’ermite. Et quand ils furent seuls, il dit :

      – Vous ! Pourquoi ?

      – J’avais à vous parler, Sire. Une demande d’audience me l’auriez-vous accordée ? J’ai préféré agir directement, et je pensais me faire reconnaître pendant que Votre Majesté signait le registre quand ce stupide accident…

      – Bref ? dit l’Empereur.

      – Les lettres que Waldemar vous a remises de ma part, Sire, ces lettres sont fausses.

      L’Empereur eut un geste de vive contrariété.

      – Fausses ? Vous en êtes certain ?

      – Absolument, Sire.

      – Pourtant, ce Malreich…

      – Le coupable n’était pas Malreich.

      – Qui, alors ?

      – Je demande à Votre Majesté de considérer ma réponse comme secrète. Le vrai coupable était Mme Kesselbach.

      – La femme même de Kesselbach ?

      – Oui, Sire. Elle est morte maintenant. C’est elle qui avait fait ou fait faire les copies qui sont en votre possession. Elle gardait les vraies lettres.

      – Mais où sont-elles ? s’écria l’Empereur. C’est là l’important ! Il faut les retrouver à tout prix ! J’attache à ces lettres une valeur considérable

      – Les voilà, Sire.

      L’Empereur eut un moment de stupéfaction. Il regarda Lupin, il regarda les lettres, leva de nouveau les yeux sur Lupin, puis empocha le paquet sans l’examiner.

      évidemment, cet homme, une fois de plus, le déconcertait. D’où venait donc ce bandit qui, possédant une arme aussi terrible, la livrait de la sorte, généreusement, sans condition ? Il lui eût été si simple de garder les lettres et d’en user à sa guise ! Non, il avait promis. Il tenait sa parole.

      Et l’Empereur songeait à toutes les choses étonnantes que cet homme avait accomplies.

      Il lui dit :

      – Les journaux ont donné la nouvelle de votre mort…

      – Oui, Sire. En réalité, je suis mort. Et la justice de mon pays, heureuse de se débarrasser de moi, a fait enterrer les restes calcinés et méconnaissables de mon cadavre.

      – Alors, vous êtes libre ?

      – Comme je l’ai toujours été.

      – Plus rien ne vous attache à rien ?

      – Plus rien.

      – En ce cas…

      L’Empereur hésita, puis, nettement :

      – En ce cas, entrez à mon service. Je vous offre le commandement de ma police personnelle. Vous serez le maître absolu. Vous aurez tous pouvoirs, même sur l’autre police.

      – Non, Sire.

      – Pourquoi ?

      – Je suis Français.

      Il y eut un silence. La réponse déplaisait à l’Empereur. Il dit :

      – Cependant, puisqu’aucun lien ne vous attache plus…

      – Celui-là ne peut pas se dénouer, Sire.

      Et il ajouta en riant :

      – Je suis mort comme homme, mais vivant comme Français. Je m’étonne que Votre Majesté ne comprenne pas.

      L’Empereur fit quelques pas de droite et de gauche. Et il reprit :

      – Je voudrais pourtant m’acquitter. J’ai su que les négociations pour le grand-duché de Veldenz étaient rompues.

      – Oui, Sire. Pierre Leduc était un imposteur. Il est mort.

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