La Saga de Njal. Anonyme
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу La Saga de Njal - Anonyme страница 13
Glum offrit à Thorarin d'échanger leurs domaines. Thorarin dit qu'il ne voulait pas; «Mais dis à Halgerd, que si je vis plus que toi, je veux avoir Varmalæk à moi». Glum le dit à Halgerd. Elle répondit: «Thorarin peut bien attendre cela de nous».
XV
Thjostolf avait battu un serviteur d'Höskuld et Höskuld le chassa de chez lui. Thjostolf prit son cheval et ses armes et dit à Höskuld: «Voilà que je m'en vais, et je ne reviendrai jamais».--«Et chacun s'en réjouira» dit Höskuld. Thjostolf s'en alla chevauchant jusqu'à Varmalæk. Il fut bien reçu par Halgerd, pas mal par Glum. Il dit à Halgerd que son père l'avait chassé, et lui demanda son aide. Elle répondit qu'elle ne pouvait lui promettre de le garder chez elle avant d'avoir parlé à Glum. «Êtes-vous bien ensemble?» dit-il.--«Nous nous aimons bien» répondit-elle. Après cela elle alla trouver Glum, lui mit ses bras autour du cou et lui dit: «M'accorderas-tu une demande que j'ai à te faire?»--«Je veux bien, répondit-il, si c'est une chose qui te fasse honneur; que demandes-tu?» Elle dit: «Thjostolf a été chassé de là-bas, et je veux que tu lui permettes de demeurer ici. Pourtant je ne le prendrai pas mal, si tu n'es pas de cet avis».--Glum dit: «Puisque tu te comportes si bien, je t'accorderai cela. Mais dis-lui qu'il sera chassé s'il fait quelque mauvais coup». Elle va trouver Thjostolf et le lui dit. Il répond: «Tu es bonne comme je m'y attendais». Il resta là et se tint tranquille quelque temps. Pourtant il vint un moment où on vit qu'il gâtait tout. Il ne laissait personne en paix, hormis Halgerd. Mais elle ne s'en mêlait pas quand il avait querelle avec d'autres. Thorarin, le frère de Glum, lui fit des reproches d'avoir gardé Thjostolf. Il dit que cela finirait mal, comme avant, si Thjostolf restait là. Glum lui répondit de bonnes paroles, et n'en fit qu'à sa tête.
XVI
Il arriva un certain automne que les gens avaient de la peine à rentrer le bétail, et il manqua à Glum plusieurs moutons, Glum dit à Thjostolf: «Va dans la montagne avec mes gens, et voyez si vous trouverez quelqu'une de mes bêtes».--«Ce n'est pas mon affaire de conduire des troupeaux, dit Thjostolf; et je ne veux pas marcher derrière les esclaves. Vas-y toi-même, et j'irai avec toi». Là dessus ils se dirent beaucoup d'injures.
Halgerd était assise dehors, et le temps était beau. Glum vint à elle et lui dit: «Nous avons eu de mauvaises paroles, Thjostolf et moi, et nous ne pouvons plus vivre ensemble à présent» et il lui dit tout ce qui s'était passé. Halgerd parla pour Thjostolf, et ils finirent par se dire des injures. Glum la frappa avec la main en disant: «Je ne discuterai pas plus longtemps avec toi» et là dessus il s'en alla.
Elle l'aimait beaucoup, et elle se mit à pleurer très fort, et elle ne pouvait se calmer. Thjostolf vint la trouver et lui dit: «On te traite mal, et il ne faut pas que cela arrive souvent».--«Tu n'as pas à me venger, dit-elle, ni à te mêler de ce qui se passe entre nous». Il s'en alla, et il ricanait.
XVII
Glum appela des hommes pour aller avec lui chercher ses bêtes, et Thjostolf s'apprêta à partir aussi. Ils prirent au sud, et remontèrent le Reykjardal jusqu'à Baugagil, et plus haut jusqu'au Tverfell. Là ils se séparèrent. Les uns s'en allèrent dans le Skorradal; les autres, Glum les envoya au sud, dans la montagne de Sulna. Et ils trouvèrent tous beaucoup de moutons. Il arriva ainsi qu'ils furent tous deux seuls, Glum et Thjostolf. Ils s'en allèrent au sud du Tverfell et trouvèrent là des moutons sauvages qu'ils chasseront vers la montagne. Mais les bêtes se sauvaient sur les hauteurs. Alors ils s'injurièrent l'un l'autre, et Thjostolf dit à Glum qu'il n'avait de force que pour dormir dans les bras d'Halgerd.--«Il n'est pires ennemis que ceux qu'on a chez soi», répondit Glum. «Faut-il que j'écoute tes injures, esclave échappé que tu es?»--«Tu vas voir, dit Thjostolf, que je ne suis pas un esclave, car je ne reculerai pas devant toi». Alors Glum entra en colère et leva sa hache sur Thjostolf, Thjostolf para le coup avec la sienne et celle de Glum entra dans le fer et s'y enfonça de deux doigts. Thjostolf frappa à son tour, sa hache atteignit Glum à l'épaule et lui brisa l'omoplate et la clavicule. Un flot de sang sortit de la blessure. Glum saisit Thjostolf de l'autre main, avec tant de force qu'il le fit tomber. Mais il dut lâcher prise, car la mort vint sur lui.
Thjostolf couvrit le corps de pierres et lui prit son anneau d'or. Puis il s'en retourna à Varmalæk. Halgerd était dehors et elle vit que sa hache était couverte de sang. Il jeta l'anneau d'or devant elle. «Quelles nouvelles m'apportes-tu? dit-elle, et pourquoi ta hache a-t-elle du sang»? Il répondit: «Je ne sais pas comment tu vas le prendre: je t'annonce la mort de Glum».--«C'est toi qui l'a tué», dit-elle. «C'est vrai», répondit-il. Elle se mit à rire et dit: «Tu n'es pas paresseux à la besogne».--«Que dois-je faire maintenant»? dit-il.--«Va trouver, répondit-elle, Hrut le frère de mon père, il prendra soin de toi».--«Je ne sais pas, dit Thjostolf, si c'est agir sagement, je suivrai pourtant ton conseil».
Il monta à cheval et s'en alla; il ne s'arrêta pas avant d'être à Hrutstad. C'était la nuit; il attache son cheval derrière la maison, puis il va à la porte et frappe un grand coup. Après cela il retourne derrière la maison, du côté du nord.
Hrut s'était éveillé. Il chaussa ses souliers, mit ses braies, et prit son épée à la main. Il avait roulé son manteau autour de son bras gauche, jusqu'au coude. Ses gens s'éveillèrent comme il sortait. Il fit le tour de la muraille, vers le nord, et il vit là un homme de grande taille. Il reconnut Thjostolf. Il lui demanda ce qu'il y avait de nouveau. «Je t'annonce la mort de Glum », dit Thjostolf.--«Qui a fait cela»? dit Hrut.--«C'est moi», dit Thjostolf.--«Comment es-tu venu ici»? dit Hrut.--«C'est Halgerd qui m'a envoyé vers toi», dit Thjostolf.--«Ce n'est donc pas elle qui t'a fait faire cela», dit Hrut, et il tire son épée, Thjostolf le voit, et il ne veut pas demeurer en arrière, il porte un coup de sa hache vers Hrut. Hrut sauta de côté pour éviter le coup, et de la main gauche il frappa le plat de la hache si fort que la hache tomba des mains de Thjostolf. De la main droite il lui enfonça son épée dans la jambe, au-dessus du genou, après quoi il se jeta sur lui et le renversa. Thjostolf tomba en arrière et sa jambe pendait. Hrut lui donna un dernier coup à la tête, et ce fut le coup de la mort.
À ce moment, les gens de Hrut sortirent et virent ce qui était arrivé. Hrut fit emporter Thjostolf et enterrer le cadavre; après cela il alla trouver Höskuld et lui dit la mort de Glum et celle de Thjostolf. Höskuld fut d'avis que c'était grand dommage pour Glum, et il remercia Hrut d'avoir tué Thjostolf.
Il faut conter maintenant que Thorarin, frère de Ragi, apprend la mort de son frère Glum. Il monte à cheval avec douze hommes et s'en va vers les vallées de l'ouest. Il arrive à Höskuldstad. Höskuld le reçoit à bras ouverts, et il y passe la nuit. Höskuld envoie en hâte vers Hrut, et lui fait dire de venir.
Hrut arriva aussitôt. Et le jour d'après, ils parlèrent longtemps de la mort de Glum. Thorarin dit: «Veux-tu me faire des offres pour la mort de mon frère? car j'ai perdu beaucoup en le perdant.» Höskuld répondit: «Ce n'est pas moi qui ai tué ton frère, et ce n'est pas ma fille qui l'a fait tuer; et sitôt que Hrut l'a su, il a tué Thjostolf.» Alors Thorarin se tut, et il lui semblait que l'affaire tournait mal. Hrut dit: