La Saga de Njal. Anonyme
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Les vaisseaux de Hrut avançaient à force de rames. Quand on fut assez près pour s'entendre, Atli se leva et dit: «Vous allez comme des imprudents. N'avez-vous pas vu qu'il y avait des vaisseaux de guerre dans le détroit? Quel est le nom de votre chef?»--«Je m'appelle Hrut» répondit-il.--«Qui es-tu? dit Atli.--«L'homme du roi Harald Grafeld» dit Hrut.--«Il y a longtemps, dit Atli, que mon père et moi nous avons cessé d'être bons amis avec votre roi de Norvège.»--«Ce sera pour votre malheur» dit Hrut. «Notre rencontre sera telle, dit Atli, que tu n'auras point de nouvelles à en dire.» Il prit un javelot, et le lança sur le vaisseau de Hrut; et l'homme qui conduisait le vaisseau fut tué. Alors la bataille commença, et ils eurent grand'peine à aborder le vaisseau de Hrut. Ulf se battait bien: il donnait de grands coups, frappant d'estoc et de taille. Le pilote d'Atli s'appelait Asolf. Il sauta sur le vaisseau de Hrut, et tua quatre hommes avant que Hrut ne s'en fût aperçu. Hrut se retourne, et vient à sa rencontre. Ils se joignent, et Asolf, d'un coup de pointe, perce le bouclier de Hrut. Mais Hrut lève son épée sur Asolf, et lui donne le coup de la mort.
Ulf Uthvegin l'avait vu. «En vérité, Hrut, dit-il, tu donnes de beaux coups. Mais aussi tu as de grands remerciements à faire à Gunhild.»--«J'ai peur, répondit Hrut, que ce ne soient tes dernières paroles.» À ce moment, Atli vit qu'Ulf se découvrait. Il lui lança un javelot au travers du corps.
Après cela la bataille devint furieuse. Atli sauta sur le vaisseau de Hrut, et il faisait le vide tout autour de lui. Össur vint à sa rencontre, l'épée en avant, mais il tomba à la renverse, frappé par un autre. Alors Hrut accourut au devant d'Atli, Atli leva son épée, et fendit d'un coup le bouclier de Hrut. En même temps, une pierre l'atteignit à la main, et l'épée tomba. Hrut la prit, et abattit le pied d'Atli. Après quoi, il lui donna le coup de la mort.
Hrut et ses gens firent beaucoup de butin. Ils prirent avec eux les deux meilleurs vaisseaux, et ils restèrent là un peu de temps. Soti avec les siens leur avait échappé. Il avait fait voile pour retourner en Norvège. Il débarqua sur la côte de Limgard. Il y trouva Ögmund, l'homme de Gunhild. Ögmund reconnut tout d'abord Soti, et lui demanda: «Combien de temps penses-tu rester ici?»--«Trois nuits.» dit Soti.--«Où iras-tu ensuite?» dit Ögmund. «À l'ouest, en Angleterre, dit Soti, et je ne reviendrai jamais en Norvège, tant que durera la puissance de Gunhild.» Ögmund s'en alla, et vint trouver Gunhild; elle était près de là, chez des hôtes, avec son fils Gudröd. Ögmund dit à Gunhild ce que Soti comptait faire; et elle donna ordre à son fils Gudröd d'aller tuer Soti. Gudröd partit sur l'heure. Il tomba sur Soti à l'improviste, et le fit amener à terre où on le pendit. Puis il prit tous ses trésors pour sa mère. Elle envoya des hommes débarquer le butin, et le porter à Konungahella, après quoi elle y alla elle même.
Hrut revint à l'automne. Il avait fait beaucoup de butin. Il alla tout d'abord trouver le roi, qui lui fit bon accueil. Il lui offrit, et à sa mère, de prendre ce qu'ils voudraient de ses richesses; et le roi en prit le tiers. Gunhild dit à Hrut qu'elle avait mis la main sur l'héritage et fait tuer Soti. Hrut la remercia, et partagea par moitié avec elle.
VI
Hrut passa l'hiver chez le roi, et il était de joyeuse humeur; mais aux approches du printemps, il devint silencieux. Gunhild s'en aperçut, et elle lui parla un jour qu'ils étaient seuls ensemble. «As-tu du souci, Hrut?» lui demanda-t-elle. Hrut répondit: «On a dit vrai: Malheur à ceux qui sont nés sur une mauvaise terre.»--«Veux-tu retourner en Islande?» dit-elle.--«Je le veux» répondit-il.»--«As-tu quelque femme là-bas?»--«Non.»--«Et pourtant j'en suis bien sûre.» Et ils n'en dirent pas plus long.
Hrut alla devant le roi, et le salua. Le roi demanda: «Que veux-tu Hrut?»--«Je veux vous prier, Seigneur, de me donner congé pour retourner en Islande.»--« Auras-tu là-bas plus d'honneurs qu'ici?» dit le roi.--«Non, dit Hrut, mais il faut que chacun suive sa destinée.»--«C'est peine perdue de lutter contre un plus fort, dit Gunhild. Donne-lui congé; qu'il parte quand il lui plaira.» L'année était mauvaise dans le pays, et pourtant le roi lui donna de la farine, autant qu'il en voulut. Il mit donc son vaisseau en état pour aller en Islande, et Össur avec lui.
Quand ils furent prêts, Hrut vint trouver le roi et Gunhild. Gunhild le prit à part et lui dit: «Voici un anneau d'or que je veux te donner» et elle le lui passa au bras. «J'ai reçu de toi beaucoup de beaux cadeaux» dit Hrut. Elle lui mit les bras autour du cou, le baisa et dit: «Si j'ai autant de puissance sur toi que je me l'imagine, voici que je te jette un sort, et je veux que tu n'aies pas de bonheur avec cette femme que tu vas prendre en Islande, mais tu pourras trouver ton plaisir avec d'autres femmes. Et maintenant nous ne serons heureux ni l'un ni l'autre: car tu n'as pas eu confiance en moi.» Hrut se mit à rire et s'en alla. Il vint trouver le roi, et le remercia de l'avoir toujours bien traité, et comme un chef. Le roi lui souhaita bon voyage. Il dit que Hrut était un homme très-brave, et qui pouvait aller de pair avec les plus grands. Hrut monta sur son vaisseau, et mit à la voile. Il eut bon vent, et ils arrivèrent, lui et les siens, dans le Borgarfjord.
Sitôt que le vaisseau fut à terre, Hrut s'en alla chez lui, dans l'Ouest, et Össur resta pour décharger. Hrut vint à Höskuldstad. Son frère le reçut avec joie, et Hrut lui conta ses aventures. Après cela, il envoya un homme dans le pays de la Ranga, dire à Mörd Gigja de se préparer pour la noce. Les deux frères allèrent au vaisseau, et Höskuld dit à Hrut l'état de ses biens. Ils s'étaient beaucoup accrus depuis que Hrut était parti. Hrut dit: «Je ne te le revaudrai jamais comme je le devrais, frère; mais je vais te donner de la farine, autant qu'il t'en faudra pour la maison durant l'hiver.» Ils tirèrent le vaisseau à terre, lui firent un abri, et portèrent toute la cargaison dans la vallée de l'Ouest.
Hrut resta six semaines chez lui, à Hrutstad. Alors les deux frères et Össur se préparèrent à partir pour la noce de Hrut. Ils montèrent à cheval, et soixante hommes avec eux. Ils chevauchèrent d'une traite jusqu'à la plaine de la Ranga. Il y avait grande foule d'hôtes. Les hommes prirent place sur les bancs du fond, et les femmes sur les bancs de côté. La fiancée était triste. On versa à boire, et la noce se passa bien. Mörd compta la dot de sa fille, et elle partit avec Hrut pour le pays de l'Ouest. Ils chevauchèrent sans s'arrêter jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés chez eux. Hrut donna à sa femme toute puissance sur l'intérieur de sa maison, et chacun trouva que c'était bien. Et pourtant ils ne semblaient pas faire bon ménage. Cela dura ainsi jusqu'au printemps.
Quand le printemps fut venu, Hrut eut à faire un voyage aux fjords de l'Ouest, pour chercher l'argent de sa cargaison. Comme il allait partir Unn lui dit: «Penses-tu revenir avant que les hommes aillent au ting?»--«Pourquoi?» dit Hrut.--«C'est que je veux aller au ting, dit-elle, et voir mon père.»--«Ce sera comme tu veux, dit-il, et j'irai au ting avec toi.»--«C'est bien» dit-elle.
Hrut monta à cheval et partit pour les fjords de l'Ouest. Il plaça tout son argent, et revint chez lui. Dès qu'il fut revenu, il se prépara à partir pour le ting. Tous ses voisins devaient venir avec lui. Höskuld son frère en était aussi. Hrut dit à sa femme: «Si tu as toujours autant d'envie de venir au ting, prépare-toi, et pars avec moi. » Elle fut bientôt prête et ils se mirent en route. Ils chevauchèrent sans s'arrêter jusqu'au ting.
Unn entra dans la hutte de son père. Il lui fit joyeux accueil; mais elle était d'humeur assez sombre. Il s'en aperçut, et dit: «Je t'ai vu meilleur visage autrefois; qu'as-tu sur le cœur?» Elle se mit à pleurer et ne répondit rien. Alors il lui dit: «Pourquoi es-tu venue au ting, si tu ne veux pas répondre et te fier à moi? Ne te plais-tu pas dans ce pays de l'Ouest?» Elle répondit: «Je donnerais tout ce que j'ai pour n'y être jamais venue.» Mörd dit: «Il faut que je sache ce