Le serment des hommes rouges: Aventures d'un enfant de Paris. Ponson du Terrail

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Le serment des hommes rouges: Aventures d'un enfant de Paris - Ponson du Terrail

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d'attendre les renseignements qu'il allait recevoir, afin qu'il pût aller sur les traces du ravisseur.

      Mais le magistrat secoua la tête.

      —Ce que vous sollicitez là, monsieur le comte, est impossible, dit-il.

      —Impossible! pourquoi?

      —Parce que je vous arrête!

      —Vous m'arrêtez?

      —Comme accusé d'assassinat sur la personne de votre ancien ami, le marquis de Vilers!...

      Lavenay devint livide.

      Comment M. de Marville savait-il que M. de Lavenay avait tué le marquis?

      Le duel n'avait eu d'autre témoin que Tony.

      Et ce n'était pas lui qui avait averti le lieutenant de police.

      Mais M. de Marville venait de parler au jugé.

      Il n'avait que des soupçons et voulait les changer en certitude.

      A la suite des nombreux crimes qui se commettaient chaque nuit dans Paris, M. de Marville avait pris une ordonnance fort sage pour l'époque.

      Cette ordonnance, en date du 17 mai 1743, prescrivait à tout chirurgien d'avoir à déclarer à la police, dans les vingt-quatre heures, le nom, le domicile et le genre de blessure des gens qu'on portait à soigner chez eux.

      De cette façon, quand deux gentilshommes se coupaient galamment la gorge, il n'était plus possible au blessé de se faire soigner en secret et de cacher le duel.

      Les exempts avaient reçu en même temps des ordres très sévères sur le même sujet.

      Ils ne pouvaient plus, comme autrefois, dire en trouvant un cadavre sanglant:

      —Voilà un homme qui s'est battu. Tant pis pour lui!...

      Il leur fallait au contraire recueillir sur la cause et les circonstances du duel tous les renseignements possibles.

      Quelques-uns remplissaient exactement ce devoir; beaucoup trop le négligeaient.

      Or, par hasard, l'exempt qui avait vu relever le cadavre et l'avait fait transporter aux caveaux du Châtelet était un homme intelligent et zélé.

      Grâce aux soins pris par Tony, il n'avait pu constater l'identité du mort.

      Mais il avait questionné tous les portiers de la place Royale.

      Et il avait appris qu'un homme en manteau rouge avait été vu, vers l'heure du meurtre, d'abord entrant fort tranquillement dans cette place, puis s'éloignant à pas rapides.

      Cet agent avait fait son rapport au lieutenant de police.

      Et celui-ci, voyant le manteau rouge de Lavenay, s'était dit tout de suite:

      —Voilà le meurtrier.

      Quant au nom de la victime, il l'avait trouvé par un semblable enchaînement d'idées:

      Lavenay, encore en manteau rouge, déclarait venir de l'hôtel de Vilers... où l'on avait enlevé la marquise... qu'il paraissait aimer plus qu'il ne fallait...

      Et le mari de celle-ci avait disparu?...

      Évidemment la victime de la veille, ce gentilhomme inconnu, dont on cherchait le nom, c'était le marquis.

      M. de Marville tenta l'épreuve.

      On a vu comment elle réussit. La pâleur de Lavenay lui prouva qu'il avait touché juste.

      Cependant, la première surprise passée, le comte se remit:

      —Monsieur le lieutenant de police, dit-il, on a bien raison de prétendre qu'aucun fait ne vous est longtemps ignoré. Je vous donnerai tout à l'heure des explications qui vous satisferont, je l'espère. Cependant mes amis, MM. de Lacy et Maurevailles, attendent avec une impatience fébrile le résultat de ma démarche. Moi-même, je suis plus anxieux sur le sort de madame la marquise de Vilers que sur le mien propre. J'ai tué en duel loyal son mari, qui m'avait mortellement offensé. Mais un grand danger la menace, je le sens, j'en suis sûr. Si je ne puis courir sur les traces du ravisseur, permettez-moi au moins de prier mes amis, sur qui ne pèse aucune accusation, d'y aller à ma place.

      M. de Marville ne répondit pas, mais pour la seconde fois, il frappa sur le timbre.

      L'huissier parut.

      —Dites à M. La Rivière de venir ici.

      L'huissier s'inclina et sortit.

      XV

      LE RAVISSEUR DE LA MARQUISE

      Presque aussitôt apparut M. La Rivière, un gros bonhomme à la face rougeaude, au sourire béat, tout le contraire du type que l'on se fait généralement du policier de l'ancien régime. Il est vrai que ses petits yeux gris, percés en vrilles, brillaient comme deux étoiles derrière les lunettes bleues qui les abritaient. Sans ces deux yeux, on eût pu prendre M. La Rivière pour un franc imbécile. Quand on les avait vus fixés sur soi, on frissonnait.

      M. La Rivière fit un magnifique salut et attendit, les mains croisées sur son ventre, que M. de Marville l'interrogeât.

      —La Rivière, demanda le lieutenant général, a-t-on exécuté mes ordres relativement aux barrières?

      Le policier tira sa montre, une grosse montre d'argent:

      —L'expédition a été faite à moins onze, supputa-t-il, le départ à moins quatre... Mettons quinze minutes l'une dans l'autre pour le trajet ventre à terre. Monseigneur, dans trois minutes tous les postes seront prévenus. La plupart les ont déjà.

      —Et s'il y a un résultat? ne put s'empêcher de demander Lavenay.

      M. La Rivière répondit:

      —S'il y a un résultat, monseigneur le saura au bout d'un quart d'heure.

      M. de Marville congédia du geste le policier qui salua et disparut.

      —Vous le voyez, comte, dit-il, tout est prévu.

      Les mesures les plus sérieuses sont prises. Vous n'avez donc rien à redouter pour la marquise. Quant à vos amis qui vous attendent, je ne veux pas les laisser se morfondre inutilement sur la place Vendôme, où ils doivent commencer à trouver le temps long. Je vais les envoyer chercher.

      —Pardon, monsieur le lieutenant de police, se permit-il de demander. Mais comment savez-vous que c'est place Vendôme qu'ils m'attendent?

      Pour toute réponse, M. de Marville tendit au comte un papier que M. La Rivière, en entrant, avait invisiblement placé sur le bureau.

      Lavenay lut sur ce papier:

      —Deux autres

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