Le serment des hommes rouges: Aventures d'un enfant de Paris. Ponson du Terrail

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Le serment des hommes rouges: Aventures d'un enfant de Paris - Ponson du Terrail

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de chambre du marquis.

      Et Tony qui, pour la première fois peut-être, se montrait rebelle aux exhortations de mame Toinon, Tony s'en alla, muni des deux renseignements qu'on venait de lui donner, et il reprit sa course vers l'île Saint-Louis.

      Mame Toinon s'était laissée tomber tristement sur une chaise en murmurant:

      —Adieu, mou bal de l'Opéra!

      Tony courut à perdre haleine et gagna l'île Saint-Louis en moins de temps qu'il n'en avait mis à venir de la place Royale à la rue des Jeux-Neufs.

      Le commissionnaire attendait toujours à l'entrée de la rue Saint-Louis, appuyé sur son crochet qu'il avait mis bas et placé le bout inférieur en terre.

      —Viens avec moi, lui dit Tony.

      —Hé! dit le commissionnaire, je commençais à perdre patience, ma foi!

      —Viens

      —Et ce gentilhomme, où est-il?

      —Viens toujours.

      Le jeune homme jugea inutile de donner des explications à l'Auvergnat et s'en alla avec lui jusqu'à la porte de l'hôtel de Vilers. Là il lui dit:

      —Laisse ton crochet, va sonner à la porte, et, quand elle sera ouverte, tu entreras chez le suisse et tu lui diras que tu veux parler à Joseph, le valet de chambre de M. le marquis; ensuite tu me l'amèneras.

      Le commissionnaire exécuta ponctuellement les ordres de Tony.

      Tony attendit quelques minutes, puis il vit venir à lui un vieux laquais grisonnant.

      —Est-ce vous qui me demandez? fit-il en regardant curieusement Tony.

      —C'est moi.

      —Que me voulez-vous?

      —Je viens de la part du marquis votre maître.

      —Ah! fit le laquais, vous l'avez vu?

      —Oui.

      —Voici trois fois que madame la marquise sonne pour savoir s'il est rentré.

      —Il ne rentrera pas.

      —Pourquoi donc?

      Tony répondit sans s'émouvoir:

      —Parce qu'il vient de partir pour un voyage de vingt-quatre heures.

      —Oh! c'est impossible! dit vivement le laquais; madame la marquise l'attend pour aller au bal de l'Opéra.

      —Je le sais bien, puisque j'apporte les costumes.

      Et Tony montra les trois cartons superposés sur le crochet du commissionnaire.

      —Tiens! dit le valet, c'est tout de même bizarre.

      Alors Tony prit la main de Joseph et lui dit en la pressant affectueusement:

      —Vous aimiez donc bien votre maître, mon ami?

      —Mais je l'aime encore, je l'aime toujours!

      —Hélas! votre amitié, votre dévouement lui sont désormais inutiles.

      Le valet étouffa un cri.

      —Il est mort!... ajouta Tony.

      —Mort? mort?? mort??? répéta le valet sur trois tons différents.

      —Oui.

      —Oh! ce n'est pas possible...

      —Il est mort... depuis une heure... Il a été tué en duel, sur la place Royale, par un gentilhomme...

      —Tué en duel par un gentilhomme?

      —Oui.

      —Savez-vous le nom de ce gentilhomme?

      —Je l'ignore; mais je sais qu'il a fait le tour du monde tout exprès pour se battre avec votre maître.

      —Ah! s'écria le valet qui paraissait posséder les secrets du marquis, c'est un des Hommes rouges! il fallait s'y attendre...

      Et le valet se prit à pleurer.

      Tony lui raconta alors la scène dont il avait été témoin, puis les dernières recommandations du marquis.

      —Ainsi, dit Joseph, il veut que sa femme aille à l'Opéra?

      —Oui.

      —Mon Dieu! comment faire?

      Tout à coup, Joseph se frappa le front.

      —Je vais dire à ces dames, fit-il, que le roi, qui est à Versailles, a fait demander le marquis, et que, sans doute, il reviendra cette nuit.

      —C'est cela!

      —Mais... la cassette?

      —Ah! c'est juste..., venez avec moi.

      Le valet, qui était fort troublé, fit entrer Tony dans la cour de l'hôtel, débarrassa le commissionnaire de ses cartons, le paya et le renvoya. Puis il remit les cartons à un autre valet auquel il dit:

      —C'est pour madame la marquise; cela vient de mame Toinon.

      Tandis que le valet portait les costumes, Joseph prit Tony par la main, lui fit prendre un escalier de service et le conduisit au premier étage de l'hôtel.

      Puis il poussa une porte devant lui et posa sur un meuble le flambeau qu'il avait pris chez le suisse.

      —Voilà le cabinet de mon pauvre maître, dit-il; l'armoire est en face..., cherchez le coffret... Moi, je vais dire à madame que M. le marquis est à Versailles.

      Et le valet, qui était en proie à un trouble et à une douleur extrêmes, laissa le jeune homme sur le seuil de la chambre qu'il appelait le cabinet de son maître.

      C'était une vaste pièce tendue d'étoffe sombre et d'un aspect assez triste. Tony, un moment immobile sur le seuil, finit par entrer et ferma la porte derrière lui.

      Jamais notre héros n'avait eu dans sa vie une heure aussi agitée que celle qui venait de s'écouler; jamais il n'avait été investi d'une mission pour ainsi dire aussi solennelle.

      Il faut croire que la gravité des circonstances lui donna à ses propres yeux une véritable importance, car il s'enhardit tout à fait et se dit:

      —J'ai fait un serment, je le tiendrai, et Dieu me punisse si je n'exécute pas fidèlement les dernières volontés de ce gentilhomme qui a eu confiance en moi!

      Tony aperçut, en face de lui, l'armoire indiquée par le valet de chambre.

      C'était

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