Zeitschrift für Romanische Sprachen und ihre Didaktik. Группа авторов
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En outre, la majorité des phrasèmes retenus au sein des collections évoquées sont des expressions idiomatiques imagées alors que leur adéquation à la compétence du locuteur non-natif mérite réflexion ; nous y reviendrons.
5. EP indispensables à la compétence communicative du locuteur non-natif
Nous partons du constat que la compétence phraséologique du locuteur natif n’a à ce jour pas encore été évaluée de manière véritablement différenciée selon l’âge, le thème traité, le registre, la situation, etc. Indépendamment du fait que la compétence phraséologique de l’AP-LE ne pourrait en aucun cas s’inspirer de celle d’un locuteur natif compétent, nous ne disposons donc pas de données de comparaison pouvant servir à la détermination de types et de « tokens » de phrasèmes ou d’EP à transmettre à l’AP-LE. En se fondant sur les développements des sections 2, 3 et 4 de la présente contribution, on peut néanmoins affirmer l’importance de situer au centre de l’apprentissage d’une langue étrangère les types suivants : les formules de routine (5.1), les collocations (5.2) et les CONSTRUCTIONS (5.3) (y compris les phrasèmes structuraux).
5.1 Les formules de routine
Dès le début de l’apprentissage d’une LE, c'est-à-dire sans attendre un niveau intermédiaire (B1 ou B2) ou même avancé (C1 ou C2), il est indispensable de familiariser l’apprenant avec les formules de routine, les phrasèmes communicatifs, les pragmatèmes, vitaux à l’exécution de multiples actes de parole nécessaires et irremplaçables afin d’interagir de manière adéquate dans pratiquement toutes les situations de communication récurrentes. Ces formules de routine primordiales pour saluer, remercier, s’excuser, féliciter, se renseigner, etc., sont normalement des formules conventionnalisées et attendues (cf. Coulmas 1981 pour une nomenclature très développée des formules de routine). Ce dernier différencie les types suivants dont le caractère distinctif resterait à prouver :24
les formules de gestion discursive englobant les formules de salut, d’accueil, d’introduction et d’ouverture (bonjour, salut, bienvenue, j’ai l’honneur de vous accueillir au 30e congrès de l’association…) ; d’interpellation (excusez-moi, un instant svp, hé ho…) ; de défense du droit de parole (je termine, j’en ai pour deux minutes, encore deux phrases) ; de reprise de la parole (je reprends, j’en étais où ?, continuons…) ; de clôture, de prise de congé (au revoir, salut, je clos la séance, on s’arrête là pour le moment…) ;
les formules de politesse comprenant celles destinées au respect des conventions (toutes mes condoléances, félicitations, je suis désolé, pardon, bon appétit, nous avons l’immense tristesse de vous annoncer…) ; les formules d’adresse (monsieur le proviseur, chère x, madame/monsieur…) ; des formules d’atténuation (si je puis dire, on va dire, sans vouloir être offensant…) ; les cadres d’actes de parole indirects (pourriez-vous… ?, serait-il possible… ?, puis-je me présenter, auriez-vous l’amabilité… ?) ;
les formules métadiscursives de commentaire (comme dirait l’autre, le soi-disant, pour le dire franchement…), de correction (ou plutôt…, pardon…) et celles qui assurent la compréhension (pardon ? c’est clair ? tu peux répéter ? ok ?) ;
les formules signalant l’émotion ou l’état d’esprit du locuteur regroupant les formules d’évaluation positive du thème traité (c’est super, etc. ! génial ! j’adore !) ou encore les formules négatives (je suis dans le regret de te dire, ce n’est pas vrai ! c’est nul, etc. !) ;
les formules d’hésitation se divisant en trois types : les locutions adverbiales interrogatives, les « tag questions » (hein ? n’est-ce pas ? non ?) ; les signaux de réception (absolument ! tout à fait ! je suis d’accord avec toi ! pas du tout !…) ; les formules « bouche-trous » pour combler une éventuelle pause (euh, n’est-ce pas, comment dirais-je, bon ben…).
Il va de soi que ces pragmatèmes, appartenant majoritairement au registre oral, mais pas exclusivement, ne sont pas indistinctement destinés à l’AP-LE. D’une part, il convient de déterminer les phrasèmes communicatifs nécessaires en fonction des activités ou situations communicatives à réaliser, d’autre part, ces dernières sont à décrire sur la base d’études de corpus ciblés afin d’en saisir toutes les conditions d’utilisation. Il s’avère en effet que les dialogues des manuels sont encore trop souvent fondés sur les intuitions des auteurs, et non pas sur une étude de corpus de conversations en contexte naturel (cf. p. ex. Schmale 2004) ce qui permettrait le développement de situations correspondant à la réalité communicative.
Un dialogue du manuel Atelier A1 (Cocton et al. 2019) et quelques pragmatèmes permettant la réalisation de la fonction saluer quelqu’un doivent suffire pour démontrer que les formules de routine ont leur place dès les premières étapes de l’apprentissage. Au sein de l’unité « S’exprimer poliment », les auteurs présentent, sous forme audio, le mini-dialogue suivant, que nous avons transcrit, qui comprend les formules bonjour, excusez-moi, s’il vous plaît, voilà, merci, je vous en prie, et qui est presqu’intégralement composé d’EP :25
Au Café (C = cliente; S = serveur)
C Un café
S Bonjour
C Euh, excusez-moi, un café s’il vous plaît
S Et voilà !
C Merci
S Je vous en prie
(Cocton et al. 2019, 26)
Ou encore dans l’unité « Souhaiter quelque chose à quelqu’un » (id., 40) où les pragmatèmes Bonne journée/soirée/nuit ; Bonne chance/courage ; Bonne année/santé/fête ; Bon voyage/vacances ; Joyeux anniversaire/Noël ; Bon appétit sont introduits.
Étant donné le fait que ces formules ne peuvent en aucun cas être remplacées par des structures non phraséologiques, construites librement selon un « open choice principle », elles se situent au cœur de l’apprentissage d’une LE dès le début.
5.2 Les collocations
Le constat dressé pour les formules de routine vaut également pour les collocations, les combinaisons lexicales usuelles et conventionnalisées, indispensables pour s’exprimer adéquatement dans une langue.26
Une collocation est un phrasème lexical semi-contraint : une de ses composantes est sélectionnée par le locuteur librement, juste pour son sens ; c’est l’autre qui doit être choisi en fonction du sens à exprimer et de la première composante. La première composante s’appelle la base de la collocation […], et l’autre est le collocatif […] (Mel‘čuk 2013, 7).
Tout comme Burger (2010), Mel‘čuk (2013, 7)27 considère les collocations, dont le nombre est d’après lui « astronomique […] : quelques millions » (id., 9), comme phrasèmes lexicalement compositionnels dont la base est en règle générale un groupe nominal et le collocatif un verbe, moins souvent un adjectif (gravement malade) ou un autre substantif (salve d’applaudissements). Cependant, Hausmann