Zeitschrift für Romanische Sprachen und ihre Didaktik. Группа авторов

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de l’ouvrage de Bardosi & Ettinger & Stölting (2003, 88), où l’on trouve dans la rubrique « conversation » les expressions idiomatiques imagées : « parler dans sa barbe » (no. 12) accompagnée de l’explication « ~ à voix très basse et de manière indistincte » ; ou encore « tailler une bavette (fam.) » définie en tant que « bavarder » (id., 89). Dans les deux cas, on ne mentionne ni le niveau stylistique, ni les connotations, ce qui peut être surtout préjudiciable dans le deuxième cas, ni le type de situation accueillant un tel énoncé. Un AP-LE qui emploierait tailler une bavette à la place de bavarder serait certainement induit en erreur. Rares sont les cas où une explication dictionnairique suffirait pour garantir un usage adéquat d’un idiotisme par un AP-LE, même si la définition fournie permettrait la compréhension en contexte.

       Or même si des descriptions exhaustives, fondées sur des études de grands corpus, existaient, une sérieuse réserve devrait être opposée à l’emploi des phrasèmes « incriminés » par des AP-LE peu importe leur niveau langagier, à moins qu’ils ne soient véritablement bilingues, statut difficilement atteignable par le biais d’un apprentissage en contexte scolaire. La raison réside dans l’existence de « culturèmes » (cf. Poyatos 1976 et Oksaar 1988), des types de comportement spécifiques au sein d’une culture. Alors qu’il semble exister des activités fortement attendues – les formules de routine, la correction grammaticale, les manières à table, les activités non verbales (distance, embrasser, serrer la main), etc. –, d’autres seraient réservées aux locuteurs natifs et rejetées voire même sanctionnées si produites par le non-natif. Les proverbes, lieux communs et idiotismes métaphoriques font partie de ces culturèmes réservés aux LN. Ces expressions fortement imagées et marquées pourraient en effet appartenir au domaine des culturèmes dont l’emploi par un LNN, peu importe son niveau de maîtrise, susciterait la prise d’une « position haute » sous forme de commentaires ou, au pire, de réactions négatives. Aussi Dobrovol’skij & Lubimova (1993) constatent :

      En tant que locuteur non-natif on doit jouer un double jeu selon le principe : Je me sens chez moi dans cette culture tout en acceptant qu’il s’agit pour moi d’une culture étrangère (id., 156 ; notre traduction).

      Bref, le LNN ne doit à aucun moment prétendre faire partie de la culture de son pays d’accueil, recourir à des phrasèmes idiomatiques prétendrait à une assimilation culturelle qu’un LN, peu importe son propre niveau langagier, qui pourrait même être inférieur à celui du LNN, pourrait rejeter et même sanctionner. Dans l’impossibilité d’étayer ce jugement de manière empirique, nous revendiquons sa véracité à travers les observations de multiples ressortissants étrangers après plus de trente-cinq ans passés en France.

      7. Principes didactiques pour la sélection et transmission des EP

      L’exclusion de l’apprentissage actif des proverbes, lieux communs et expressions idiomatiques n’implique en aucune manière l’impératif d’épurer tous les supports de cours employés de ce genre de phrasèmes. Il s’agit tout simplement de ne pas sélectionner les supports en fonction de leur richesse idiomatique et sémantique, et encore moins de proposer des listes d’idiotismes, etc., à mémoriser. Or si les supports choisis en comprennent « naturellement », il convient bien entendu de les traiter et les expliquer tout en mettant l’apprenant en garde contre leur utilisation active pour les raisons évoquées. Le même principe que celui gouvernant l’emploi d’expressions vulgaires devrait gouverner celui des EP métaphoriques : Les comprendre sans les utiliser ! Par ailleurs, toutes les formules de routine ne sont probablement pas destinées à l’utilisation par un LNN, notamment celles qui pourraient être interprétées comme une prise de « position haute », p. ex. la formule je termine pour défendre son droit de parole.

      Sans que cette contribution soit le lieu de présentation d’une unité pédagogique détaillée, nous présentons ci-après l’esquisse des principes linguistiques et (phraséo)didactiques devant guider tout enseignement des phrasèmes et EP dans un sens plus large :

       L’enseignement se concentre sur les formules de routine, les collocations et les constructions lexicogrammaticales, notamment, tout au moins jusqu’au niveau B1/2, celles relevant de l’oralité des conversations « au quotidien ».

       Leur description doit être fondée sans exception sur de grands corpus tenant compte d’un maximum de caractéristiques structurales aussi bien que de conditions d’utilisation afin d’élaborer des situations d’apprentissages réalistes, non pas naturalistes.

       Toutes les EP sont présentées systématiquement en contextes inspirés de situations retrouvées dans les corpus de manifestations communicatives naturelles (cf. Lüger 2019, 69) en respectant leurs cotextes et leur séquentialité.

       Les EP sont à différencier sans exception en fonction du futur usage, en distinguant compétence passive (compréhension) et active (production) de l’apprenant.

       Le niveau d’apprentissage de l’AP-LE et surtout son âge sont à prendre en compte. Un élève de 11 ans en 6ème n’a pas vocation à employer les mêmes pragmatèmes ou collocations qu’un élève de terminale de 17/18 ans ayant bénéficié de 7 ans d’apprentissage d’une LE en LV1.

       Les EP sont à choisir en fonction des besoins communicatifs de l’AP-LE, principe qui prévaut du reste pour tout choix de supports de cours.

       Une fiche de saisie pourrait être utile afin de sensibiliser l’apprenant à la prise en compte de la polyfactorialité (conditions d’utilisation, connotations…) d’EP introduites ou rencontrées dans les textes étudiés (cf. Lüger 1997, 118-119).

      Si les manuels ont fait des progrès considérables pour ce qui est de l’authenticité des matériaux présentés, notre constat reste inchangé, les auteurs des manuels se basent encore trop souvent sur leurs propres opinions et intuitions lorsqu’ils confectionnent dialogues et textes à moins que ces derniers proviennent de sources avérées. Or ce n’est que la linguistique de corpus qui est à même de produire des résultats véritablement naturels. On ne peut pas faire autrement que de suivre le conseil de John Sinclair (2004, titre) : « Trust the text ! »

      Références

      BALLY, Charles. 1909a. Traité de stylistique française, Volume I. Heidelberg : Winter.

      BALLY, Charles. 1909b. Traité de stylistique française, Volume II. Heidelberg : Winter.

      BARDOSI, Vilmos, ETTINGER, Stefan, STÖLTING, Cécile. 32003, 1992. Redewendungen Französisch/Deutsch. Thematisches Wörter- und Übungsbuch. Tübingen/Basel : Francke.

      BENIGNO, Veronica & KRAIF & Olivier. 2016. « Core vocabulary and core collocations: combining corpus analysis and native speaker judgement to inform selection of collocations in learner dictionaries », dans : Orlandi, Adriana & Giacomini, Laura. edd. Defining Collocations for Lexicographic Purposes: From Linguistic Theory to Lexicographic Practice. Berne et al. : Lang, 237-270.

      BENIGNO, Veronica & GROSSMANN, Francis & KRAIF, Olivier. 2015. « Les collocations fondamentales : Une piste pour l’apprentissage lexical », dans : Revue française de linguistique appliquée 20/1, 81-96.

      BLOOMFIELD, Leonard. 1933. Language. London : Allen and Unwin.

      BOLINGER, Dwight. 1976. « Meaning and Memory », dans : Forum Linguisticum 1, 1-14.

      BRÉAL, Michel. 1872. Quelques mots sur l’instruction publique en France. Paris : Hachette.

      BURGER,

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