Les Alcooliques anonymes, Quatrième édition. Anonyme

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Les Alcooliques anonymes, Quatrième édition - Anonyme

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d’un pasteur ou d’un prêtre, ou en vous adressant aux hôpitaux. Ils ne seront que trop heureux de vous épauler. Ne vous présentez pas à la manière d’un évangéliste ou d’un réformateur. Il existe malheureusement de nombreux préjugés et vous nuiriez à votre cause en les éveillant. Les ministres du culte et les médecins sont compétents, et vous pouvez apprendre beaucoup d’eux si vous le désirez, mais grâce à votre expérience de buveur, vous êtes dans une position privilégiée pour aider d’autres alcooliques à s’en sortir. Alors misez sur la coopération, jamais sur la critique. Notre seul but est de nous rendre utiles.

      Lorsque vous découvrez un candidat pour les Alcooliques anonymes, tâchez d’en savoir le plus possible à son sujet. S’il n’a pas l’intention de cesser de boire, ne perdez pas votre temps à essayer de le convaincre. Vous pourriez ruiner une chance éventuelle d’y parvenir. Ce conseil vaut également pour les familles de ces alcooliques. La famille doit faire preuve de patience en ne perdant pas de vue qu’elle a affaire à un être malade.

      S’il manifeste une quelconque intention de cesser de boire, ayez un entretien sérieux avec la personne qui s’intéresse le plus à lui, généralement sa femme. Tâchez d’avoir une idée de son comportement, de ses problèmes, de son passé, de la gravité de sa condition et de ses penchants religieux. Ces renseignements vous seront nécessaires si vous voulez vous mettre à sa place et voir comment vous aimeriez qu’il vous aborde si les rôles étaient inversés.

      Il est parfois préférable d’attendre qu’il prenne une autre cuite. La famille peut s’y opposer mais à moins qu’il ne soit dans une condition physique dangereuse, il vaut mieux prendre ce risque. Ne vous occupez pas de lui s’il est très ivre, sauf s’il devient agressif et que sa famille a besoin de vous. Attendez la fin de la cuite ou du moins jusqu’à ce qu’il ait un moment de lucidité. Laissez alors un membre de sa famille ou un ami lui demander s’il désire renoncer à boire pour de bon et s’il est prêt à tout pour y arriver. S’il répond oui, on devrait alors lui parler de vous, à titre d’alcoolique qui s’est rétabli. Vous devriez lui être décrit comme l’un des membres d’une association, qui, pour son propre rétablissement, se porte au secours des autres, et qui serait très content de lui parler s’il le voulait.

      S’il ne veut pas vous rencontrer, ne vous imposez pas. De la même manière, la famille doit s’abstenir de crier et de le supplier de faire quelque chose et doit éviter de trop le renseigner sur vous. La famille devra attendre la fin de sa prochaine cuite. Vous pourriez placer ce livre de sorte qu’il puisse le voir d’ici à ce que vous le rencontriez. Sur ce point, nous ne donnons aucune règle précise ; c’est à la famille de décider. Néanmoins, vous devez insister pour qu’elle ne se montre pas trop pressée, ce qui pourrait gâter les choses.

      D’ordinaire, la famille ne devrait pas tenter de raconter votre histoire. Évitez si possible de rencontrer un individu par le biais de sa famille. Vous avez plus de chance de réussir en l’abordant par l’intermédiaire d’un médecin ou d’un établissement spécialisé. Si votre candidat a besoin d’être hospitalisé, il devrait l’être, mais pas contre son gré, sauf s’il est violent. Si le médecin est d’accord, laissez ce dernier annoncer au patient qu’il croit avoir trouvé la solution à son problème.

      Lorsque le malade ira mieux, le médecin pourra lui proposer que vous lui rendiez visite. Même si vous vous êtes déjà entretenu avec la famille, il vaut mieux qu’il ne soit pas question d’elle au cours de ce premier entretien. Ainsi, votre candidat se sentira-t-il libre de toute pression extérieure. Il pourra discuter avec vous sans être harcelé par sa famille. Tâchez d’établir le contact avec lui alors qu’il est encore ébranlé. Déprimé, il sera plus réceptif.

      Si possible, faites en sorte d’être seul avec lui. Au début, vous pouvez parler de sujets généraux. Après un moment, amenez la conversation sur un aspect particulier de l’alcoolisme. Parlez-lui suffisamment de vos habitudes de buveur, des symptômes que vous aviez, de vos expériences, pour l’encourager à parler de lui. S’il veut se confier, laissez-le faire. Vous aurez ainsi une meilleure idée sur la méthode à adopter dans son cas. S’il se montre peu communicatif, donnez-lui un aperçu de ce qu’était votre vie d’alcoolique jusqu’au moment où vous avez cessé de boire. Mais pour l’instant, ne dites rien sur la façon dont cela s’est produit. S’il est d’humeur sérieuse, insistez sur les ennuis que l’alcool vous a causés en prenant bien garde de ne pas le sermonner ni de discourir. S’il est d’humeur légère, racontez-lui des histoires drôles rattachées à vos escapades. Tâchez de l’amener lui aussi à raconter certaines de ses aventures.

      Une fois qu’il se sera rendu compte que l’alcool n’a pas de secret pour vous, commencez à vous décrire comme alcoolique. Dites-lui combien vous avez été déconcerté et comment vous avez finalement appris que vous étiez malade. Décrivez-lui les luttes que vous avez menées pour arrêter de boire. Montrez-lui quelles contorsions mentales nous conduisent à ce premier verre qui débouche sur une cuite. Nous vous suggérons de procéder comme nous l’indiquons dans le chapitre sur l’alcoolisme. S’il est alcoolique, il comprendra immédiatement. Il reconnaîtra ses illogismes dans les vôtres.

      Si vous avez la certitude que c’est un véritable alcoolique, insistez sur la nature incurable de cette maladie. Démontrez-lui comment, en puisant dans votre propre expérience, l’étrange condition mentale qui précède le premier verre empêche la volonté de fonctionner normalement. À ce stade, évitez de faire allusion à ce livre, à moins qu’il ne l’ait déjà vu et qu’il désire en parler. Prenez garde de ne pas le qualifier d’alcoolique. Laissez-le tirer ses propres conclusions. S’il s’accroche à l’idée qu’il peut encore maîtriser sa consommation d’alcool, dites-lui que c’est possible s’il n’est pas trop alcoolique. Mais essayez de lui faire comprendre que s’il est gravement atteint, il a peu de chance de s’en sortir seul.

      Continuez de parler de l’alcoolisme comme d’une maladie, une maladie fatale. Parlez des conditions physiques et mentales qui l’accompagnent. Dirigez continuellement son attention sur votre expérience personnelle. Expliquez-lui que plusieurs seront condamnés sans jamais s’être rendu compte de la gravité de leur misérable état. On comprend que les médecins répugnent à exposer aux patients alcooliques le fond du problème, à moins qu’ils n’aient de bonnes raisons pour le faire. Mais vous, vous pouvez parler de l’aspect irrémédiable de l’alcoolisme parce que vous proposez une solution. En peu de temps, votre ami aura reconnu qu’il présente plusieurs, sinon toutes les caractéristiques de l’alcoolique. Si son médecin est d’accord pour lui apprendre qu’il est alcoolique, tant mieux. Même si votre protégé n’a pas reconnu sa condition, il peut toutefois se montrer curieux de savoir comment vous vous êtes rétabli. Laissez-le vous poser la question s’il le désire. Dites-lui exactement ce qui vous est arrivé. Insistez en toute liberté sur l’aspect spirituel. Si votre candidat est athée ou agnostique, expliquez-lui clairement qu’il n’est pas obligé d’être d’accord avec votre conception de Dieu. Il peut concevoir Dieu comme il lui plaît, à la condition que cette conception ait une signification pour lui. L’important est qu’il veuille croire en une Puissance supérieure à lui-même et qu’il vive selon des principes spirituels.

      Lorsque vous traitez avec une telle personne, vous avez intérêt à utiliser le langage de tous les jours pour décrire les principes spirituels. Il est inutile de soulever les préjugés qu’il pourrait avoir contre certaines conceptions ou terminologies théologiques qui sèment peut-être déjà la confusion dans son esprit. Évitez d’aborder ces sujets, quelles que soient vos propres convictions.

      Il se peut que votre candidat appartienne à une religion et que son éducation et sa formation religieuses soient supérieures aux vôtres. Si c’est le cas, il ne verra pas ce que vous pourriez ajouter à ses connaissances. Cependant, il sera intrigué de savoir pourquoi ses propres convictions ne l’ont pas

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