Les Alcooliques anonymes, Quatrième édition. Anonyme
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Exposez-lui le programme d’action en lui expliquant comment vous avez effectué votre auto-critique, comment vous avez redressé les torts de votre passé et pourquoi, maintenant, vous cherchez à lui venir en aide. C’est important pour lui de bien comprendre que vos efforts pour lui communiquer le message sont un élément vital de votre propre rétablissement et que, en fait, il peut vous aider plus que vous ne l’aidez. Expliquez-lui clairement qu’il n’a aucune obligation envers vous et que vous espérez seulement qu’il tentera de venir en aide à d’autres alcooliques quand il se sera sorti de ses difficultés. Tâchez de lui faire voir à quel point il se doit de placer le bien-être des autres avant le sien. Donnez-lui l’assurance que vous n’exercez aucune pression sur lui et que vous ne le reverrez plus si tel est son désir. Ajoutez que vous ne serez pas offusqué s’il ne veut plus entendre parler de vous, car il vous a aidé plus que vous ne l’avez aidé vous-même. Si vous avez parlé avec calme et bon sens et que vous vous êtes montré humain et compréhensif, vous vous êtes probablement fait un ami. Il se peut que la question de l’alcoolisme l’ait dérangé. Tant mieux ! Plus il se sentira désespéré, mieux cela vaudra. Il y a ainsi davantage de chance qu’il suive vos suggestions.
Votre candidat peut trouver des raisons pour lesquelles il pense n’avoir pas besoin de suivre le programme au complet. Il peut se rebeller à l’idée de faire un examen de conscience qui requiert une discussion avec d’autres personnes. Il vaut mieux ne pas le contredire. Dites-lui au contraire que vous avez ressenti la même chose, mais que vous doutez aujourd’hui que vous auriez fait autant de progrès si vous n’aviez pas consenti à passer à l’action. Lors de votre première visite, entretenez-le du mouvement des Alcooliques anonymes. S’il montre quelque intérêt, laissez-lui votre exemplaire de ce livre.
À moins que votre ami ne veuille parler davantage de lui, ne mettez pas sa patience à l’épreuve. Donnez-lui la chance de réfléchir. Si vous restez, laissez-le orienter la conversation. Il peut arriver qu’un nouveau, empressé, veuille s’engager tout de suite et que vous soyez tenté de le laisser faire. C’est parfois une erreur. S’il éprouvait des difficultés par la suite, il pourrait vous reprocher de l’avoir bousculé. Vous réussirez mieux auprès des alcooliques en évitant de vous présenter comme un croisé ou un réformateur passionné. Ne parlez jamais à un alcoolique du haut de votre grandeur morale ou spirituelle ; contentez-vous de lui présenter les outils spirituels pour qu’il les examine. Démontrez-lui comment ils vous ont servi. Offrez-lui l’amitié et la fraternité. Dites-lui que s’il désire se rétablir, vous ferez n’importe quoi pour l’aider.
Si votre solution ne l’intéresse pas, s’il attend de vous seulement que vous le sortiez de ses difficultés financières comme un banquier, ou si tout ce qu’il cherche est une infirmière pour l’aider dans ses moments de cuite, il vaut mieux renoncer à l’aider jusqu’à ce qu’il ait changé d’idée. Ce changement d’attitude se produira lorsqu’il aura souffert davantage.
Si votre candidat démontre un intérêt sincère et qu’il veut vous revoir, demandez-lui de lire ce livre avant votre prochaine visite. Ensuite, il décidera de lui-même s’il veut poursuivre sa démarche. Il ne doit jamais être pressé ni bousculé ni par vous ni par sa femme ou ses amis. S’il doit trouver Dieu, le désir doit lui venir du fond de lui-même.
S’il croit qu’il y a une autre façon de s’en sortir ou s’il préfère une approche spirituelle différente, encouragez-le à écouter sa conscience. Nous ne détenons pas l’exclusivité des liens avec Dieu ; nous avons seulement une méthode qui nous a réussi. Cependant, insistez sur le fait que les alcooliques ont beaucoup en commun et que de toute façon, vous aimeriez garder un lien amical avec lui. Puis, laissez les choses comme elles sont.
Ne vous découragez pas si votre candidat ne répond pas immédiatement. Partez à la recherche d’un autre alcoolique et essayez encore. Vous trouverez certainement un malade assez désespéré pour accepter sans hésiter ce que vous avez à offrir. Insister auprès de quelqu’un qui ne peut ou ne veut pas travailler avec vous, c’est, à notre avis, une perte de temps. Laissé à lui-même, il pourrait, en peu de temps, découvrir qu’il ne peut se rétablir par ses propres moyens. Passer trop de temps sur un cas prive un autre alcoolique de l’occasion de vivre normalement et d’être heureux. Un de nos membres a échoué complètement dans ses six premières tentatives. Il aime répéter que s’il avait poursuivi son action auprès de ces alcooliques, il en aurait peut-être privé beaucoup d’autres, sauvés depuis, de leur chance de se rétablir.
Supposons maintenant que vous rendez une deuxième visite à votre candidat. Il a lu ce livre et se dit prêt à faire les Douze Étapes du programme de rétablissement. Ayant vous-même vécu cette expérience, vous êtes en mesure de lui donner des conseils pratiques. Laissez-lui savoir que vous êtes disposé à recevoir ses confidences lorsqu’il aura décidé de raconter son histoire, mais n’insistez pas s’il préfère consulter une autre personne.
Il peut être sans argent et sans abri. Si c’est le cas, vous pourriez l’aider à se trouver du travail ou lui offrir une petite aide financière. Néanmoins, vous ne devez pas priver votre famille ou vos créanciers de l’argent qui leur revient. Vous aimeriez peut-être le loger chez vous durant quelques jours. Mais agissez toujours avec discernement. Assurez-vous qu’il sera accepté par votre famille et qu’il n’est pas là pour profiter indûment de votre argent, de vos contacts ou de votre hospitalité. Ses abus ne pourraient que lui causer du tort. Vous lui donneriez l’occasion d’être malhonnête et ainsi, vous contribueriez à sa destruction plutôt qu’à son rétablissement.
Ne fuyez jamais devant vos responsabilités mais assurez-vous que vous agissez sagement en les assumant. L’aide aux autres est la pierre angulaire de votre rétablissement. Une bonne action de temps en temps n’est pas suffisante. Vous devez agir en bon Samaritain tous les jours s’il le faut. Cela peut signifier que vous passerez plusieurs nuits blanches et que vos loisirs et vos affaires seront souvent interrompus. Peut-être devrez-vous partager votre argent et votre foyer, conseiller les conjoints et les parents pris de panique, vous présenter de nombreuses fois au poste de police, dans les cliniques, les hôpitaux, les prisons et les centres de soins psychiatriques. Votre téléphone pourra sonner à toute heure du jour et de la nuit. Votre femme se plaindra peut-être que vous la négligez. Un alcoolique soûl peut briser votre mobilier ou brûler un matelas. Vous pourriez devoir vous battre avec lui s’il est violent. Parfois vous devrez appeler un médecin et suivre ses directives pour administrer un sédatif à votre protégé. À d’autres moments, vous pourriez être dans l’obligation d’avoir recours à la police ou d’appeler une ambulance. Occasionnellement, vous ferez face à des situations comme celles-là.
Il est rare que nous permettions à un alcoolique de vivre longtemps chez nous parce que ce n’est pas bon pour lui et que cela entraîne parfois de graves complications dans la famille.
Le refus d’un alcoolique de collaborer à son rétablissement n’est pas une raison pour négliger ses proches. Vous devriez maintenir des liens amicaux avec eux et leur offrir d’adopter votre mode de vie. S’ils acceptaient de mettre en pratique vos principes spirituels, le chef de famille aurait de bien meilleures chances de se rétablir. Et même s’il devait continuer de boire, sa famille trouverait la vie plus supportable.
Quant à l’alcoolique qui peut et veut se rétablir, il n’a guère besoin de charité, au sens ordinaire du mot, ou du moins il n’en demandera pas beaucoup. Les alcooliques