Momus à la caserne. A. Jacquemart
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Mes songes sont si doux encore.
Voilà pourquoi je ne m’éveille pas.
Qui m’appelle? Ah! c’est toi, Sagesse!
Il est trop tôt pour m’éveiller.
Vois ce myrte que la tendresse
A posé sur mon oreiller.
D’Amour la voix est plus sonore;
O Minerve, parle plus bas!
Mes songes sont si doux encore!
Voilà pourquoi je ne m’éveille pas.
Vous approchez, tristes veillées,
Je sens déjà le poids des ans;
Ah! sous des roses effeuillées
Cachons mes premiers cheveux blancs.
Je vois plus d’une fleur éclore;
La foulerais-je sous mes pas?
Mes songes sont si doux encore!
Voilà pourquoi je ne m’éveille pas.
COLAS A COLETTE.
ROMANCE VILLAGEOISE.
Air: A peine au sortir de l’Enfance.
N’HÉSITE plus, ô ma bergère!
Que tous mes vœux soient accomplis;
Tu peux demander à ma mère
Les Colas font de bons maris.
Ali! lorsque l’hymen qui s’apprête
Nous tiendra tous deux dans ses lacs,
Colette, sois toujours Colette ; (bis.)
Moi, je serai toujours Colas. (bis.)
Pour éclipser nos pastourelles,
Tu pourras porter à ton choix
Rubans, bijoux, fines dentelles:
A tout je donnerai ma voix.
Des dépenses de ta toilette
Crois que je ne me plaindrai pas:
Colette, sois toujours Colette;
Moi, je serai toujours Colas!
Quand tous les bergers du village
Te cajoleraient tour à tour,
Je n’en prendrais jamais d’ombrage:
Pourrais-tu trahir notre amour?
Si dans le bois tu vas seulette,
Jamais je n’y suivrai tes pas:
Colette, sois toujours Colette;
Moi, je serai toujours Colas.
Si le sort pour un long voyage
M’éloignait de notre canton,
A mon retour dans mon ménage,
Si je trouvais gentil poupon,
Loin d’en avoir l’ame inquiète
Je le bercerais dans mes bras.
Colette, sois toujours Colette;
Moi, je serai toujours Colas.
Je crois à ta vive tendresse,
A ta douceur, à ta bonté,
A ta candeur enchanteresse,
Surtout à ta fidélité.
Je te crois sensible et discrète;
De tes vertus je fais grand cas:
Colette, sois toujours Colette;
Moi, je serai toujours Colas.
LE PÈRE LACHAISE.
ROMANCE.
DANS ce séjour si doux et si paisible,
Où l’homme dort avec ses vains projets,
J’aime à rêver sur le marbre insensible
Qui me dérobe à de tristes objets.
Quel calme heureux règne dans cet asile
Quand on gémit dans nos brillans châteaux!
Fiers habitans des tombeaux de la ville. (bis.)
Ah ! salue la ville des tombeaux ! (bis.)
Incline-toi, mortel que la fortune
Dès le berceau nomma son favori;
Jette un regard sur la tombe commune:
Du malheureux voilà le seul abri.
Le pauvre dort sous la couche d’argile,
Comme le prince en ses vastes caveaux.
Fiers habitans des tombeaux de la ville,
Ah! saluez la ville des tombeaux!
Dans ce séjour où l’esprit s’alimente,
Jeunes auteurs, saisissez un crayon!
Prosternez-vous: cette terre est brûlante!
Il s’en élève un céleste rayon!
Devant Grétry, La Fontaine et Delille
Vous pâlissez, météores nouveaux!
Fiers habitans des tombeaux de la ville,
Ah! saluez la ville des tombeaux!
Bouillans guerriers, émules de Bellone,