L'Homme Au Bord De La Mer. Jack Benton

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L'Homme Au Bord De La Mer - Jack Benton

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tenait entre les mains l’unique copie. Il l’interrogea sur la cause des dommages apparents sur la feuille, sa demande fut accueillie par un haussement d’épaules.

      « Vous cherchez un article sur une fille morte ? » demanda le bibliothécaire. Accoutré d’un pull à col roulé, d’une écharpe accessoire et de lunettes à monture métallique, l’homme d’une trentaine d’années avait l’air d’un romancier en herbe.

      « Peut-être que quelqu’un ne veut pas que vous le lisiez.

      — En effet, peut-être pas, déclara Slim.

      — Ou peut-être que la personne que vous cherchez à déterrer préférerait ne pas être dérangée. »

      Le jeune bibliothécaire lui adressa même un clin d’œil, comme pour entrer dans une sorte de jeu de connivence.

      Slim força un sourire et ce qu’il considérait comme le gloussement attendu, mais en quittant la bibliothèque, il ressentit uniquement de la frustration. Joanna Bramwell, semble-t-il, souhaitait en effet rester tranquille.

      6

      L’armée, malgré sa rigidité et ses règles, avait enseigné à Slim la débrouillardise, et l’avait rendu maître d’une panoplie de déguisements qu’il pouvait endosser à volonté. Armé d’un porte-bloc, d’un cahier vierge et d’un stylo emprunté pour une durée indéterminée au bureau de poste local, il avait bu pendant quelques heures en se faisant passer pour un chercheur de documents d’histoire locale. Il avait frappé à toutes les portes, et posé des questions uniquement aux personnes assez âgées pour être susceptibles de savoir. Pour distraire les trop jeunes qui n’auraient rien su, il avait laissé couler un flot de paroles désagréables.

      Neuf rues plus tard, toujours sans aucune piste sérieuse, il était retourné à son appartement, ivre et épuisé pour découvrir un appel manqué de Kay Skelton sur son téléphone fixe. Son ami traducteur de l’armée travaillait maintenant comme linguiste judiciaire.

      Il rappela.

      « C’est du latin, dit Kay. Mais encore plus archaïque que d’habitude. Le genre de latin que généralement même les personnes qui parlent le latin ne connaissent pas. »

      Slim pressentit que Kay simplifiait un concept compliqué qu’il pourrait ne pas comprendre. Mais il poursuivit en expliquant que les mots exprimaient une invocation aux morts, une complainte à un amour perdu. Ted suppliait pour un rapatriement, une résurrection, un retour.

      Kay avait scanné la transcription en ligne et y avait trouvé une citation directe, tirée d’une publication de 1935 intitulée Réflexions croisées sur les morts.

      « Il est probable que ta cible ait trouvé le livre dans un magasin de bric-à-brac, déclara Kay. Il est épuisé depuis cinquante ans. Quel genre d’homme voudrait un truc pareil ? »

      Franchement, Slim n’en avait aucune idée et il restait sans réponse.

      7

      Une semaine de recherches approfondies avait permis à Slim d’obtenir une autre piste. À la seule mention du nom de Joanna, un sourire se dessina sur le visage d’une vieille dame qui se présenta sous le nom de Diane Collins, une autochtone quelconque. Elle hocha la tête avec le même enthousiasme que quelqu’un qui n’avait pas reçu d’invité depuis longtemps. Puis elle invita Slim à s’asseoir dans un salon lumineux dont les fenêtres donnaient sur une pelouse bien entretenue qui descendait en pente douce vers un étang ovale et soigné. Une ronce qui grimpait le long de la clôture en bois située à l’arrière du jardin était la seule chose déplacée. Les connaissances Slim en matière de jardinage se limitaient à piétiner occasionnellement les mauvaises herbes sur le perron de son immeuble. Il se demandait s’il ne s’agissait pas en réalité d’une branche de rose dépourvue de fleurs.

      « J’étais l’éducatrice de Joanna », dit la vieille dame. Ses mains encerclaient une tasse de thé léger, qu’elle faisait tourner entre ses doigts par habitude comme pour éviter l’arthrite. « Sa mort a choqué tout le monde dans la communauté. La situation était tellement inattendue. Joanna était une jeune fille si charmante. Si lumineuse, si belle. Voyez-vous, il y avait de vraies terreurs dans cette classe, mais Joanna, elle s’est toujours si bien comportée ».

      Slim écouta patiemment Diane qui commença un long monologue sur les mérites de la jeune fille morte depuis longtemps. Quand il était sûr qu’elle ne regardait pas, il tirait une flasque de sa poche et versait une goutte de whisky dans son thé.

      « Que s’est-il passé le jour de sa noyade ? demanda Slim, quand Diane commença à digresser dans les récits de ses années d’enseignement. N’avait-elle jamais entendu parler des vagues et du courant à Cramer Cove ? Joanna n’a pas été la première à mourir là-bas. N’est-ce pas ? Ni la dernière !

      — Personne ne sait ce qui s’est réellement passé, mais son corps a été retrouvé à la ligne de marée haute, tôt le matin, par quelqu’un qui promenait son chien. Bien sûr, il était déjà trop tard.

      — Pour la sauver ?

      — Eh bien… Pour son mariage. »

      Slim se releva.

      « Vous pouvez répéter ?

      — Elle a disparu la veille du grand jour. J’étais là, parmi les invités, pendant que nous l’attendions. Bien sûr, tout le monde a supposé qu’elle l’avait abandonné.

      — Ted ? »

      La vieille femme fronça les sourcils.

      « Qui ?

      — Son fiancé ? Son nom était… »

      Elle secoua la tête, écartant la suggestion de Slim avec le battement d’une main mouchetée de taches brunes.

      « Je ne m’en souviens plus maintenant. Mais je me souviens de son visage. Sa photo est parue dans le journal. Ils n’auraient jamais dû photographier un homme au cœur brisé comme ça. Bien que, je devrais dire, il y avait des rumeurs…

      — Quelles rumeurs ?

      — Qu’il l’avait laissée tomber ! La famille de Joanna avait de l’argent, la sienne n’en avait pas.

      — Mais pourquoi la laisser tomber avant le mariage ?

      — Voilà ! Tout cela était absurde. Il y a de bien meilleures manières de se débarrasser de quelqu’un, n’est-ce pas ? »

      La façon dont Diane le regardait et le contemplait donnait à Slim l’impression qu’elle regardait son âme. Je n’ai jamais tué personne, aurait voulu lui dire Slim. J’aurais pu essayer une fois, mais je ne l’ai jamais fait.

      « Y a-t-il eu une enquête ? »

      Diane

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