Les naturalistes. Группа авторов

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voyageur allemand Christian Hirschfeld en 1776.

      La réputation de la Suisse comme paradis naturel se renforcera surtout dans les grandes métropoles européennes. A Paris, par exemple, en 1794, un parc arboré et paysagé récemment ouvert, comprenant des enclos où l’on pouvait voir des animaux, et donc l’un des premiers jardins zoologiques publics du monde, est tout simplement baptisé «la vallée suisse».4 Toutefois, en Suisse également, même les bourgeois aisés apprennent à voir leur pays avec d’autres yeux. Les cabinets des curiosités joueront là un rôle particulier, ainsi que l’explique l’humaniste allemand Christian Cajus Lorenz Hirschfeld en 1777:

      «On ne peut pas ne pas louer les Suisses de s’être intéressés non seulement aux curiosités de leur pays, mais de les avoir aussi présentées avec plaisir aux étrangers. Dans des régions montagneuses reculées, de nombreux prédicateurs commencent même à faire de la collection et de l’étude de curiosités naturelles de leur pays une occupation aussi utile qu’agréable.»5

      Les voyageurs érudits découvrent des cabinets de curiosités dans les grandes villes comme Bâle, Berne, Zurich, Genève, Lausanne, Neuchâtel ou Lucerne, mais aussi dans des localités plus modestes telles que Schaffhouse, Soleure, Yverdon, Altdorf, Glaris ou La Ferrière. Leurs propriétaires étaient des professeurs, des médecins, des pharmaciens ou des pasteurs, des maîtres d’école ou des artistes. Des banquiers ou industriels fortunés de la région possédaient une petite collection de naturalia.6 Certains se spécialisèrent même dans le commerce de ces objets naturels ainsi que des curiosités. La collection, le commerce et l’échange de naturalia n’était pas simplement un passe-temps agréable. Ces collections constituaient une base indispensable pour l’étude de la nature. C’est ce qu’il ressort de l’entrée sur les cabinets d’histoire naturelle figurant dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert en 1752:

      «La science de l’Histoire naturelle fait des progrès à proportion que les cabinets se complètent; l’édifice ne s’élève que par les matériaux que l’on y employe, & l’on ne peut avoir un tout que lorsqu’on a mis ensemble toutes les parties dont il doit être composé. […] Ce n’a guère été que dans ce siècle que l’on s’est appliqué à l’étude de l’Histoire naturelle avec assez d’ardeur & de succès pour marcher à grands pas dans cette carrière. C’est aussi à notre siècle que l’on rapportera le commencement des établissements les plus dignes du nom de cabinet d’Histoire naturelle.»7

      Les innombrables cabinets de naturalia qui furent créés au XVIIIe siècle en Suisse, la plupart du temps dans les régions urbanisées, appartenaient à des particuliers. Généralement, ils étaient réservés à l’usage de leurs propriétaires.8 Néanmoins, rendre les collections accessibles à un vaste public était une mesure nécessaire, ainsi que la femme de lettres et poétesse Helen Maria Williams (1761-1827) le fait observer lors de son séjour de six mois en Suisse en 1794:

      «Parmi les curiosités de la Suisse qui méritent l’attention des voyageurs, les cabinets d’histoire naturelle sont, de l’avis des autochtones, d’un rang particulier. […] ces collections pourraient conduire un jour à un musée d’une importance considérable et très précieux, si elles étaient rassemblées et mises au service du public.»9

      COLLECTIONNER ET ÉTUDIER – IMPULSIONS DE L’ÉTRANGER

      Aux alentours de 1800, ce n’est toutefois pas l’inaccessibilité des collections d’histoire naturelle qui faisait obstacle à une modernisation de la recherche en sciences naturelles. Il manquait également de possibilités de formation pour les futurs naturalistes. En effet, en Suisse, à la différence des autres pays européens, les sciences naturelles n’étaient même pas enseignées dans les universités, et, jusqu’au XIXe siècle, aucune chaire de sciences naturelles ne sera créée, que ce soit dans les académies de Genève, de Lausanne et de Berne ou à l’université de Bâle.10 Seule la botanique était représentée dans l’enseignement scientifique et la recherche, en tant que section de la médecine, toutefois, les médecins s’intéressaient plus à l’utilisation des plantes comme remèdes qu’à leur classification, leur physiologie ou leur taxinomie. Ce n’est que vers 1778 que l’on trouve les premiers indices prouvant la constitution de collections d’histoire naturelle dans les établissements universitaires suisses. A Bâle, le gouvernement achète notamment l’important cabinet d’antiquités et de curiosités de Daniel Bruckner (1707-1781). L’un des arguments motivant cette acquisition était qu’il pouvait être d’une grande utilité pour la ville et l’Université, au cas où «l’histoire naturelle y serait, avec le temps, publiquement enseignée».11 La collection fut installée dans la Bibliothèque publique et universitaire de Bâle, toutefois, il fallut encore attendre plusieurs décennies jusqu’à ce qu’elle puisse remplir ses fonctions scientifiques. A Genève, Henri Boissier (1766-1845) réclama en 1794 la création d’un cabinet d’histoire naturelle pour faciliter l’enseignement dans cette discipline. Sur ce, le Gouvernement genevois vota un crédit pour l’acquisition d’instruments de physique et du cabinet de naturalia du pharmacien Pierre-François Tingry (1743-1821). Les professeurs ne firent toutefois guère usage de ces collections et, les rémunérations prévues n’ayant pas été versées, la collection dut être rendue à son propriétaire.12 La première chaire de sciences naturelles sera créée à l’Académie de Berne, nouvellement constituée, en 1805, et occupée par le naturaliste Karl Friedrich Meisner (1765-1825).

      La majeure partie de la recherche en sciences naturelles avait toutefois lieu loin des établissements universitaires, dans des «sociétés savantes» qui avaient été créées dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. C’est le cas notamment des sociétés de physique et de sciences naturelles à Zurich (fondées en 1746), de la Societas Physico-Medica Basiliensis (1751-1787), de la «Société privée des amis des sciences naturelles» de Berne (fondée en 1786) ou la Société des Naturalistes Genevois (fondée en 1791, qui devint Société de physique et d’histoire naturelle de Genève à partir de 1799). Certaines géraient aussi leurs propres collections et cabinets de naturalia, pour lesquels elles aménagèrent des locaux spécialement à cet effet, comme la Société de physique à Zurich. Toutefois, il fallut encore quelques années pour que d’autres cercles puissent profiter des intérêts privés des naturalistes et de leurs collections.13 Les circonstances politiques n’étaient pas vraiment favorables. Avec l’entrée des troupes françaises sous Napoléon en 1798, les villes-républiques helvétiques tombent sous le contrôle de la France. Durant cette période de troubles, les activités des établissements universitaires suisses seront pratiquement interrompues. Quiconque souhaitait faire des études sérieuses en médecine, en histoire naturelle ou en botanique et disposait des moyens financiers nécessaires partait étudier dans une université à l’étranger. Les universités de Göttingen, de Paris ou de Leyde étaient particulièrement renommées. Dans ces établissements modernes, les cours n’avaient pas seulement lieu dans les auditoriums; pour l’enseignement académique et la recherche, ils disposaient déjà de leurs propres musées, jardins botaniques et de vastes collections provenant de tous les domaines des sciences naturelles. Le programme d’études comprenait également des excursions et des voyages de recherche.14 Les étudiants venus de Suisse apprenaient ainsi à connaître les avantages des collections scientifiques. On n’y collectionnait pas pour l’usage privé, mais dans un but «plus élevé», celui de servir la science. Après leur séjour d’étude, les étudiants rapportèrent, outre leurs connaissances, l’idée d’un nouveau genre de formation en Suisse.

      L’ÉTUDE DANS LA NATURE – AUGUSTIN PYRAME DE CANDOLLE

      Le Genevois Augustin Pyrame de Candolle fut l’un de ces étudiants qui purent bénéficier pleinement de ce nouveau

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