Histoire des salons de Paris. Tome 1. Abrantès Laure Junot duchesse d'
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Madame la comtesse de Blot54!
Je vous en conjure, monsieur, je vous supplie de ne pas faire continuer la lecture devant madame de Blot.
Pourquoi cela? elle est de nos amies. C'est une femme d'esprit, parfaitement agréable, et bien faite, je vous l'assure, pour sentir tout ce que vous valez… Je voudrais, au contraire, que l'on recommençât la lecture pour elle, et si vous étiez complaisante, autant que bonne et charmante, vous nous en laisseriez prendre la licence.
Je ne puis, monsieur, vous exprimer toute ma gratitude de la bonté avec laquelle madame Necker veut bien parler de moi; mais… je n'ai pas le courage de braver la censure de madame la comtesse de Blot.
Vous êtes prévenue contre madame de Blot, et cela est très-naturel. Je sais pourquoi!
Je n'ai nommé personne!
Oh! personne… positivement… non; mais… vous savez que le regard est souvent plus éloquent que la parole même.
Je vous assure, monsieur, que…
Vous êtes un ange qui ne pouvez rien céler, et surtout qui ne sait rien céler!.. Au reste, la personne qui est en guerre avec madame de Blot est assez hostile envers madame Necker et envers moi pour que je craigne son influence sur vous!..
Elle serait nulle, si elle voulait agir contre vous et madame Necker… Madame Necker!.. qui est pour moi, comme l'amie… la mère la plus tendre et la plus éclairée!..
Eh bien! alors, comment pouvez-vous entendre madame la comtesse de Genlis parler sur ma femme comme elle le fait?..
M. Necker, comment vous, qui jamais ne dites une parole légère, pouvez-vous m'en adresser qui me soient presque douloureuses?.. Moi! écouter, entendre dire quelque chose d'offensant sur madame Necker!.. Vous ne le croyez pas!.. Qui m'a accusée de cette faute?.. car vous ne pouvez m'en avoir soupçonné, vous!..
Pardon! pardon!.. mais vous connaissez cette histoire que fait courir madame de Genlis sur le compte de madame Necker?
Non!.. je n'ai rien appris! Qu'est-ce donc?
Puisque vous l'ignorez, je ne vous l'apprendrai pas, oublions-le; l'oubli de ce qu'ils disent devrait être la vraie punition des méchants.
M. le comte de Creutz… M. Chénier… Lord Stormont… M. de Grimm… M. Damdhume… M. de Chabanon… Madame la comtesse de Brienne… Madame la comtesse de Châlons… Madame la comtesse de Tessé… M. le marquis de Castries… Madame la duchesse de Grammont… Madame la princesse de Poix… Madame la princesse de Beauvau… Madame la duchesse de Choiseul… Monsieur l'abbé Raynal, etc.
La conversation devint générale; mais, ainsi que le voulait madame Necker, elle était toujours dirigée par la maîtresse de la maison… Elle voulait aussi qu'aucune des personnes présentes ne sentît qu'elle était sous la dépendance de la présidente du salon… Il faut que le pouvoir agisse invisiblement, disait madame Necker55… Et cela n'était pas toujours…
Le moment, au reste, l'exigeait impérieusement. On était à cette époque où, après les notables, l'Assemblée Constituante se formait dans l'avenir, et cette association du tiers, que M. Necker espérait enfin faire adopter, causait déjà un mouvement général fort actif. Les amis de M. Necker lui étaient demeurés fidèles… mais cette fidélité subsisterait-elle toujours?.. il y avait une grande épreuve à soutenir… Le moment était critique, car le délire de la liberté américaine existait encore dans toute sa force, et cette liberté se voyait dans tout ce qui offrait un point d'opposition avec la Cour. M. Necker en était presque haï dans cet instant, et cette défaveur suffisait pour lui donner une faveur que peut-être, sans cela, il n'aurait pas eue en France, où tout ce qui fait réussir manquait à M. Necker, la grâce, la légèreté d'esprit, de cet esprit spécial à notre pays, qu'on ne comprend que lorsqu'on est né en France. Mademoiselle Necker aimait la discussion et la rendait animée, ce qui déplaisait à sa mère, surtout dans le moment où les affaires politiques demandaient un grand calme et beaucoup de circonspection. Madame Necker avait deux jours spécialement affectés pour recevoir… le lundi et le vendredi; le lundi était plus intime… La santé déplorable de madame Necker lui rendait, en général, ces jours-là fatigants, mais elle y était à côté de son mari… Elle le voyait, l'entendait, et pour elle, ce charme du cœur se répandait sur tout ce qui l'entourait. Pouvant difficilement s'asseoir, elle allait d'un groupe à l'autre, écoutait et revenait près de la cheminée, où bientôt elle était entourée à son tour, et M. Necker le premier était attentif à tout ce qu'elle disait, et recueillait avec une religieuse et scrupuleuse attention les anecdotes qu'elle racontait avec une grâce charmante. Il est faux qu'elle fût guindée dans sa conversation… Son maintien était raide, et puis cette malheureuse attitude, cette difficulté de s'asseoir était un des plus grands obstacles au charme du laisser-aller, qui était surtout alors ce qui dominait dans une société intime et de la haute classe; mais madame Necker suppléait autant que possible à ce laisser-aller, par une finesse d'idée qui plaisait. Celle offerte par elle vous plaisait aussi par la manière dont elle la présentait… il semblait qu'elle était, depuis longtemps, au bord de votre pensée… Enfin, on se trouvait peut-être mieux avec elle qu'avec sa fille, malgré le brillant génie et la faconde toute sublime de madame de Staël… Elle inspirait tout d'abord une grande méfiance de soi-même… Ce sentiment est pénible…
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