Le lion du désert: Scènes de la vie indienne dans les prairies. Aimard Gustave

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Le lion du désert: Scènes de la vie indienne dans les prairies - Aimard Gustave

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vrai, je m'en souviens; seulement, qu'est devenu le scapulaire?

      – Il est encore au cou du Faucon-Noir, répondit le Castor, et qui sait si…

      – Hum! fit Tío Perico, cet espoir est bien faible, mes frères; enfin, à la grâce de Dieu, et que sa sainte volonté soit faite.

      Tous les chasseurs se signèrent religieusement; et comme le souper était terminé, ils allumèrent leurs cigarettes, jetèrent quelques brassées de bois mort dans le feu, et se préparèrent à passer la nuit le plus commodément possible.

      Tout à coup le bruit d'une course précipitée retentit dans la forêt, et un cavalier fit irruption dans la clairière. A sa vue, les chasseurs poussèrent des exclamations de joie et s'élancèrent à sa rencontre.

      Ce cavalier était le Faucon-Noir. Il répondit avec bonhomie aux marques d'attachement de ses amis, descendit de cheval et s'approcha du feu. C'était un jeune homme de vingt-cinq ans, d'une taille un peu au-dessus de la moyenne, mais fine, cambrée et admirablement proportionnée. Ses moindres mouvements étaient élégants et nobles; toute sa personne respirait la souplesse et la vigueur portées à leur suprême degré; son front, ses yeux noirs et perçants, son nez aquilin, sa bouche moyenne, surmontée d'une épaisse moustache noire, lui complétaient une physionomie qui, sans être belle, avait une remarquable expression d'audace, de franchise et de loyauté. Il portait, comme ses compagnons, le costume de chasseur.

      – Eh bien! quoi de nouveau? demanda le Castor en s'adressant au jeune homme qui prenait sa part des restes du souper, avez-vous vu les ladrones?

      – Je les ai vus, répondit laconiquement le Faucon.

      – Et que prétendez-vous faire?

      – Sauver le Pigeon-Volant, si mes frères veulent me venir en aide.

      – Pourquoi ne le ferions-nous pas?

      – La tâche sera rude.

      – Tant mieux, corne-bœuf! dit le plus jeune en frappant la terre de la crosse de son rifle; tant mieux, il y a longtemps que nous n'avons eu maille à partir avec ces effrontés pillards des Prairies.

      – Ainsi Je puis compter sur mes frères?

      – Écoute-moi, muchacho, dit Tío Perico d'une voix solennelle; sache, une fois pour toutes, que nous sommes ici six hommes prêts à sacrifier leur vie pour te voir heureux.

      – Je le savais, répondit le jeune homme avec émotion; mais pardonnez-moi, j'avais besoin de vous l'entendre dire encore une fois, tant le projet que j'ai conçu est grave et périlleux.

      – Mon fils, sept hommes comme nous, n'ayant qu'une tête et qu'un cœur, sont bien forts dans le danger. Parle: quel est ton projet?

      – Vous connaissez mon amour pour Rant-chaï-waï-mè11, la fille de Mahaskak12, le sagamore des Jiowais. Depuis que je l'ai vue dans notre dernière chasse sur les rives du lac Salado, mon cœur s'est envolé vers elle sans que j'aie cherché à le retenir, et je n'ai plus eu qu'une pensée, m'en faire aimer; qu'un désir, la prendre pour femme. Dans un but que je ne comprends pas bien encore, mais dont j'entrevois pourtant la duplicité, don López l'a fait enlever par son digne acolyte Pépé Naïpès. Il se propose de l'emmener avec lui dans le voyage qu'il entreprend à la recherche d'un placer que Nauchenanga, le grand chef des Comanches lui a vendu. – Une cinquantaine de bandits gambucinos et trappeurs dévoués forment sa troupe; eh bien, quelque formidable que soit cette escorte, mon intention est de l'attaquer: c'est au milieu de tous ces hommes que je veux enlever celle que j'aime. Voulez-vous me suivre?

      – Quand partons-nous?

      – Sur-le-champ. Les gambucinos sont campés à peu de distance de nous, et je sais que don López doit se mettre en route ce soir même: il faut donc nous hâter de suivre ses traces.

      – Partons, répondirent les chasseurs.

      Aussitôt chacun fit ses préparatifs, sellant son cheval, et remplissant d'eau les petites outres de peau de chevreau dont tout cavalier américain est pourvu.

      A l'instant où ils allaient quitter la clairière, un craquement de feuilles se fit entendre, les branches s'écartèrent, et un homme parut, s'avançant, le bras étendu, la main ouverte, la paume en avant en signe de paix.

      A la couleur de sa peau d'une teinte plus claire que le cuivre neuf le plus pâle, on le reconnaissait immédiatement pour un Indien. C'était un homme de trente ans au plus, aux traits mâles et expressifs; sa physionomie était d'une intelligence remarquable et particulièrement empreinte de cette majesté naturelle chez les sauvages enfants des Prairies; sa taille était élevée, bien prise, élancée, et ses membres fortement musclés dénotaient une vigueur et une souplesse contre lesquelles peu d'hommes auraient pu lutter avec avantage.

      Il était complètement peint et armé en guerre. Ses cheveux noirs étaient relevés sur sa tète en forme de casque et retombaient sur son dos comme une crinière; une profusion de colliers de wampum ornaient sa poitrine, sur laquelle était peinte, avec une finesse rare, une tortue bleue grande comme la paume de la main.

      Le reste du costume se composait du mitasse13 attaché aux hanches par une ceinture de cuir et arrivant jusqu'aux chevilles; d'une chemise de peau de daim à longues manches pendantes, et dont les coutures, ainsi que celles du mitasse, étaient frangées de cuir et de plumes; un ample manteau de buffle brodé de laine formant de naïfs dessins, s'accrochait à ses épaules par une agrafe d'or pur et tombait jusqu'à terre; il avait pour chaussures d'élégants mocassins brillants de perles fausses; un léger bouclier rond, couvert en bison et garni de chevelures humaines, pendait à son côté gauche.

      Ses armes étaient celles des Indiens, c'est-à-dire le couteau à scalper, le tomahawk et le rifle américain; mais un long fouet dont le manche peint en rouge était orné de chevelures et de plumes, indiquait un des principaux chefs de la redoutable nation des Comanches. C'était, en effet, le célèbre Nauchenanga.

      Le Faucon-Noir s'avança seul au-devant de l'Indien.

      – Que veut mon frère? dit-il.

      – Voir le visage d'un ami, répondit le chef d'une voix douce.

      Alors les deux hommes portèrent la main droite à leur front, croisèrent ensuite les bras en passant la main droite sur l'épaule gauche, et inclinant la tête en même temps, ils se saluèrent suivant l'usage de la Prairie.

      Cette cérémonie préliminaire terminée, le Faucon-Noir prit la parole.

      – Mon frère est le bienvenu, dit-il; qu'il s'approche du feu et fume dans le calumet de ses amis blancs.

      – Ainsi ferai-je, dit Nauchenanga.

      Et, s'approchant du feu, il s'accroupit à la mode indienne, détacha son calumet de sa ceinture, et se mit à fumer en silence.

      Les chasseurs, voyant la tournure que prenait cette visite imprévue, étaient revenus s'asseoir autour du brasier. Quelques minutes se passèrent ainsi sans que personne parlât; chacun attendait que le chef indien expliquât le motif de sa présence. Enfin Nauchenanga secoua la cendre de son calumet, le repassa à sa ceinture, et, s'adressant au Faucon-Noir:

      – Mon

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<p>11</p>

Le pigeon volant.

<p>12</p>

Le loup blanc.

<p>13</p>

Long caleçon.