L'éclaireur. Aimard Gustave

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L'éclaireur - Aimard Gustave

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et cette bourse qui contient cinquante onces est à vous, ou vous refusez, et alors, ajouta-t-il froidement en sortant un pistolet de sa ceinture, je vous brûle la cervelle avec ceci!

      Une sueur froide baigna les tempes du pulquero; il connaissait trop bien les bandits de son pays pour leur faire l'injure de douter de leurs paroles.

      – Eh bien! lui demanda l'autre en armant le pistolet, avez-vous réfléchi?

      – ¡Cáspita! caballero, ne jouez pas avec cela, je vais essayer.

      – Pour mieux réussir, voici la bourse, fit don Toribio.

      Le pulquero s'en empara avec un mouvement de joie dont il est impossible de donner une idée; puis, il se dirigea lentement vers la porte du couvent, tout en cherchant dans sa tête comment il pourrait s'y prendre pour gagner honnêtement la forte somme qu'il venait de recevoir sans courir le moindre risque, problème, nous l'avouons, dont la solution n'était pas facile à trouver.

      VIII.

      Une ténébreuse histoire (fin)

      Le pulquero s'était enfin décidé à obéir. Soudain une pensée lumineuse traversa son cerveau, et ce fut le sourire aux lèvres qu'il souleva le marteau pour frapper.

      Au moment où il allait le laisser retomber, don Toribio lui arrêta le bras.

      – Qu'y a-t-il? demanda Salado.

      – Onze heures sont sonnées depuis longtemps déjà, tout le monde dort ou doit dormir dans le couvent, peut-être vaudrait-il mieux employer un autre moyen.

      – Vous vous trompez, caballero, répondit le pulquero; la tourière veille.

      – Vous en êtes sur?

      – ¡Caramba! – répliqua l'autre, qui avait enfin formé son plan et qui maintenant craignait d'être obligé de restituer l'argent qu'il avait reçu si l'homme qui le poussait en avant changeait de résolution, – le couvent des Bernardines de Mexico est ouvert jour et nuit aux gens qui viennent y chercher des médicaments. Laissez-moi faire.

      – Allez donc alors, répondit le chef de l'expédition en lui lâchant le bras.

      – Salado ne se fit pas répéter l'autorisation de peur d'une nouvelle objection, il se hâta de laisser tomber le marteau qui résonna sur son clou de cuivre. Don Toribio et ses compagnons s'étaient effacés contre la muraille.

      Au bout d'un instant la planchette du judas glissa dans sa rainure, et la face ridée de la tourière apparut à l'ouverture.

      – Qui êtes-vous, mon frère? demanda-t-elle d'une voix chevrotante et endormie; pourquoi venez-vous à cette heure avancée frapper au couvent des Bernardines?

      –¡Ave María purísima! dit Salado de son air le plus cafard.

      – Sin pecado concebida, mon frère, seriez-vous malade?

      – Je suis un pauvre pécheur que vous connaissez, ma sœur; mon âme est plongée dans l'affliction.

      – Qui donc êtes-vous, mon frère? Je crois en effet reconnaître votre voix; mais la nuit est si noire, que je ne puis distinguer les traits de votre visage.

      – Et j'espère bien que tu ne les verras pas, dit mentalement Salado, qui ajouta à haute voix, je suis le señor Templado qui tient une locanda dans la calle Plateros.

      – Ah! Je vous remets à présent, mon frère.

      – Je crois que cela prend, murmura le pulquero.

      – Que désirez-vous, mon frère? Hâtez-vous de me l'apprendre, au très saint nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, fit-elle en se signant dévotement, mouvement imité par Salado, car l'air est très froid, et il me faut continuer mes oraisons que vous avez interrompues.

      –¡Válgame Dios, ma sœur! Ma femmes et mes deux enfants sont malades; le révérend père gardien des Franciscains m'a engagé à venir vous demander trois bouteilles de votre eau miraculeuse.

      Nous ferons observer en passant que chaque couvent fabrique, au Mexique, une soi-disant eau miraculeuse dont la recette est soigneusement gardée; cette eau guérit, dit-on, toutes les maladies, miracle que nous n'avons jamais pour notre compte été mis à même de constater; il va sans dire que cette panacée universelle se vend très cher et forme le plus clair des revenus de la communauté.

      – Jésus! s'écria la vieille, dont les yeux pétillèrent de joie à la commande exorbitante du pulquero; trois bouteilles!

      – Oui, ma sœur. Je vous demanderai aussi la permission de me reposer un instant! Car je suis venu si vite, et l'émotion de la maladie de ma femme et de mes enfants m'a tellement brisé, que j'ai peine à me tenir debout.

      – Pauvre homme! fit la tourière avec pitié.

      – Oh! Ce sera réellement une charité que vous ferez, ma sœur.

      – Señor Templado, regardez, je vous prie, autour de vous, afin de voir s'il n'y a personne dans la rue; nous vivons dans un si mauvais temps, qu'on ne saurait prendre trop de précautions.

      – Il n'y a personne, ma sœur, répondit le pulquero en faisant signe aux bandits de se tenir prêts.

      – Alors je vais ouvrir.

      – Dieu vous en récompensera, ma sœur.

      – Amen! fit-elle dévotement.

      On entendit le grincement de la clef dans la serrure, le bruit des verrous qu'on tirait, et la porte s'ouvrit.

      – Entrez vite, mon frère, dit la religieuse.

      Mais Salado s'était prudemment retiré en arrière et avait cédé la place à don Toribio.

      Celui-ci s'élança sur la tourière sans lui laisser le temps de se reconnaître, la saisit à la gorge et lui serrait le cou dans ses deux mains comme dans un étau:

      – Un mot sorcière, lui dit-il à l'oreille, et je te tue!

      Épouvantée par cette attaque subite d'un homme dont le visage était couvert d'un masque noir, la vieille femme tomba à la renverse sans connaissance.

      – Au diable la coquine! s'écria don Toribio avec colère: qui nous guidera maintenant?

      Il essaya d'abord de faire revenir la tourière; mais reconnaissant bientôt qu'il n'y réussirait pas, il fit signe à deux de ses hommes de la bâillonner et de la garroter solidement; puis, après avoir recommandé à ces deux individus de rester en sentinelle à la porte, il s'empara du trousseau de clefs dont la religieuse était dépositaire, et il se mit en devoir, suivi de tous ses autres compagnons, de pénétrer dans le bâtiment habité par les religieuses. Ce n'était pas chose facile à découvrir dans cette immense Thébaïde que la cellule habitée par la supérieure, car c'était à l'abbesse seule que don Toribio en voulait.

      Or, pour causer avec la supérieure, il fallait d'abord la trouver, et c'était là ce qui embarrassait les bandits, maîtres de la place qu'ils avaient conquise par ruse. Cependant au moment où ils commençaient à perdre tout espoir, un incident, suscité par leur présence inopportune, vint à leur secours.

      Les

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