Les nuits mexicaines. Aimard Gustave

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Les nuits mexicaines - Aimard Gustave

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dans les premiers temps de la conquête, demi-palais, demi-forteresse, comme les Espagnols en élevaient alors sur leurs terres, afin de tenir les Indiens en échec et de résister à leurs attaques, pendant les nombreuses révoltes qui ensanglantèrent les premières années de l'invasion des Européens.

      Les almenas ou créneaux qui couronnaient les murs, témoignaient de la noblesse du propriétaire de l'hacienda, les gentilshommes seuls possédant le droit de créneler leurs habitations, droit dont ils se montraient fort jaloux.

      On voyait briller aux rayons ardents du soleil le dôme de la chapelle de l'hacienda qui s'élevait au-dessus des murailles.

      Plus les voyageurs approchaient, plus le paysage semblait vivant; à chaque instant ils croisaient des cavaliers, des arrieros avec leurs mules, des Indiens courant avec des fardeaux suspendus sur leur dos par une courroie passée autour de leur front, puis c'était des troupeaux chassés par les vaqueros et changeant de pâturages, des moines trottant sur des mules, des femmes, des enfants, enfin des gens affairés de tous états et de tous sexes qui allaient, venaient et se croisaient dans tous les sens.

      Lorsqu'ils atteignirent le pied de la colline que dominait l'hacienda, l'aventurier arrêta son cheval au moment où celui-ci s'engageait dans le sentier conduisant à la porte principale de l'habitation.

      – Monsieur le comte, dit-il, en se tournant vers le jeune homme; nous voici arrivés au terme de notre voyage, permettez-moi de prendre congé de vous.

      – Pas avant que vous m'ayez promis de me revoir.

      – Je ne puis vous promettre cela, comte, nos routes sont diamétralement opposées, d'ailleurs peut-être vaudrait-il mieux que nous ne nous revissions jamais.

      – Que voulez-vous dire?

      – Rien d'offensant pour vous, ou qui vous soit personnel; permettez-moi de serrer votre main avant de nous quitter.

      – Oh! De grand cœur, s'écria le jeune homme en lui tendant la main avec effusion.

      – Et maintenant, adieu! Adieu encore une fois; le temps s'envole rapidement et je devrais être déjà loin.

      L'aventurier se pencha sur le cou de son cheval et s'élança avec la rapidité d'une flèche dans un sentier où il ne tarda pas à disparaître.

      Le comte le suivit des yeux aussi longtemps qu'il lui fut possible de l'apercevoir; lorsqu'enfin il se fut dérobé derrière un pli de terrain, le comte poussa un soupir.

      – Quel caractère étrange! murmura-t-il à voix basse. Oh! Je le reverrai, il le faut.

      Le jeune homme fit doucement sentir l'éperon à son cheval, et s'engagea dans le sentier qui devait, en quelques minutes, le conduire au sommet de la colline et à la porte principale de l'hacienda.

      L'aventurier avait dit vrai, le comte était attendu à l'hacienda; il en eut la preuve en apercevant ses deux domestiques à la porte, semblant guetter son arrivée.

      Le jeune homme mit pied à terre dans une première cour et abandonna son cheval aux mains d'un palefrenier qui l'emmena.

      Au moment où le comte se dirigeait vers une large porte surmontée d'une marquise et qui donnait accès dans les appartements, don Andrés en sortit, accourut vers lui avec empressement, le pressa sur son cœur avec effusion et l'embrassa à plusieurs reprises en lui disant:

      – Dieu soit loué! Vous voici enfin! Nous commencions à être dans une inquiétude mortelle à votre sujet.

      Le comte, pris ainsi à l'improviste, s'était laissé presser et embrasser sans trop comprendre ce qui lui arrivait ni à qui il avait affaire; mais le vieillard, s'apercevant de l'étonnement qu'il éprouvait et que, malgré ses efforts, il ne parvenait pas à dissimuler complètement, ne le laissa pas plus longtemps dans l'embarras et se nomma en ajoutant:

      – Je suis votre proche parent, mon cher comte, votre cousin; ainsi ne vous gênez pas, agissez ici comme chez vous; cette maison et tout ce qu'elle contient est à votre disposition et vous appartient.

      Le jeune homme se confondit en protestation, mais don Andrés l'interrompit encore.

      – Je suis un vieux fou, dit-il, je vous tiens là en vous racontant mes radotages, j'oublie que vous venez de fournir une longue course à cheval, et que vous devez avoir besoin de repos. Venez, je veux avoir le plaisir de vous conduire moi-même à votre appartement, il est prêt depuis plusieurs jours déjà.

      – Mon cher cousin, répondit le comte, je vous remercie mille fois de vos gracieuses prévenances; mais je crois qu'il serait convenable que vous daigniez me présenter à ma cousine avant que je me retire.

      – Cela ne presse pas, mon cher comte; ma fille est en ce moment enfermée dans son boudoir avec ses femmes; laissez-moi vous annoncer d'abord, je sais mieux que vous ce qu'il convient de faire en cette circonstance, reposez-vous.

      – Soit, mon cousin, je vous suis; d'ailleurs, je vous avoue, puisque vous êtes assez bon pour me mettre si bien à mon aise, que je ne serai nullement fâché de prendre quelques heures de repos.

      – Ne le savais-je pas bien? répondit gaîment don Andrés, mais tous les jeunes gens sont les mêmes, ils ne doutent de rien.

      L'hacendero conduisit alors son hôte à un appartement qui avait été installé et meublé avec goût, sous la surveillance immédiate de don Andrés, et qui était destiné à servir d'habitation au comte, pendant tout le temps qu'il lui plairait de résider à l'hacienda; ses malles y avaient déjà été transportées, et son valet de chambre l'attendait.

      Cet appartement, sans être grand, était cependant disposé d'une façon fort bien entendue et très confortable, vu les ressources du pays.

      Il se composait de quatre pièces, la chambre à coucher du comte avec cabinet de toilette et salle de bains à côté, un cabinet de travail faisant salon, une antichambre et une pièce pour les domestiques du comte, afin que de jour et de nuit il pût les avoir à sa disposition.

      Au moyen de quelques cloisons, on l'avait séparé et rendu entièrement indépendant des autres appartements de l'hacienda; on y pénétrait par trois portes, une donnant sous le vestibule, la seconde sur la cour commune, et la troisième donnant par quelques marches accès dans la magnifique huerta de l'hacienda qui, par son étendue, pouvait passer pour un parc.

      Le comte nouvellement débarqué au Mexique, et de même que tous les étrangers se faisaient une fausse idée d'un pays qu'il ne connaissait pas, était loin de s'attendre à trouver, à l'hacienda del Arenal, une installation aussi commode et aussi conforme à ses goûts et à ses habitudes un peu sérieuses, aussi fût-il réellement dans le ravissement de ce qu'il voyait; il remercia chaleureusement don Andrés de la peine qu'il avait bien voulu prendre pour lui rendre agréable le séjour de sa maison, et l'assura qu'il était loin de s'attendre à une aussi aimable réception.

      Don Andrés de la Cruz, fort satisfait de ce compliment, se frotta les mains avec joie et se retira enfin, laissant son parent libre de se livrer au repos si cela lui plaisait.

      Demeuré seul avec son valet de chambre, le comte après avoir changé de toilette et avoir pris un costume plus convenable pour la campagne que celui qu'il portait, interrogea son domestique sur la manière dont s'était accompli son voyage depuis la Veracruz et de la réception qui lui avait été faite à son arrivée à l'hacienda.

      Ce valet de chambre était un homme du

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