The Life of Albert Gallatin. Adams Henry

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The Life of Albert Gallatin - Adams Henry

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c’est à dire qu’il portait droit contre terre, et la marée montait. L’on ne pouvait plus virer de bord et l’on fut obligé d’aller autant contre le vent qu’on le pouvait (par un angle de 80 degrés); malgré cela on approchait toujours de terre, mais on en voyait le bout et heureusement elle tournait moyennant quoi nous échappâmes, mais nous n’étions pas à deux toises d’un roc qui était à l’avant de la terre quand nous la dépassâmes. Nous gagnâmes le large au plus vîte, et après avoir été battus par la tempête toute la nuit, nous arrivâmes le lendemain ici.

      Je n’ai pas besoin de te dire que ceci est écrit au nom de tous les deux, et comme tu le vois le papier ne me permet pas de causer plus longtems avec toi. Adieu, mon bon ami. Cette lettre est achevée le 7e novembre. Je numérote mes lettres. Fais-en autant et dis-moi quels numéros tu as reçus.

      Tu ne recevras point de lettres de nous d’ici au printems, la communication étant fermée.

      En relisant ma lettre je vois que je ne t’ai rien dit de la manière de vivre de ce pays. Le commerce consiste en poisson, planches, mâtures, pelleteries, et il est fort avantageux. Avant la guerre on ne faisait que couper des planches, depuis on a défriché les terres; il n’y a encore que fort peu de bleds, mais des patates et des racines de toute espèce en abondance, point de fruits, et du bétail mais peu. Nous avons déjà une vache. C’est un commencement de métairie, comme tu vois. Trois rivières se jettent dans le hâvre et c’est à deux lieues au-dessus de leur embouchure que nous sommes à la jonction de deux d’entr’elles. Nous allons en bâteaux de toute espèce et entr’autres sur des canots d’écorce, dont tu seras enchanté, quelques fragiles qu’ils soient. Tout cela gèle tout l’hyver et on peut faire dix lieues en patins. On va sur la neige avec une sorte de machine qui s’attache aux pieds, nommée raquettes, et avec laquelle on n’enfonce point, quelque tendre qu’elle soit. On fait trente, quarante lieues à travers les bois, les lacs, les rivières, en raquettes, en patins, en canots d’écorce. Car on les porte sur son dos quand on arrive à un endroit où il n’y a plus d’eau jusqu’au premier ruisseau, où l’on se rembarque.

      Dis-nous quelque chose de Genève; des affaires politiques, du procès Rilliet, de ta manière de passer ton tems à présent, &c. Adresse-nous tes lettres à Boston.

      Monsieur Jean Badollet,

      Chez Monsieur le Chevalier de Vivens, à Clérac.

      A letter from Serre, which was enclosed with the above long despatch from Gallatin, throws some light on Serre’s imaginative and poetical character and his probable influence on the more practical mind of his companion, although, to say the truth, his idea of life and its responsibilities was simply that of the runaway school-boy.

SERRE TO BADOLLET

      Mon cher ami Badollet, nous sommes ici dans un pays où je crois que tu te plairais bien; nous demeurons au milieu d’une forêt sur le bord d’une rivière; nous pouvons chasser, pêcher, nous baigner, aller en patins quand bon nous semble. A présent nous nous chauffons gaillardement devant un bon feu, et ce qu’il y a de mieux c’est que c’est nous-mêmes qui allons couper le bois dans la forêt. Tu sais comme nous nous amusions à Genève à nous promener en bâteau. Eh bien! je m’amuse encore mieux ici à naviguer dans des canots de sauvages. Ils sont construits avec de l’écorce de bouleau et sont charmants pour aller un ou deux dedans; on peut s’y coucher comme dans un lit, et ramer tout à son aise; il n’y a pas de petit ruisseau qui n’ait assez d’eau pour ces jolies voitures. Il y a quelque tems que je descendis une petite rivière fort étroite; le tems était superbe; je voyais des prairies à deux pas de moi; j’étais couché tout le long du canot sur une couverture, et il y avait si peu d’eau qu’il me semblait glisser sur les près et les gazons. Je tourne, je charpente, je dessine, je joue du violon; il n’y a pas diablerie que je ne fasse pour m’amuser. Note avec cela que nous sommes ici en compagnie de cinq bourgeois et bourgeoises de Genève. Il est bien vrai qu’il y en a trois de nés en Amérique, mais ils n’en ont pas moins conservé le sang républicain de leurs ancêtres, et M. Lesdernier le fils, né dans ce continent d’un père genevois, est celui de tous les Américains que j’ai vu encore le plus zélé et le plus plein d’enthousiasme pour la liberté de son pays.

      Adieu, mon cher ami. J’espère que l’été prochain tu viendras m’aider à pagailler (signifie ramer) dans un canot de sauvage. Nous irons remonter la rivière St. Jean ou le fleuve St. Laurent, visiter le Canada. Si tu pouvais trouver moyen de m’envoyer une demi-douzaine de bouts de tubes capillaires pour thermomètre, tu obligerais beaucoup ton affectionné ami.

      P.S. – Nous allons bientôt faire un petit voyage pour voir une habitation de sauvages.

      A little more information is given by the fragment of another letter, written nearly two years afterwards, but covering the same ground.

GALLATIN TO BADOLLETCambridge, 15 septembre, 1782.

      Mon bon ami, je t’écris sans savoir où tu es, et sans savoir si mes lettres te parviendront, ou si même tu te soucies d’en recevoir; car si je ne comptais pas autant sur ton amitié que je le fais, je serais presque porté à croire que tu n’as répondu à aucune des lettres que nous t’avons écrites, Serre et moi, depuis plus de deux ans. Cependant te jugeant par moi-même et surtout te connaissant comme je fais, j’aime mieux penser que toutes nos lettres ont été perdues, ou que toutes les tiennes ont subi ce sort. Ainsi commençant par la deuxième supposition, je vais te faire un court narré de nos aventures.

      Notre voyage jusqu’en Amérique ne fut marqué par aucun évènement remarquable excepté le vol que le second du vaisseau nous fit de la moitié de notre linge et de quelqu’argent. Nous arrivâmes à Boston le 15 juillet, 1780, et nous y restâmes deux mois avant de pouvoir nous défaire de quelques caisses de thé que nous avions achetées avant de nous embarquer. La difficulté de se transporter à Philadelphie et le désir d’augmenter un peu nos fonds avant d’y aller, nous détermina à passer dans le nord de cet état dans le dernier établissement qu’aient les Américains sur les frontières de la Nouvelle-Ecosse. Cette place se nomme Machias et est un port de mer situé sur la baye Funday, ou Française, à cent lieues N. – E. de Boston. Un Genevois nommé Lesdernier, un bon paysan de Russin, qui après avoir fait de fort bons établissements en Nouvelle-Ecosse, les avait perdus en partie par sa faute, en partie par son attachement pour la cause des Américains, et qui allait avec un capucin (destiné à prêcher des sauvages) joindre son fils qui est lieutenant au service américain à Machias, – ce Genevois, dis-je, fut un des motifs qui nous entraîna dans le nord, où notre curiosité ne demandait pas mieux que de nous conduire. Nous partîmes de Boston le 1er octobre, 1780, et après avoir relâché à Newbury et à Casco Bay (deux ports de la Nouvelle-Angleterre, situés le premier à quinze lieues et le second à quarante-cinq nord-est de Boston), et avoir pensé nous perdre dans un brouillard contre un rocher, en grande partie par l’ignorance de nos matelots, nous arrivâmes le 15e octobre dans la rivière de Machias. Te donner une idée de ce pays n’est pas bien difficile; quatre ou cinq maisons ou plutôt cahutes de bois éparses dans l’espace de deux lieues de côte que l’on découvre à la fois, deux ou trois arpens de terre défrichés autour de chaque cahute, et quand je dis défrichés j’entends seulement qu’on a coupé les arbres des alentours et que l’on a planté quelques patates entre les souches, et au delà, de quel côté que l’on se tourne, rien que des bois immenses qui bornent la vue de tous côtés, voilà ce que le premier coup-d’œil présente. Il ne laisse cependant pas que d’y avoir quelques variétés dans cette vue, quelqu’uniforme qu’elle soit naturellement. Le port que la rivière forme à son embouchure, port qui pour le dire en passant est assez beau et très-sûr, est parsemé de quelques petites îles. Les différentes réflexions du soleil sur les arbres de différentes couleurs dont elles sont couvertes, sur les rocs escarpés qui en bordent quelques-unes et sur les vagues qui se brisent à leur pied, forment des contrastes assez agréables. Ajoute à cela quelques bâteaux à voiles

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