La San-Felice, Tome 03. Dumas Alexandre

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La San-Felice, Tome 03 - Dumas Alexandre

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se retournant vers la camériste:

      – N'entends-tu pas, Nina? on sonne à arracher la sonnette!

      Nina sembla s'éveiller.

      – On sonne? dit-elle; et où cela?

      – A la porte, il faut croire.

      – Oui, à celle de la maison, dit Luisa.

      Puis, rapidement et tout bas à Salvato:

      – Ce n'est pas mon mari, ajouta-t-elle, il rentre toujours par celle du jardin. Va, dit-elle à Nina, cours! je n'y suis pas, tu entends?

      – Petite soeur n'y est pas, tu entends, Nina? répéta Michele.

      Nina sortit sans répondre.

      Luisa se rapprocha du blessé; elle se sentait, sans savoir pourquoi, plus à l'aise sous la parole du bavard Michele que sous le regard de la muette Nina; mais cela, nous le répétons, instinctivement, sans qu'elle eût rien scruté des bons sentiments de son frère de lait, ou des mauvais instincts de sa camériste.

      Au bout de cinq minutes, Nina rentra, et, s'approchant mystérieusement de sa maîtresse:

      – Madame, lui dit-elle tout bas, c'est M. André Backer, qui demande à vous parler.

      – Ne lui avez-vous pas dit que je n'y étais point? répliqua Luisa assez haut pour que Salvato, s'il n'avait point entendu la demande, pût au moins entendre la réponse.

      – J'ai hésité, madame, répondit Nina toujours à voix basse, d'abord parce que je sais que c'est votre banquier, et ensuite parce qu'il a dit que c'était pour une affaire importante.

      – Les affaires importantes se règlent avec mon mari, et non point avec moi.

      – Justement, madame, continua Giovannina sur le même diapason; mais j'ai eu peur qu'il ne revînt quand M. le chevalier y serait; qu'il ne dit à M le chevalier qu'il n'avait point trouvé madame, et, comme madame ne sait pas mentir, j'ai pensé qu'il valait mieux que madame le reçût.

      – Ah! vous avez pensé?.. dit Luisa regardant la jeune fille.

      Nina baissa les yeux.

      – Si j'ai eu tort, madame, il est encore temps; mais cela lui fera bien de la peine, pauvre garçon!

      – Non, dit Luisa après un instant de réflexion, mieux vaut en effet que je le reçoive, et tu as bien fait, mon enfant.

      Puis, se tournant vers Salvato, qui s'était écarté voyant que Giovannina parlait bas à sa maîtresse:

      – Je reviens dans un instant, lui dit-elle; soyez tranquille, l'audience ne sera pas longue.

      Les jeunes gens échangèrent un serrement de main et un sourire, puis Luisa se leva et sortit.

      A peine la porte fut-elle refermée derrière Luisa, que Salvato ferma les yeux, comme il avait l'habitude de le faire quand la jeune femme n'était plus là.

      Michele, croyant qu'il voulait dormir, s'approcha de Nina.

      – Qui était-ce donc? demanda-t-il à demi-voix, avec cette curiosité naïve de l'homme à demi sauvage dont l'instinct n'est point soumis aux convenances de la société.

      Nina, qui avait parlé très-bas à sa maîtresse, haussa la voix d'un demi-ton et de manière que Salvato, qui n'avait point entendu ce qu'elle disait à sa maîtresse, entendit ce qu'elle disait à Michele.

      – C'est ce jeune banquier si riche et si élégant, dit-elle; tu le connais bien!

      – Bon! répliqua Michele, voilà que je connais les banquiers, moi!

      – Comment! tu ne connais pas M. André Backer?

      – Qu'est-ce que c'est que cela, M. André Backer?

      – Comment! tu ne te rappelles pas? Ce joli garçon blond, un Allemand ou un Anglais, je ne sais pas bien, mais qui a fait sa cour à madame avant qu'elle épousât le chevalier.

      – Ah! oui, oui. N'est-ce pas chez lui que Luisa a toute sa fortune?

      – Justement, tu y es.

      – C'est bon. Lorsque je serai colonel, lorsque j'aurai des épaulettes et le sabre que M. Salvato m'a promis, il ne me manquera qu'un cheval comme celui sur lequel se promène M. André Backer pour être équipé complétement.

      Nina ne répondit point; elle avait, tandis qu'elle parlait, tenu son regard arrêté sur le blessé, et, au frémissement presque imperceptible des muscles de son visage, elle avait compris que le prétendu dormeur n'avait point perdu une parole de ce qu'elle avait dit à Michele.

      Pendant ce temps, Luisa était passée au salon, où l'attendait la visite annoncée; au premier moment, elle eut peine à reconnaître André Backer; il était vêtu en costume de cour, avait coupé ses longs favoris blonds à l'anglaise, ornement que, soit dit en passant, détestait le roi Ferdinand; il portait au cou la croix de commandeur de Saint-Georges Constantinien, et la plaque sur l'habit; il avait la culotte courte et l'épée au côté.

      Un léger sourire passa sur les lèvres de Luisa. A quelle intention le jeune banquier lui faisait-il, dans un pareil costume, c'est-à-dire dans un costume de cour, une pareille visite à onze heures et demie du matin? Sans doute, elle allait le savoir.

      Au reste, hâtons-nous de dire que André Backer, de race anglo-saxonne, était un charmant garçon de vingt-six à vingt-huit ans, blond, frais, rose, avec la tête carrée des faiseurs de chiffres, le menton accentué du spéculateur entêté aux affaires, et la main spatulée des compteurs d'argent.

      Très-élégant et habituellement plein de désinvolture, il était un peu emprunté sous ce costume dont il n'avait pas l'habitude et qu'il portait avec tant de complaisance, que, sans affectation et comme par hasard, il s'était placé devant une glace pour voir l'effet que faisait la croix de Saint-Georges à son cou et la plaque du même ordre sur sa poitrine.

      – Oh! mon Dieu, cher monsieur André, lui dit Luisa après l'avoir regardé un instant et lui avoir laissé faire un respectueux salut, comme vous voilà splendide! Je ne m'étonne point que vous ayez insisté, non pour me voir sans doute, mais pour que j'aie le plaisir de vous voir dans toute votre gloire. Où allez-vous donc comme cela? car je présume que ce n'est point pour me faire une visite d'affaires que vous avez revêtu ce costume de cour.

      – Si j'eusse cru, madame, que vous eussiez pu avoir plus de plaisir à me voir avec ce costume que sous mes habits ordinaires, je n'eusse point attendu jusqu'aujourd'hui pour le revêtir; non, madame, je sais, au contraire, que vous êtes une de ces femmes intelligentes qui, en choisissant toujours le vêtement qui leur convient le mieux, font peu d'attention à la façon dont les autres sont vêtus; ma visite est un effet de ma volonté; mais ce costume, sous lequel je me présente à vous, est le résultat des circonstances. Le roi a daigné, il y a trois jours, me faire commandeur de l'ordre de Saint-Georges Constantinien, et m'inviter à dîner à Caserte pour aujourd'hui.

      – Vous êtes invité par le roi à dîner à Caserte aujourd'hui? fit Luisa avec une expression de surprise qui indiquait un degré d'étonnement peu flatteur pour les droits que pouvait se croire le jeune banquier à être admis à la table du roi, le plus lazzarone des hommes dans

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