La San-Felice, Tome 05. Dumas Alexandre

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La San-Felice, Tome 05 - Dumas Alexandre

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sur ces paroles: «Nous quittons Naples;» madame a dit cela, je crois?

      –Sans doute, je l'ai dit.

      –Est-ce que madame comptait m'emmener avec elle?

      –Si vous eussiez voulu, oui; mais, pour peu que la chose vous déplaise…

      Nina vit qu'elle avait été trop loin.

      –Si je ne dépendais que de moi, ce serait avec le plus grand plaisir que je suivrais madame jusqu'au bout du monde, dit-elle; mais, par malheur, j'ai une famille.

      –Ce n'est jamais un malheur d'avoir une famille mon enfant, dit Luisa avec une suprême douceur.

      –Excusez-moi, madame, si je dis un peu trop franchement…

      –Vous n'avez pas besoin d'excuse. Vous avez une famille, disiez-vous, et cette famille, alliez-vous dire, ne permettra point que vous quittiez Naples.

      –Non, madame, j'en suis sûre, répondit vivement Giovannina.

      –Mais cette famille permettrait-elle, continua Luisa, qui venait de songer qu'il serait moins cruel à Salvato de trouver, elle absente, quelqu'un à qui parler d'elle, qu'une porte fermée et une maison muette, – cette famille permettrait-elle que vous restassiez ici comme une personne de confiance chargée de veiller sur la maison?

      –Oh! pour cela, oui, s'écria Nina avec une vivacité qui, si elle eût eu le moindre soupçon de ce qui se passait dans le coeur de la jeune fille, eût ouvert les yeux de Luisa.

      Puis, se modérant:

      –Car ce sera toujours, ajouta-t-elle, un honneur et un plaisir pour moi d'être chargée des intérêts de madame.

      –Eh bien, alors, Nina, quoique je sois habituée à votre service, dit la jeune femme, vous resterez. Peut-être notre absence ne sera pas longue. Pendant cette absence, à ceux qui viendront pour me voir-retenez bien mes paroles, Nina, – vous direz que le devoir de mon mari était de suivre le prince, et que mon devoir, à moi, était de suivre mon mari; vous direz-car vous appréciez mieux que personne, vous qui ne voulez pas quitter Naples, ce que je souffre, moi, en le quittant-vous direz, que c'est les yeux baignés de larmes que je fais mes premiers, et qu'à l'heure de mon départ, je ferai mes derniers adieux à chacune des chambres de cette maison et à chacun des objets renfermés dans ces chambres. Et, quand vous parlerez de ces larmes, vous saurez que ce ne sont point de vaines paroles, car vous les aurez vues couler.

      Luisa acheva ces paroles en sanglotant.

      Nina la regardait avec une certaine joie, profitant de ce qu'ayant son mouchoir sur les yeux, sa maîtresse ne pouvait lire l'expression fugitive qui éclairait son visage.

      –Et… – elle hésita un instant, – et si M. Salvato vient, que lui dirai-je, à lui?

      Luisa découvrit son visage et, avec une suprême sérénité:

      –Que je l'aime toujours, répondit-elle, et que cet amour durera autant que ma vie. Allez dire à Michele qu'il ne s'éloigne pas: j'ai à lui parler avant mon départ et je compte sur lui pour me conduire jusqu'au bateau.

      Nina sortit.

      Restée seule, Luisa imprima son visage dans l'oreiller resté sur le lit, laissa un baiser dans l'empreinte qu'elle avait faite et sortit à son tour.

      Trois heures venaient de sonner, et, avec sa ponctualité ordinaire que rien ne pouvait troubler, le chevalier entrait dans la salle à manger par la porte de son cabinet de travail, tandis que Luisa y entrait par celle de sa chambre à coucher.

      Michele se tenait debout sur le perron en dehors de la porte.

      Le chevalier le chercha des yeux.

      –Où est donc Michele? demanda-t-il. J'espère bien qu'il n'est point parti?

      –Non, dit Luisa, le voici. Viens donc, Michele! le chevalier t'appelle, et, moi, j'ai besoin de te parler.

      Michele entra.

      –Tu sais ce qu'a fait ce garçon-là! dit le chevalier à Luisa en lui posant la main sur l'épaule.

      –Non, fit la jeune femme; quelque chose de bien, j'en suis sûr.

      Puis, mélancoliquement:

      –On l'appelle Michele le Fou à la Marinella; mais l'amitié qu'il a pour nous, à mes yeux, du moins, ajouta-t-elle, lui tient lieu de raison.

      –Ah! pardieu! dit Michele, voilà une belle affaire!

      –Il est vrai que cela ne vaut pas la peine d'en parler, continua San-Felice avec son bon sourire;je suis si distrait, qu'en rentrant, je ne t'en ai rien dit; – il m'a très-probablement sauvé la vie.

      –Allons donc! fit Michele.

      –Sauvé la vie! Et comment cela? demanda Luisa avec une vive altération dans la voix.

      –Imagine-toi qu'il y avait un drôle qui voulait me faire baiser la tête de ce malheureux Ferrari, et qui, parce que je ne voulais pas la baiser, m'appelait jacobin. C'est malsain, d'être appelé jacobin, par le temps qui court. Le mot commençait à faire son effet. Michele s'est élancé entre moi et la foule, il a joué du sabre et l'homme s'en est allé en me menaçant, je crois. Que pouvait-il donc avoir contre moi?

      –Pas contre vous, mais contre la maison probablement. Vous vous rappelez ce que vous a dit le docteur Cirillo d'un assassinat qui avait eu lieu sous vos fenêtres dans la nuit du 22 au 23 septembre; eh bien, c'est un des cinq ou six coquins qui ont été si bien étrillés par celui-là même qu'ils voulaient assassiner.

      –Ah! ah! et c'est sous mes fenêtres qu'il a reçu la balafre qu'il a sous l'oeil.

      –Justement.

      –Je comprends que l'endroit lui paraisse néfaste; mais qu'ai-je à voir là dedans?

      –Rien, bien entendu; mais, si jamais vous aviez affaire dans le Vieux-Marché, je vous dirais: «Si cela vous est égal, monsieur le chevalier, n'y allez pas sans moi.»

      –Je te le promets. Et maintenant embrasse ta soeur, mon garçon, et mets-toi à table avec nous.

      Michele était habitué à cet honneur que lui faisaient de temps en temps le chevalier et Luisa. Il ne fit donc aucune difficulté d'accepter l'invitation, maintenant surtout qu'étant nommé capitaine, il avait monté quelques-uns des degrés de l'échelle sociale qui, autrefois, le séparaient de ses nobles amis.

      Vers quatre heures, une voiture s'arrêta à la porte de la rue, Nina introduisit le secrétaire du duc de Calabre, qui passa avec le chevalier dans son cabinet, mais en sortit presque aussitôt.

      Michele avait fait semblant de ne rien voir.

      En sortant du cabinet, et après avoir reconduit le secrétaire du prince, le chevalier fit à Luisa un signe pour lui demander s'il pouvait se confier à Michele.

      Luisa qui savait que Michele se ferait tuer pour elle encore bien plus que pour le chevalier, lui répondit que oui.

      Le chevalier regarda un instant Michele.

      –Mon cher Michele, lui dit-il,

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