La San-Felice, Tome 05. Dumas Alexandre

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La San-Felice, Tome 05 - Dumas Alexandre

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reste, dit San-Felice.

      –Le fait est, répliqua le patron, que ce n'est pas là un temps à embarquer des femmes. Nagez, mes garçons! nagez d'ensemble, et vivement!

      En une seconde, la barque fut à dix brasses du rivage.

      Tout cela s'était passé si rapidement, que Luisa n'avait pas eu le temps de deviner la résolution de son mari, et, par conséquent, de la combattre.

      En voyant la barque s'éloigner, elle jeta un cri:

      –Et moi! et moi! dit-elle en essayant de s'arracher des bras de Michele pour suivre son mari, et moi! vous m'abandonnez donc?

      –Que dirait ton père, à qui j'ai promis de veiller sur toi, en me voyant t'exposer à un pareil danger? répondit San-Felice en haussant la voix.

      –Mais je ne puis rester à Naples! cria Luisa en se tordant les bras; je veux partir, je veux vous suivre! A moi, Luciano! si je reste, je suis perdue!

      Le chevalier était déjà loin; une rafale de vent apporta ces mots:

      –Michele, je te la confie!

      –Non, non, cria Luisa désespérée; à personne qu'à toi, Luciano! Tu ne sais donc pas! je l'aime!

      Et, en jetant au chevalier ces derniers mots, dans lesquels Luisa avait mis tout ce qui lui restait de force, son âme sembla l'abandonner.

      Elle s'évanouit.

      –Luisa! Luisa! fit Michele en essayant vainement de rappeler sa soeur de lait à la vie.

      –Anankè! murmura une voix derrière Michele.

      Le lazzarone se retourna.

      Une femme était debout derrière eux, et, à la lueur d'un éclair, il reconnut l'Albanaise Nanno, qui, voyant le chevalier parti pour la Sicile et Luisa rester à Naples, prononçait en grec le mot mystérieux et terrible que nous avons donné pour titre à ce chapitre: FATALITÉ.

      Au même moment, la barque qui emportait le chevalier disparaissait derrière la sombre et massive construction du château de l'Oeuf.

      LXXVIII

      JUSTICE DE DIEU

      Le 22 décembre au matin, c'est-à-dire le lendemain du jour et de la nuit où s'étaient accomplis les événements que nous venons de raconter, des groupes nombreux stationnaient dès le point du jour devant des affiches aux armes royales apposées pendant la nuit sur les murailles de Naples.

      Ces affiches renfermaient un édit déclarant que le prince de Pignatelli était nommé vicaire du royaume, et Mack lieutenant général.

      Le roi promettait de revenir de la Sicile avec de puissants secours.

      La vérité terrible était donc enfin révélée aux Napolitains. Toujours lâche, le roi abandonnait son peuple, comme il avait abandonné son armée. Seulement, cette fois, en fuyant, il dépouillait la capitale de tous les chefs-d'oeuvre recueillis depuis un siècle, et de tout l'argent qu'il avait trouvé dans les caisses.

      Alors, ce peuple désespéré courut au port. Les vaisseaux de la flotte anglaise, retenus par le vent contraire, ne pouvaient sortir de la rade. A la bannière flottant à son mât, on reconnaissait celui qui portait le roi: c'était, comme nous l'avons dit, le Van-Guard.

      En effet, vers les quatre heures du matin, ainsi que l'avait prévu le comte de Thurn, le vent étant un peu tombé, la mer avait calmi; et, après avoir passé la nuit dans la maison de l'inspecteur du port, sans pouvoir se réchauffer, les fugitifs s'étaient remis en mer et à grand'peine avaient abordé le vaisseau de l'amiral.

      Les jeunes princesses avaient eu faim et avaient soupé avec des anchois salés, du pain dur et de l'eau. La princesse Antonia, la plus jeune des filles de la reine, raconte ce fait et décrit ses angoisses et celles de ses augustes parents pendant cette terrible nuit.

      Quoique la mer fût encore horriblement houleuse et le port mal garanti, l'archevêque de Naples, les barons, les magistrats et les élus du peuple montèrent dans des barques, et, à force d'argent, ayant décidé les plus braves patrons à les conduire, allèrent supplier le roi de revenir à Naples, promettant de sacrifier à la défense de la ville jusqu'à la dernière goutte de leur sang.

      Mais le roi ne consentit à recevoir que le seul archevêque, monseigneur Capece Zurlo, lequel, malgré ses prières, ne put en tirer que ces paroles:

      –Je me fie à la mer, parce que la terre m'a trahi.

      Au milieu de ces barques, il y en avait une qui conduisait un homme seul. Cet homme, vêtu de noir, tenait son front abaissé dans ses mains, et, de temps en temps, relevait sa tête pâle pour regarder d'un oeil hagard si l'on approchait du vaisseau qui servait d'asile au roi.

      Le vaisseau, comme nous l'avons dit, était entouré de barques; mais, devant cette barque isolée et cet homme seul, les barques s'écartèrent.

      Il était facile de voir que c'était par répugnance et non par respect.

      La barque et l'homme arrivèrent au pied de l'échelle; mais là se tenait un soldat de marine anglais, dont la consigne était de ne laisser monter personne à bord.

      L'homme insista pour qu'on lui accordât, à lui, la faveur refusée à tous. Son insistance amena un officier de marine.

      –Monsieur, cria celui à qui l'on refusait l'entrée du vaisseau, ayez la bonté de dire à ma reine que c'est le marquis Vanni qui sollicite l'honneur d'être reçu par elle pendant quelques instants.

      Un murmure s'éleva de toutes les barques.

      Si le roi et la reine, qui refusaient de recevoir les magistrats, les barons et les élus du peuple, recevaient Vanni, c'était une insulte faite à tous.

      L'officier avait transmis la demande à Nelson. Nelson, qui connaissait le procureur fiscal, de nom, du moins, et qui savait les odieux services rendus à la royauté par ce magistrat, l'avait transmise à la reine.

      L'officier reparut au haut de l'échelle, et, en anglais:

      –La reine est malade, dit-il, et ne peut recevoir personne.

      Vanni, ne comprenant pas l'anglais ou feignant de ne pas le comprendre, continuait à se cramponner à l'échelle, d'où le factionnaire le repoussait sans cesse.

      Un autre officier vint, qui lui notifia le refus en mauvais italien.

      –Alors, demandez au roi, cria Vanni. Il est impossible que le roi, que j'ai si fidèlement servi, repousse la requête que j'ai à lui présenter.

      Les deux officiers se consultaient sur ce qu'il y avait à faire, lorsque, en ce moment même, le roi parut sur le pont, reconduisant l'archevêque.

      –Sire! sire! cria Vanni en apercevant le roi, c'est moi! c'est votre fidèle serviteur!

      Le roi, sans répondre à Vanni, baisa la main de l'archevêque.

      L'archevêque descendit l'escalier, et, arrivé à Vanni, s'effaça le plus qu'il put pour ne point le toucher, même de ses vêtements.

      Ce mouvement de

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