Les mystères du peuple, Tome V. Эжен Сю

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Les mystères du peuple, Tome V - Эжен Сю

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corrompu des charniers!.. N'as-tu pas fait égorger Lupence, évêque de Saint-Privat, par le comte Gabale, un de tes amants!..

      – Que veux-tu… je suis un monstre, moi! un monstre couronné! c'est tout dire, entendez-vous, guerriers? apprenez en un jour à juger vos rois! Mais, écoute, Clotaire; évêque pour évêque, ta mère Frédégonde n'a-t-elle pas fait poignarder Prétextat dans sa basilique de Rouen, parce que, après le meurtre de mon mari, Prétextat m'avait mariée à Mérovée, ton frère…

      – Si mon frère t'a épousée, c'est grâce à tes maléfices, abominable sorcière! car après avoir abusé de sa jeunesse, tu as poussé Mérovée au parricide… tu l'as armé contre son père, qui était aussi le mien.

      – Quel tendre père! Écoutez, guerriers, et admirez la paternité de vos rois. Ce Chilpérik, non content de faire égorger son fils Mérovée à Noisy, a livré au poignard ou au poison de Frédégonde tous les enfants qu'il avait eus de ses autres femmes!..

      – Te tairas-tu! – s'écria Clotaire grinçant les dents de rage. – Tu mens, monstre! tu mens!..

      – Seigneur roi, que ne m'avez-vous écouté? – dit à demi-voix l'évêque de Troyes. – Cette femme est un véritable basilic!..

      – Il restait à ton père Chilpérik, parmi ses épouses répudiées, une seule femme vivante, Audowère, – reprit Brunehaut; – Audowère avait deux enfants, Clodwig et Basine: la mère est étranglée, le fils poignardé, la fille, livrée aux pages de Frédégonde qui la violent sous ses yeux à elle[C]… l'auteur de ces meurtres!.. Hein! vaillants guerriers! ces reines! comme elles sont raffinées dans leurs sanglantes débauches!..

      – Et toi! – s'écria Clotaire II, ne voulant pas laisser sans réplique ces effroyables accusations contre la mémoire de sa mère, – et toi, infâme entremetteuse! qui mets des concubines dans le lit de tes petits-fils pour les énerver et régner à leur place; toi qui fais égorger les honnêtes gens que ces monstruosités révoltent: témoin Berthoald, maire du palais de Bourgogne, poignardé par tes ordres; l'évêque Didier, écrasé à coups de pierre aux bords de la Chalaronne.

      – C'est vrai… je ne recule devant aucune monstruosité, moi. J'aime à voir torturer mes ennemis: je suis de bon sang royal… comme ton père. Jugez-en, guerriers. Chilpérik, après avoir fait assassiner mon mari, s'empare de mon parent Sigila et lui fait brûler les jointures des membres avec des fers ardents, arracher les narines et les yeux, enfoncer des fers entre les ongles, après quoi on coupe à la victime les mains, les bras, les jambes et les cuisses… Hein! ces rois, quels fins bourreaux de naissance!..

      – Warnachaire, – dit Clotaire II, rugissant de fureur, – rappelle-toi ces supplices; n'oublie rien… ils trouveront leur place. – Puis s'adressant à Brunehaut: – Et toi, n'as-tu pas rougi tes mains du sang de ton petit-fils Theudebert, après la bataille de Tolbiac? Son fils, un enfant de cinq ans, n'a-t-il pas eu, par tes ordres, la tête brisée sur une pierre?..

      – C'est vrai. Mais, réponds, toi qui avais mes petits-fils en ton pouvoir, réponds, quel est ce sang tout frais dont ta robe est rougie? c'est le sang innocent de trois enfants, dont tu viens d'usurper les royaumes! Voilà comme nous agissons, nous autres de race royale. Nous voulons régner à la place de nos enfants, nous les énervons; des héritiers nous gênent, nous les tuons; des parents nous gênent, nous les tuons; notre époux nous gêné, nous le tuons. Ton père Chilpérik gênait ta mère Frédégonde dans ses crapuleuses débauches, elle le fait poignarder!

      – C'est toi, monstre, qui as fait assassiner mon père!

      – Tu veux rire… c'est ta mère…

      – C'est toi, bête féroce!..

      – C'est ta mère… Tu ne me crois pas? Tiens, interroge Landri, que je vois là derrière toi, Landri, un de tes fidèles, et l'un des anciens amants de ta mère, il te le dira comme moi, qu'elle a fait poignarder ton père!

      – C'est l'enfer que cette femme! – s'écria Clotaire. – Qu'on l'entraîne! qu'on la bâillonne!..

      – Ô mes chers fils en Christ! – s'écria l'évêque de Troyes, afin de couvrir la voix haletante de Brunehaut, – comment pourriez-vous croire les paroles de cette femme exécrable, qui accuse de forfaits inouïs, impossibles, la vénérable famille de notre glorieux roi Clotaire…

      – Guerriers, écoutez-moi! – s'écria Brunehaut. – Je vais mourir… mais je veux…

      – Tais-toi, démon! Belzébuth femelle!.. – reprit l'évêque de Troyes d'une voix tonnante. Puis il dit tout bas à Clotaire: – Glorieux roi! faites-la donc bâillonner… Il est temps, plus que temps…

      Deux leudes, qui sur le premier ordre de Clotaire s'étaient mis en quête d'une écharpe, la mirent sur la bouche de Brunehaut et la nouèrent derrière sa tête.

      – Oh! monstre sorti de l'enfer! – lui dit alors l'évêque de Troyes, – si cette glorieuse race de rois franks, à qui le Seigneur a octroyé la possession de la Gaule en récompense de leur foi catholique et de leur soumission à l'Église; si ces rois avaient commis les crimes dont tu as l'audace de les accuser par tes impostures diaboliques, seraient-ils, comme le prouve le visible appui que Dieu leur prête en terrassant leurs ennemis, seraient-ils les fils chéris de notre sainte Église? Est-ce que nous, les pères en Christ du peuple des Gaules, nous lui ordonnerions l'obéissance, la résignation devant ses maîtres, s'ils n'étaient pas les élus du Seigneur? Va, rechercheuse de maléfices! tu es l'effroi du monde; il te revomit en enfer d'où tu es sortie. Retournes-y, monstre, qui t'es faite l'entremetteuse de tes petits-enfants pour les énerver. Dites, ô mes frères en Christ! qui de vous ne frémira d'épouvante à la pensée de ce crime inouï, dont ce monstre, vous l'avez entendu, s'est glorifié?..

      L'évêque toucha le but… Ce crime, le plus exécrable de tous ceux de cette reine infâme, révoltait si profondément la nature humaine, que les âmes les plus grossières s'émurent d'horreur, et un seul cri vengeur sortit de la foule: – À mort, le monstre! qu'il périsse dans les supplices!..

      Trois jours se sont passés depuis que Brunehaut est tombée au pouvoir de Clotaire II, le soleil de midi commence à décliner. Un homme à longue barbe blanche, vêtu d'un froc brun à capuchon, et monté sur une mule, suit la route par laquelle Brunehaut, accompagnée de son escorte et de la foule, est arrivée au village. Cet homme est Loysik; il a échappé à la mort que lui destinait Brunehaut, oublié par cette reine lorsqu'elle fut obligée de quitter précipitamment Châlons pour marcher à la tête de son armée à la rencontre de Clotaire II; un des jeunes frères de la communauté accompagne à pied le vieux moine et guide sa mule par la bride. Venant à la rencontre du moine, un guerrier, armé de toutes pièces, gravissait au pas de son cheval la route ardue que Loysik descendait au pas de sa mule. Lorsque ce Frank fut à quelques pas du vieillard, celui-ci lui dit: – Vous êtes de la suite du roi Clotaire?

      – Oui, saint patron.

      – Est-il encore dans le village de Ryonne?

      – Jusqu'à ce soir… Je vais faire préparer ses logements sur la route.

      – Le duk Roccon n'est-il pas parmi les seigneurs qui accompagnent le roi?

      – Oui… Tu le connais?

      – Je le connais… la reine Brunehaut a été, dit-on, menée prisonnière au roi Clotaire, qui s'est aussi emparé de ses petits-fils.

      – C'est

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