La Cité Ravagée. Scott Kaelen

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La Cité Ravagée - Scott Kaelen

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Jalis sortir de la poche de ses jambières un vieux parchemin jauni par le temps et qu'elle se mit à étudier.

      "Regardez là," dit-elle. Les hommes se rassemblèrent. Du bout d'un ongle, elle traça une ligne vers le nord jusqu'à point situé aux trois-quarts du chemin. "Ça devrait être assez simple. On suit le chemin principal jusqu'à ce point." Elle dessina du doigt une ligne vers la droite et pointa jusqu'à un X tracé par leur cliente. "Puis, on va vers la droite et, on y sera."

      "Sans cette carte," dit Dagra avec une expression sombre, "nous aurions passé ce cimetière au peigne fin."

      "Eh bien, nous irons remercier Cela à notre retour." Jalis fit signe d'avancer. "Pour l'instant, notre prix nous attend."

      Oriken lui pressa doucement l'épaule, puis partit en direction de la voie centrale. Jalis et Dagra lui emboîtèrent le pas à ses côtés. Alors qu'ils avançaient, une impression s'infiltra dans son esprit et il ouvrit ses sens à ce qui l'entoura.

      J'ai raison, pensa-t-il. Une pointe d'inquiétude naquit au fond de son estomac. Non seulement les arbres étaient-ils morts et noircis, ils étaient également recouverts de pustules fongiques. Il n'y avait pas non plus d'arbustes en vue, à part de rares amas de ronces desséchées.

      Et aucun bruit provenant de quelconques créatures. Ça nous permettra de les entendre venir, à défaut de les voir. Quel qu'ait été cet endroit auparavant, il devrait être envahi d'animaux et de plantes à l'heure qu'il était. Mais il en était dépourvu. Pas de criquets, pas de mouches, pas d'oiseaux. Des arbres morts et aucune herbe de quelque sorte que ce soit. Quel merdier !

      "Il n'y a aucun signe de vie dans cet endroit," dit Dagra. "Rien, à part nous trois."

      Oriken fronça les sourcils. "Ouais, j'étais sur le point de—"

      "Il y a une odeur dans l'air," dit Jalis, son regard survolant les rangées de pierres tombales inclinées.

      Oriken aussi pouvait la sentir. Ce n'était pas juste l'odeur moisie des longues années d'isolation, ni l'odeur salée de l'océan voisin ; c'était autre chose, à peine perceptible, mais présent néanmoins. Il renifla, plissa les yeux.

       Doux, comme le parfum qui persiste longtemps après qu'une fille qui l'a porté ait quitté la pièce.

      "C'est malsain," dit Dagra. "Rien n'est vivant ici. La moisissure recouvre tout et même celle-ci a séché."

      "Tu connais la légende," dit Oriken. "Il y a peut-être une once de vérité dans la légende de la Cité Ravagée après tout."

      Dagra renâcla. "Un nom approprié, s'il en est un."

      Oriken éclata de rire. "Ouais, et puis ces soi-disant Jardins Funéraires, un véritable..." il frotta son pouce contre sa barbe et regarda en direction de Jalis. "Quel est ce mot que tu utilisais ? Non-sécateur ? Ouais, c'est ça. Cet endroit ne pourrait être plus mort. Ça, ils ont vu juste. Mais pourquoi des Jardins ? Un nom stupide pour un endroit où il n'y a pas le moindre brin d'herbe."

      Jalis le regarda, amusée. "C'est génial que tu aies prêté attention à ma langue maternelle. Je crois que l'expression que tu cherches est non sequitur. Des sécateurs, ce sont des cisailles de jardinage. Mais dans un sens, tu as raison. Ces Jardins n'ont pas du tout besoin d'entretien."

      "Eh bien, fléau ou pas, ça s'est passé il y a très longtemps." Oriken regarda au-dessus de la ligne de toits de la cité tentaculaire. "Maintenant qu'on est tout proche, c'est franchement tentant d'aller jeter un coup d'œil."

      Dagra souffla. "Toi-même tu ressens comment c'est malsain ici, Orik. Ne tente pas le destin plus que nous ne l'ayons déjà fait. Je ne suis pas un lâche et tu le sais, mais je me souviens de la peur que j'éprouvais pour cet endroit quand j'étais garçon, et je n'ai pas besoin de pénétrer dans cette cité pour que cette peur revienne. Être entouré de ces cryptes impies, ces tombes et ces statues est déjà bien suffisant."

      "Je disais juste, c'est tout. Eh Dag, tu n'as pas à serrer ton pendentif si fort. Tu n'as pas besoin des Dyades, on est avec toi." Oriken fit un clin d'œil à Jalis. Ses lèvres esquissèrent un sourire.

      "Je prendrai les Dyades et vous deux en plus," dit Dagra. "Plus on est nombreux..."

      "Ouais— Woohoo !" Oriken s'arrêta quand il aperçut quelque chose qui émergeait de la poussière à quelques pas du chemin. Il fit quelques pas et se pencha pour observer de plus près. Il y avait un amas de petits os partiellement déterrés dans la terre fissurée, une main humaine, ça ne faisait aucun doute. "Faut croire qu'ils n’enterraient pas bien profond par ici."

      "Qu’est-ce qu’il y a ?" La voix de Dagra était nerveuse.

      "Tu te souviens de cette maison où on est tombé sur les cravants ?"

      "Oui."

      "Eh bien, quand je dis qu'il vaut mieux s'en aller, rends-toi service et écoute-moi, cette fois. Tu es déjà assez sur les nerfs comme ça, on n'a pas besoin que tu nous fasses une crise de panique totale."

      Dagra se rebiffa et tourna la tête. "C'est noté."

      Ils continuèrent le long de l'Allée des Morts-Vivants jusqu'à ce qu'ils soient en mesure d'apercevoir au lointain le mur qui séparait le cimetière de la cité, avec la herse abaissée tout comme au portail d'entrée. Oriken jeta un œil par-dessus son épaule aux tours et aux remparts du mur de la lande, à peine visible derrière les entrées surélevées des cryptes, les statues plus grandes que nature et les arbres squelettiques.

      "La crypte Chiddari devrait être proche maintenant," dit-il.

      Jalis replia la carte et la glissa dans sa poche. "Il y a pas mal de cryptes par ici. Je propose qu'on se sépare et qu'on les vérifie séparément."

      Dagra secoua vigoureusement la tête. "Oublie ça. Je n'irai pas seul dans ces lieux."

      Jalis réprima un soupir. "Je n'ai pas dit qu'on y entrait, Dagra. Je dis qu'on devrait vérifier les noms au-dessus des entrées et sur les statues, là où il y en a."

      "Oh." Il s'éclaircit la gorge. "D'accord. Très bien."

      Oriken regarda son ami barbu. En vérité, le courage de Dagra avait diminué au fur et à mesure qu'ils avaient pénétré le Plateau de Scapa et là, au milieu du cimetière, il n'en avait plus. Ça n'allait pas. Ça n'allait pas du tout. Il claqua des doigts devant le visage de Dagra et lui jeta un regard sévère. "Eh. Allez, là. Arrête ça tout de suite. Je comprends que tu aies des problèmes spirituels en ce moment, mais fais-nous une faveur à nous, tes amis, et mets un couvercle dessus. Allons vérifier ces plaques comme Jalis vient de le dire."

      "Va te faire foutre," marmonna Dagra. Il leva les yeux pour rencontrer le regard d'Oriken et lui fit un bref signe de la tête. Puis, il tourna les talons et se dirigea vers la crypte la plus proche.

      Oriken échangea un regard avec Jalis avant de s'en aller explorer la douzaine d'entrées de cryptes des environs immédiats. Devant la première, il s'étira pour inspecter les inscriptions gravées dans la pierre au-dessus de l'entrée. La pierre avait une fissure verticale qui coupait le nom Hauverydh juste en son centre. La statue qui ornait la crypte gisait couchée près de la porte, sa face de pierre effritée et usée, ses mains serrant sa poitrine, ce qu'elle avait tenu par le passé à présent érodé

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