Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor. Артур Конан Дойл

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Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor - Артур Конан Дойл

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la cathédrale fut vide et l'ordre rétabli, nous pûmes à loisir regarder autour de nous et nous rendre compte de ce que nous avions souffert.

      Dans toutes mes pérégrinations, dans les nombreuses guerres auxquelles j'ai pris part, à côté desquelles cette affaire de Monmouth ne fut qu'une simple escarmouche, je ne vis jamais scène plus étrange ou plus émouvante.

      À la faible et solennelle lueur, le tas de cadavres en avant de la grille, avec leurs membres tordus, leurs faces blêmes et contractées, avait un aspect fort mélancolique, des plus fantastiques.

      La lumière du soir, passant par un des rares vitraux, qui n'avaient point été brisés, jetait de grandes taches d'un rouge vif et d'un vert livide sur l'amas de corps immobiles.

      Quelques blessés étaient assis dans les stalles du premier rang ou gisaient sur les marches, demandant à boire d'une voix plaintive.

      Aucun de ceux de notre petite troupe ne s'était tiré d'affaire sans égratignure.

      Trois de nos hommes avaient été bel et bien égorgés; un quatrième gisait assommé.

      Buyse et Sir Gervas avaient de fortes contusions, Saxon une entaille au bras droit.

      Ruben avait été abattu d'un coup de gourdin et aurait été certainement massacré sans la forte trempe de la cuirasse donnée par Sir Jacob Clancing qui avait détourné un violent coup de pique.

      Quant à moi, ce n'est guère la peine d'en parler, mais j'entendais dans ma tête des bourdonnements comparables au chant de la bouilloire d'une ménagère, et ma botte était pleine de sang, ce qui était peut-être un bienfait involontaire. Sneckson, notre barbier de Havant, ne cessait-il pas de me corner aux oreilles qu'après une saignée je ne m'en trouverais que mieux.

      Pendant ce temps, toutes les troupes avaient été réunies et on avait écrasé la mutinerie sans retard.

      Sans doute il y avait parmi les Puritains bien des gens qui ne voulaient aucun bien aux Prélatistes, mais aucun, à part les fanatiques les plus écervelés, ne pouvait se dissimuler que la mise à sac de la Cathédrale armerait toute l'Église d'Angleterre et ruinerait la cause pour laquelle ils combattaient.

      En tout cas, de grands ravages avaient été commis, car, pendant que la bande du dedans s'était occupée à briser tout ce qui se trouvait sous sa main, d'autres, au dehors, avaient abattu les corniches, les gargouilles, avaient même arraché le plomb qui couvrait la toiture et l'avait jeté en grandes feuilles à ceux d'en bas.

      Ce dernier forfait servit du moins à quelque chose, car l'armée n'était pas trop bien approvisionnée de munitions.

      Le plomb fut donc recueilli par l'ordre de Monmouth et on en fondit des balles.

      On garda à vue quelque temps les prisonniers, mais on jugea imprudent de les punir, en sorte qu'on finit par leur pardonner, en les renvoyant de l'armée.

      Le second jour de notre arrivée à Wells, comme le temps était enfin redevenu beau et ensoleillé, une revue générale de l'armée fut passée dans la campagne autour de la ville.

      On trouva alors que l'infanterie comptait six régiments de neuf cents hommes, en tout cinq mille quatre cents.

      Sur ce nombre, quinze cents étaient armés de mousquets; deux mille étaient des piquiers, les autres armés de faux des paysans avec des fléaux et des maillets.

      Quelques corps, comme le nôtre et celui de Taunton, pouvaient prétendre à passer pour des soldats, mais le plus grand nombre étaient encore des laboureurs et des artisans auxquels on aurait mis des armes à la main.

      Et pourtant, mal armés, mal dressés, c'étaient toujours des Anglais pleins de vigueur et d'endurance, de courage et de zèle religieux.

      Le léger et mobile Monmouth reprenait courage, en voyant leur attitude énergique, en écoutant leurs cordiales acclamations.

      Comme je me trouvais à cheval près de son état-major, je l'entendis parler avec enthousiasme à ceux qui étaient à côté de lui et demander s'ils croyaient possible que ces beaux gaillards fussent battus par des mercenaires sans entrain.

      – Qu'en dites-vous, Wade? s'écria-t-il. Est-ce que nous ne verrons jamais un sourire sur la figure que vous faites? Ne voyez-vous pas le sac de laine qui vous attend, lorsque vous jetez les yeux sur ces braves garçons?

      – Dieu me préserve de dire un seul mot pour refroidir l'ardeur de Votre Majesté, répondit l'homme de loi, mais je me rappelle le temps où Votre Majesté, à la tête de mercenaires pareils à ceux de l'ennemi, tailla en pièces et mit en déroute des hommes aussi braves que ceux-ci au Pont de Bothwell.

      – C'est vrai, c'est vrai, dit le Roi en passant la main sur son front par un geste qui lui était habituel quand il était vexé, fâché. C'étaient de vaillants hommes, les Covenantaires de l'Ouest, et pourtant ils n'ont pu résister au choc de nos bataillons. Mais ils n'étaient point dressés, tandis que ceux-ci savent combattre en ligne et exécuter un feu de file avec autant de précision qu'on peut le désirer.

      – Quand même nous n'aurions ni un canon, ni un pétrinal, dit Ferguson, quand nous n'aurions pas même une épée, quand nous serions réduits à nos mains, le Seigneur nous donnerait la victoire, si cela semblait bon à ses yeux qui voient tout.

      – Toutes les batailles sont affaire de chance, Votre Majesté, fit remarquer Saxon, dont le bras était entouré d'un mouchoir. Un incident heureux, une faute légère, un hasard que nul ne saurait prévoir peuvent survenir selon toute vraisemblance et faire pencher la balance. J'ai perdu alors que j'avais l'air de gagner et j'ai gagné quand j'étais sur le point de perdre. C'est une partie incertaine, et personne ne peut savoir comment elle tournera avant que la dernière carte soit abattue.

      – Non, pas tant que les enjeux sont encore sur la table, dit Buyse de sa voix profonde et gutturale. Plus d'un général gagne ce que vous appelez la partie et cependant perd la belle.

      – La partie, c'est la bataille, et la belle c'est la campagne, dit le Roi en souriant. Notre ami allemand est un maître en métaphores de bivouac. Mais je trouve que nos pauvres chevaux sont dans un piteux état. Que dirait notre cousin Guillaume, là-bas, à la Haye, s'il voyait un pareil défilé?

      Pendant cet entretien, la longue colonne d'infanterie avait défilé jusqu'au bout, portant encore les étendards avec lesquels elle était venue à la guerre, mais fort endommagés par le vent et les intempéries.

      Les remarques de Monmouth avaient été provoquées par l'aspect des dix escadrons de cavalerie qui suivaient les fantassins.

      Les chevaux avaient été terriblement fatigués par le travail continuel et la pluie incessante.

      Les cavaliers, ayant laissé la rouille atteindre leurs casques et leurs cuirasses, avaient l'air aussi mal en point que leurs montures.

      Il était évident pour le moins expérimenté d'entre nous que, si nous voulions tenir bon, nous devions surtout compter sur notre infanterie.

      Le reflet des armes, se multipliant sur les crêtes des basses collines, tout autour de nous, et brillant çà et là, quand les rayons du soleil les frappaient, nous montraient combien l'ennemi était fort sur le point même qui était le plus faible de notre côté.

      Mais en somme cette revue de Wells nous ragaillardit, car elle nous fît voir que les hommes conservaient leur entrain, et qu'ils ne nous en voulaient

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