Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor. Артур Конан Дойл
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Et en disant ces mots, il tira vivement sa rapière et se posta au haut des marches, entre Saxon et Sir Gervas d'un côté, Buyse, Ruben et moi de l'autre.
Il y avait juste l'espace nécessaire pour permettre à six hommes de manier efficacement leurs armes.
En conséquence, notre faible troupe d'auxiliaires se répartit le long de la grille.
Heureusement elle était assez haute et assez solide pour qu'il fût périlleux de l'escalader en présence d'adversaires.
Le désordre avait fait place à une véritable mutinerie parmi ces hommes des marais et des mines.
Les piques, les faux, les couteaux brillaient dans le demi-jour.
Les clameurs de rage étaient renvoyées en échos par les hautes voûtes du toit, comme les hurlements d'une meute de loups.
– Marchez en avant, mes frères, criait le prédicant fanatique qui avait déterminé l'explosion, marchez en avant contre eux. Peu importe qu'ils soient à une place dominante. Il y en a un qui est plus haut qu'eux. Reculerons-nous devant son œuvre à cause d'une épée nue? Souffrirons-nous que l'autel prélatiste soit sauvé par ces fils d'Amalek? En avant, en avant, au nom du Seigneur!
– Au nom du Seigneur! s'écria la foule, avec une sorte de voix haletante, accompagnée d'une sorte de sifflement, comme celui d'un homme sur le point de se lancer dans un bain glacé. Au nom du Seigneur!
Et ils arrivèrent des deux côtés, gagnant en nombre et en impulsion, si bien qu'enfin, avec un cri sauvage, ce flot se trouva devant la pointe même de nos épées.
Je ne saurais dire ce qui se passa à ma droite ou à ma gauche pendant la mêlée, car il y avait tant de gens qui nous serraient de près, et la lutte était si vive que chacun de nous ne pouvait faire plus que de se maintenir.
Le nombre même de nos agresseurs était une circonstance favorable pour nous, car il les gênait dans le maniement de l'épée.
Un gros mineur me lança un furieux coup de faux, mais il me manqua et perdit l'équilibre par suite de l'élan qu'il avait pris pour frapper, et je lui passai mon épée à travers le corps avant qu'il pût se remettre debout.
Ce fut la première fois, mes chers enfants, qu'il m'arriva de tuer un homme dans un moment de colère, et je n'oublierai jamais la figure pâle, effarée, qu'il tourna vers moi par-dessus son épaule avant de tomber.
Un autre me prit corps à corps avant que j'eusse dégagé mon arme, mais je l'écartai violemment de ma main gauche, puis j'abattis sur sa tête le plat de mon épée, et je l'étendis sans connaissance sur le pavé.
Dieu le sait, je n'avais nul désir d'ôter la vie à ces fanatiques égarés, ignorants, mais la nôtre était en jeu.
Un homme des marais, qui avait plutôt l'air d'une bête sauvage velue que d'un être humain, s'élança au dessus de mon arme et me saisit par les genoux pendant qu'un autre abattait son fléau sur mon casque, d'où le coup glissa sur mon épaule.
Un troisième me porta un coup de pique et m'atteignit à la cuisse, mais d'un coup je tranchai son arme en deux, et d'un autre je lui fendis la tête.
À cette vue, l'homme au fléau recula.
Une violente ruade me délivra de la créature sans armes, aux apparences simiesques, qui était à mes pieds, si bien que je me trouvai débarrassé de mes adversaires, sans avoir souffert de la rencontre, si ce n'est une égratignure à la cuisse et une certaine raideur dans le cou et l'épaule.
Je regardai autour de moi et je vis que mes compagnons avaient également réussi à écarter leurs agresseurs.
Saxon tenait de la main gauche sa rapière sanglante.
Le sang coulait à petites gouttes d'une blessure légère qu'il avait reçue à la main droite.
Devant lui gisaient, l'un sur l'autre, deux mineurs, mais aux pieds de Sir Gervas, il n'y avait pas moins de quatre corps entassés.
Au moment où je le regardai, il avait tiré sa tabatière et il s'inclinait devant Lord Grey, et d'un gracieux mouvement, il la lui présentait, l'air aussi insouciant que s'ils s'étaient rencontrés dans un café de Londres.
Buyse s'appuyait sur son grand sabre et considérait d'un air sombre un corps décapité, qui gisait devant lui, et qu'à ses vêtements je reconnus pour être celui du prédicant.
Pour Ruben, il était sain et sauf, mais il témoignait une vive inquiétude au sujet de ma légère entaille, malgré tout ce que je fis pour lui prouver que c'était moins grave que tant de déchirures causées par les branches ou les épines, que nous avions jadis reçues en allant ensemble cueillir les mûres.
Les fanatiques, bien qu'ils eussent été repoussés, n'étaient pas gens à s'en tenir à une première défaite.
Ils avaient perdu dix des leurs, y compris leur chef, sans arriver à forcer notre ligne, mais cet échec ne servit qu'à exaspérer leur furie.
Ils se rassemblèrent, haletants, dans une aile de l'église, pendant une ou deux minutes.
Puis, poussant un hurlement de rage, ils s'élancèrent une seconde fois et firent un effort désespéré pour se frayer un passage jusqu'à l'autel.
Cette fois, la lutte fut plus acharnée, plus prolongée que la première.
Un de nos hommes reçut un coup de poignard au cœur, à travers les barreaux et tomba sans pousser un gémissement.
Un autre fut étourdi par un bloc de maçonnerie que lança sur lui un gigantesque montagnard.
Ruben fut jeté à terre d'un coup de massue, et il aurait été traîné au dehors et haché en morceaux, si je ne m'étais pas dressé au-dessus de lui et si je n'avais pas écarté ses adversaires.
Sir Gervas perdit l'équilibre sous le flot des assaillants, mais quoique étendu à terre, il se débattait comme un chat sauvage blessé, frappant furieusement tout ce qui se trouvait à sa portée.
Buyse et Saxon, dos à dos, se tenaient debout solidement au milieu de la foule bouillonnante, qui s'élançait sur eux, et chacun de leurs coups d'épée lancés à toute volée abattait son homme.
Mais dans une pareille lutte, le nombre devait l'emporter, et pour ma part je dois reconnaître que je commençais à avoir des craintes sur le dénouement de notre querelle, quand les pas lourds d'une troupe disciplinée résonnèrent dans la cathédrale.
C'étaient les mousquetaires du baronnet qui arrivaient en hâte par la nef centrale.
Les fanatiques n'attendirent pas leur charge.
Ils s'enfuirent par-dessus les bancs, les stalles, poursuivis par nos alliés furieux de voir à terre leur bien-aimé capitaine.
Il y eut une ou deux minutes d'effarements, des bruits de pas, des coups de poignard, des plaintes sourdes, des fracas de crosses de mousquets tombant sur les dalles de marbre.
Parmi les émeutiers, quelques-uns furent tués, mais le plus grand nombre jetèrent leurs armes et furent arrêtés sur l'ordre de Lord Grey.