Histoire littéraire d'Italie (3. Pierre Loius Ginguené
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Au milieu des graves occupations que lui imposait cette charge, il trouvait le temps de cultiver les muses et de se livrer à des études et à de savantes recherches. Celle des anciens manuscrits était l'objet continuel de son zèle. Il en recueillait le plus qu'il lui était possible; et les corrections qu'il y faisait, et qui auraient été pour tout autre un grand travail, n'étaient pour lui qu'un amusement. Les auteurs contemporains parlent de lui comme de l'homme le plus savant de son siècle. Ils ne parlent pas avec moins d'enthousiasme de ses talents que de son savoir. Ils le comparent à Cicéron et à Virgile; mais nous avons appris à réduire ces comparaisons emphatiques. Ses lettres et ses autres ouvrages, qui ont été imprimés, sont un nouvel exemple de la nécessité de ces réductions, quoiqu'on puisse admirer, et dans sa prose et dans ses vers, une érudition étendue à beaucoup d'objets, qui était alors très-rare, et des traces sensibles d'une étude attentive et continue des anciens auteurs, qui ne l'était pas moins. On n'a imprimé de lui en prose latine, outre ses lettres 221, qu'un Traité de la noblesse des lois et de la médecine 222. Les bibliothèques de Florence en possèdent en manuscrit plusieurs autres 223; la plus grande partie des vers qu'il avait composés s'y conserve aussi; mais on en a publié quelques pièces dans le grand Recueil des plus illustres poëtes italiens et dans d'autres collections. Parmi ceux qui n'ont point vu le jour, ce qu'il y aurait peut-être de plus intéressant à connaître serait la traduction d'une partie du poëme du Dante en vers latins, dont l'abbé Méhus nous a donné deux fragments dans sa vie d'Ambroise le Camaldule 224. Coluccio mourut en 1406, âgé de soixante seize ans. Plusieurs années auparavant, les Florentins avaient demandé à l'empereur la permission de le couronner du laurier poétique, et elle leur avait été accordée; mais sans qu'on ait pu savoir la raison de ces délais, l'affaire traîna tellement en longueur que la couronne ne lui fut décernée qu'après sa mort 225. Elle fut posée sur son cercueil, et les honneurs qui devaient être rendus à ce vieillard illustre accompagnèrent au tombeau un cadavre insensible.
Le nombre des poëtes en langue vulgaire était encore plus considérable que celui des poëtes latins; mais il y en a peu qui aient mérité, par l'intérêt de leur vie ou par la bonté de leurs vers, que l'on en garde le souvenir. Je ne parle point d'un grand nombre de seigneurs italiens qui ne se contentèrent pas de protéger les poëtes, et qui poétisèrent eux-mêmes. Le Crescimbeni et le Quadrio 226 rangent dans cette classe la plupart des petits princes de ce temps-là. Plusieurs dames se distinguèrent aussi par leur goût pour la poésie et quelques unes par leurs talents. Il y eut même une Sainte qui est comptée, pour sa prose, parmi les autorités du langage, et qui fit aussi des vers; c'est sainte Catherine de Sienne. Sa vie appartient à l'hagiographie ou histoire des saints plus qu'à l'histoire des lettres. Dans cette dernière, cependant, elle a de remarquable qu'elle a été l'occasion d'une guerre grammaticale et d'une espèce de schisme. On sait, et elle raconte elle-même que son éducation avait été si peu littéraire qu'à vingt ans, lorsqu'elle entra dans l'ordre de Saint-Dominique, elle ne connaissait même pas l'alphabet; mais il ne lui fallut qu'une seule vision pour apprendre à lire, à écrire et pour devenir très-forte en théologie. Elle mourut à la fleur de l'âge 227 en 1380. Ses lettres ascétiques sont écrites d'un style si pur, si élégant dans sa simplicité, et semées de locutions si vives et si agréables, que Sienne, sa patrie, a prétendu s'en servir pour rivaliser avec Florence, et pour lui disputer le sceptre du langage. Girolamo Gigli, savant Siennois, qui donna, en 1707, une édition soignée des lettres de sainte Catherine, voulut y joindre un vocabulaire des mots et des expressions propres à l'auteur. Il s'y donnait de très-grandes libertés, et traitait avec peu de ménagements les Florentins, leur langue et leur académie, dont il était cependant. L'impression de ce Vocabolario Cateriniano était fort avancée, quand tout-à-coup il fut arrêté, prohibé par ordre du pape Innocent XII, l'auteur banni à quarante milles de Rome, où se faisait l'impression, et ensuite rayé de la liste des académiciens de Florence, par décret de l'académie elle-même; enfin, selon l'expression d'un historien récent de la littérature italienne 228, traité comme coupable, non-seulement de lèze-grammaire, mais même de lèze-majesté 229. Si les vers de sainte Catherine avaient été seuls, ils n'auraient point donné lieu à de pareils scandales, à en juger par une oraison qui est imprimée dans le quatrième volume de ses Œuvres 230, et où l'on trouve moins de génie que de ferveur.
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