Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome II. Constantin-François Volney
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«Enfin elle bâtit au milieu de la ville le temple de Jupiter, à qui les Babyloniens donnent le nom de Bélus. Les historiens n’étant pas d’accord sur cet ouvrage, qui d’ailleurs est ruiné, nous n’en pouvons rien assurer: seulement il est certain qu’il fut excessivement élevé, et que c’est par son moyen que les Chaldéens, livrés à l’observation des astres, en ont connu exactement les levers et les couchers (Diodore décrit ce temple construit en briques et bitume). Aujourd’hui le temps a détruit tous ces ouvrages: une partie seulement de cette vaste cité a quelques maisons habitées; tout le reste consiste en terres que l’on laboure. Il y avait aussi ce que l’on appelle le jardin suspendu; mais cet ouvrage n’est point de Sémiramis: ce fut un certain roi syrien qui, en des temps postérieurs, le bâtit pour une de ses concubines née en Perse. Cette femme, désirant avoir des collines verdoyantes, obtint du roi qu’il fît construire ce paysage factice, en imitation des sites naturels de la Perse. Chaque côté de ce jardin avait 4 plèthres de longueur, etc.»
Tel est le récit de Ktésias ou des livres anciens dont il s’autorise. On peut reprocher à quelques détails une exagération qui atténue la confiance; mais outre que la limite du possible et du vrai n’est pas aussi facile à tracer ici que l’on a voulu le croire, nous aurons encore l’occasion, dans un autre article, de prouver que l’exagération apparente vient surtout des fausses valeurs que l’on a attribuées aux mesures appelées stades, plèthres, orgyes, coudées; en ce moment nous nous bornons à remarquer qu’en général les circonstances ont une physionomie locale qui donne aux faits principaux un grand caractère de vérité78, et que, selon les règles de la critique historique, ce récit prouve réellement que c’est à Sémiramis qu’appartient la fondation de Babylone dans le sens strict du mot, puisque cette reine créa les ouvrages majeurs qui constituent une cité, ouvrages auxquels Babylone fut uniquement redevable de la splendeur commerciale et de la force militaire qui l’ont rendue si célèbre.
En récapitulant ces ouvrages, nous en trouvons 7 principaux:
1º Le grand mur d’enceinte et de fortification, ayant 360 stades de développement;
2º Un quai élevé sur chaque rive du fleuve;
3º Le pont composé de piles de pierres et de poutres tendues sur ces piles;
4º Deux châteaux placés aux issues du pont;
5º Un vaste bassin ou lac carré de 360 stades sur chaque côté;
6º Un boyau ou galerie par-dessous le fleuve;
7º Le temple de Bélus en forme de pyramide, où l’on montait par des rampes.
CHAPITRE III.
Récit de Bérose et de Mégasthènes.—Système chaldéen
IL est naturel de croire qu’avant la publication de l’histoire de Ktésias, les Grecs n’avaient que peu ou point de connaissance des ouvrages et du nom de Sémiramis: cet auteur doit donc être considéré comme le chef de l’opinion qui attribue à cette reine la fondation de Babylone, et cette opinion dut être dominante jusqu’au temps d’Alexandre. Mais lorsque la conquête de l’Asie par ce prince, et lorsque sa résidence à Babylone, qu’il affectionna, eurent mis les savans grecs en communication avec les prêtres du pays, avec ces Chaldéens si renommés pour leurs sciences, on vit s’élever une autre opinion indigène et babylonienne, contraire à celle des Assyriens de Ninive. La première trace se montre dans un fragment de Mégasthènes, historien grec, contemporain de Séleucus-Nicator, roi de Babylone jusqu’en l’année 282 avant Jésus-Christ, lequel envoya Mégasthènes, à titre d’ambassadeur, vers Sandracottus, l’un des rois de l’Inde résidant à Palybothra79. Eusèbe, dans sa Préparation évangélique, nous a conservé le passage qui suit, livre IX, chap. 41, pag. 457.
«Babylone fut bâtie par Nabukodonosor: au commencement (in principio) le pays entier était couvert d’eau et portait le nom de mer
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Il y a ici une absurdité évidente.
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La circonstance des 2,000,000 d’ouvriers levés par corvée, suggère une observation: ce fut un spectacle étrange que cette réunion d’hommes, divers de couleur de peau, de formes de vêtement, d’habitudes d’actions, de culte, et surtout de langage. Plus de 80 dialectes ont dû se parler dans le vaste empire de Sémiramis. L’Asie retentit des récits de ce fait romanesque, brodé par l’imagination arabe: peut-être a-t-il engendré le conte de la confusion des langues survenue aux constructeurs de la tour de Babel, ainsi que nous l’avons dit, partie Ire, page 147. Nous ajoutons qu’il est probablement aussi la source de l’origine vicieuse que les Juifs donnent au mot
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Nous retrouvons ce roi dans les listes sanscrites des modernes indiens, sous le nom de