La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits. Rosette

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La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits - Rosette

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était assis derrière le bureau, de même que le jour avant, un cigare entre les doigts, le visage inflexible.

      “Fermez la porte, S’il vous plait. Ensuite venez à vous asseoir. Nous avons déjà perdu assez de temps, tandis que vous étiez en train de fraterniser avec le reste du personnel”. Le ton était rude, insultant.

      Un mouvement de rébellion me poussa à répondre, un agneau téméraire face à une hache.

      “Il était seulement une normale courtoisie. Ou peut-être que vous préfériez une secrétaire grossière? Dans ce cas je peux même plier bagage. Toute de suite”.

      Ma réponse impulsive lui prit au dépourvu. Son visage s’éclaira par la surprise, le même que probablement j’étais en train de refléter. Je n’avais jamais été si audace.

      “Et moi que je l’avais déjà stéréotypée comme un chien sans dents... J’ai été trop précipité... Vraiment précipité”.

      Je m’assis face de lui, les jambes qui me flageolaient déjà, contrite par ma franchise impulsive. Et terrorisée par les conséquences potentielles, explosives.

      Mon employeur ne semblait pas offensé, au contraire. Il souriait. “Quel est votre nom de Baptême, Mademoiselle Bruno?”

      “Mélisande” Je répondis automatiquement.

      “De Debussy, Je présume. Vos parents étaient passionnés de musique? Des concertistes, peut-être?”

      “Mon père était mineur” je confessai à contrecœur.

      “Mélisande... Un nom grandiloquent pour la fille d’un mineur” observa-t-il, la voix vibrante d’un rire retenu. Il était en train de se moquer de moi, et au mépris des intentions du jour avant, je n’étais pas sûre de le vouloir lui permettre. Ou celle-ci aurait devenu son activité préférée.

      Je redressai les épaules, en cherchant de récupérer la tenue perdue. “Et Sébastian, pourquoi? De Saint Sébastien, peut-être? Une choix vraiment incohérente”.

      Il recevait le coup, en faisant la moue pendant un instant infinitésimal. “Arrache les griffes, Mélisande Bruno. Je ne suis pas en guerre avec toi. Si je le fusse, tu n’aurais aucune espérance de vaincre. Jamais. Néanmoins dans tes rêves les plus hardis”.

      “Je ne rêve jamais, monsieur” répondis-je de la façon la plus digne possible.

      Il sembla surpris par ma réponse, grondante de sincérité. “Tu as de la chance donc. Les rêves sont toujours un piège. S’ils sont des cauchemars, ils troublent le sommeil. S’ils sont beaux, le réveil sera doublement amer. Il est mieux de ne pas rêver, après tout ”. Ses yeux ne se détachaient pas des miens, charmeurs. “Tu es un personnage intéressant Mélisande. Tu es une petite chose, mais amusante” ajouta-t-il, le ton gouailleur.

      “Heureuse d’avoir les qualités requises pour ce travail, donc” commentai-je ironiquement.

      Je me torturai la lèvre inférieure avec les dents, dépassée encore par le repentir. Qu’est-ce qu’il m’arrivait? Je n’avais jamais réagi avec une telle déplorable impulsivité. Je devais y mettre un terme, avant de perdre complètement le contrôle.

      Son sourire maintenant allait d’une oreille à l’autre, impudemment amusé. “Tu les as vraiment. Je suis sûr qu’on s’entendra bien. Une secrétaire qui ne sait pas rêver, comme son chef. Il y a une affinité élective entre nous, Mélisande. D’âmes, en quelque sorte. S’il n’était qu’un entre nous n’en a plus une, et il y a longtemps désormais...”

      Avant que je pusse donner un sens à ses mots obscurs, il devint sérieux, les yeux encore détachés, l’expression imperscrutable, loin, sans vie.

      “Tu dois envoyer le fax des premiers chapitres du livre à mon éditeur. Tu sais comment faire?”

      J’hochai la tête, et en souffrant j’ai réalisé que je sentais déjà la manque du notre duel verbal. J’aurais voulu qu’il était infini. J’avais été inspirée par cet échange, comme une source miraculeuse, en me remplissant de vitalité débordante, une énergie sans précédents pour moi.

      Les deux heures suivantes passèrent vites. J’envoyai plusieurs fax, j’ouvris la poste, j’écris des lettres de refuse à invitations différentes et je mis en ordre le bureau. Il écrivait à l’ordinateur, en silence, le front tout plissé, les lèvres étroites, les mains blanches et élégantes qui volaient sur le clavier. Vers l’heure du déjeuner il rappela mon attention avec un geste de la main.

      “Tu peux faire une pause, Mélisande. Même manger quelque chose, ou faire une promenade”.

      “Merci monsieur”.

      “As-tu commencé à lire mon livre, celui que je t’ai donné?” Son visage était encore loin, immobile, toutefois je vis un éclair de bonne humeur dans ces yeux noirs

      “Vous aviez raison, monsieur. Ce n’est pas exactement mon genre” confiai-je en toute sincérité.

      Ses lèvres se courbèrent légèrement, dans un sourire oblique, qui avait été capable de pénétrer la cuirasse de mes défenses. Cuirasse que je pensais être plus fort que l’acier.

      “Je n’en doutai pas. Je parie que tu es un type qui préfère Romeo et Juliette”. Il n’y avait aucune ironie dans sa voix, il avait fait seulement une constatation.

      “Non, monsieur”. Contre-battre était naturel pour moi, comme si nous nous connaissions il y a toujours, et je pouvais être moi-même, complètement, sans subterfuges ou masques. “J’aime seulement les récits au heureux dénouement. La vie est déjà trop amère, pour renchérir avec un livre. Si je n’ai pas la concession de rêver la nuit, je veux le faire au moins le jour. Si je n’ai pas le permis de rêver dans la vie, je veux le faire au moins avec un livre”.

      Il songea attentivement mes mots, pendant si beaucoup de temps que je pensais qu’il ne m’aurait pas répondu. Quand j’étais en train de prendre congés, il me retenait.

      “Madame Mc Millian t’as dit le nom de cette maison?”

      “Elle pourrait même l’avoir fait” admis-je avec un petit sourire. “Toutefois je crains de l’avoir écouté seulement par moitié”.

      “Bravo, je me perds après le dixième mot” il se complimenta sans aucune ironie. “Je n’ai jamais eu esprit de sacrifice. Je suis un égoïste adulte”.

      “Parfois il faut l’être” dis-je sans réfléchir. “Ou on verra trituré par les expectatives des autres personnes. Et on finira par vivre une vie qui n’est pas la nôtre, mais celle que les autres ont décidé pour nous”.

      “Très sage, Mélisande Bruno. Tu as trouvé, seulement à vingt-deux ans, le secret de la sérénité de l’esprit. Ce n’est pas tous les chefs”.

      “Sérénité?” répétai-je pleine d’amertume. “Non, la sagesse de comprendre une chose n’implique nécessairement de l’accepter. La sagesse nait de la tête, le cœur suit ses parcours, indépendants et dangereux. Et il tend à faire déviations fatales”.

      Il déplaça le fauteuil roulant, en se

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