Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн ОÑтин
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— Madame Palmer est très-bien ; et je suis chargé de vous dire qu’elle viendra sûrement vous voir demain.
— Je l’espère. Où donc est Maria ? Vous ne l’avez pas vue encore, colonel ? Ne suis-je pas bonne de vous l’avoir amenée ? Mais comment vous arrangerez vous avec M. Willoughby ? J’ai grand peur pour vous, colonel. Ah ! la charmante chose que d’être jeune et belle ! J’ai été jeune aussi, et si je n’étais pas belle comme Maria, ni jolie comme Elinor, je n’en ai pas moins eu un bon mari qui m’aimait de tout son cœur. Qu’aurais-je pu avoir de mieux avec la plus grande beauté ? Si seulement il vivait encore ! Voici huit ans que je le pleure : (et sa physionomie épanouie de joie comme à l’ordinaire, prit une expression un peu moins animée, ses yeux brillans de gaîté s’humectèrent.) Allons, allons ne parlons plus de cela, c’est inutile, les larmes ne me le rendront pas, parlons plutôt des vivans. Vous êtes-vous bien amusé, colonel, depuis que vous nous avez quittés si cruellement à Barton ? Eh bien ! après avoir bien crié contre vous, on prit son parti de votre absence, et on s’amusa tout autant : demandez à mademoiselle Maria si elle s’en aperçut. Je devinai à l’instant où elle était allée avec son beau conducteur ; mais pour votre affaire si pressante, je n’ai que des conjectures : à présent, que tout est fini, dites-moi ce que c’était. Point de secrets entre amis.
Il répondit avec sa douceur et sa politesse accoutumées, mais sans satisfaire en rien sa curiosité. Elinor se mit à préparer le thé. Madame Jennings fit appeler Maria qui fut obligée de paraître. Elle salua le colonel avec une profonde tristesse et une parfaite indifférence. Il devint peu-à-peu tout aussi triste et aussi absorbé qu’elle, et malgré les persécutions de madame Jennings pour qu’il passât la soirée avec ces dames, il s’en alla immédiatement après le thé.
Aucune autre visite ne se présenta. L’abattement de Maria augmentait à mesure qu’elle perdait l’espoir ; et de très-bonne heure chacune alla se coucher.
Maria se leva le lendemain rayonnante d’espérance ; son désappointement de la veille était oublié. Il était impossible que cette journée ne fût pas plus heureuse. Le déjeûner était presque fini quand madame Palmer entra en riant aux éclats, et pouvant à peine dire et répéter combien elle était contente de revoir sa bonne mère et ses chères amies. Elle était à-la-fois surprise de leur arrivée, en colère de ce qu’elles avaient refusé son invitation, bien aise qu’elles eussent accepté celle de sa mère. Et M. Palmer, ajouta-t-elle, comme il s’impatiente de vous voir ! Il n’a jamais voulu venir, quoi qu’il n’eût rien autre chose à faire ; mais il était de mauvaise humeur, il est toujours si drôle, M. Palmer.
Après une heure ou deux passées à causer sans rien dire, à rire sans sujets, à parler de plusieurs individus dont les demoiselles Dashwood ne connaissaient pas le nom, madame Palmer leur proposa de les mener dans quelques magasins pour faire leurs emplettes. Maria aurait préféré de rester ; mais enfin désirant aussi d’acheter quelques parures, espérant faire quelque heureuse rencontre, elle se laissa entraîner. Partout où elles allèrent, son unique occupation fut de veiller à la porte des magasins où elles entraient sur tout ce qui passait dans la rue. Ses yeux étaient sans cesse en activité, attachés sur les trottoirs, et pénétraient au fond des voitures ; et quand elle était forcée de venir donner son opinion sur quelque objet de mode, c’était avec une telle distraction, qu’il était facile de voir qu’elle pensait à toute autre chose. Les couleurs de son teint variaient à chaque instant. Sa sœur souffrait presqu’autant qu’elle de la voir dans cette agitation, On ne put obtenir son avis sur aucune emplète ; rien ne lui plaisait, rien n’attirait son attention. Elle ne témoignait qu’une extrême impatience de retourner à la maison. Elinor qui voyait à regret sa sœur se donner en spectacle, aurait aussi désiré la ramener ; mais il n’était pas facile de l’obtenir de madame Jennings et de sa fille. La première causait avec tous les marchands, s’informait des modes, des nouvelles, etc. ; l’autre se faisait tout montrer, essayait tout, admirait tout, n’achetait rien et riait sans cesse. Il était donc assez tard lorsqu’elles rentrèrent au logis. Maria courut à perdre haleine ; et quand Elinor entra, elle la trouva avec un mélange de dépit de ce que Willoughby n’était pas venu, et de plaisir de ne l’avoir pas manqué.
— Est-ce qu’il n’est venu aucune lettre pour moi ? dit-elle au laquais qui apportait les papiers. — Non, madame. — En êtes-vous sûr ? informez-vous s’il n’est venu personne me demander. Il ressortit, et revint bientôt en disant : non, madame, personne. C’est cruel, c’est étonnant, dit-elle à voix basse en retournant vers la fenêtre. Elinor la regarda avec inquiétude. Oh ma mère ! pensait-elle ? combien vous avez eu tort de permettre un engagement de cœur entre une fille si jeune et si passionnée et un jeune homme si peu connu et si mystérieux. — Chère Maria, dit-elle à sa sœur, vous êtes mal à votre aise, je le vois, et je le comprends.
— Pas du tout, dit Maria en s’efforçant de sourire, je n’éprouve qu’une impatience très-naturelle en vérité ; mais je n’ai pas le moindre doute, et je serais très-blessée qu’on me témoignât la moindre défiance sur un ami que j’estime autant que j’aime, et qui m’expliquera sûrement aujourd’hui ce qui m’étonne sans me fâcher. Elinor se tut ; qu’aurait-elle pu dire ? mais elle se promit si Willoughby ne paraissait pas de quelques jours de représenter à sa mère la nécessité de parler à Maria.
Madame Palmer et une amie intime de madame Jennings, qu’elle avait rencontrée, vinrent dîner et passer la soirée avec elles. La complaisante Elinor consentit à faire un wisk avec ces dames. Maria ne savait aucun jeu, et n’était pas complaisante. Sa soirée, bien plus pénible que celle de sa sœur, s’écoula dans le trouble, l’anxiété, et le tourment d’une attente sans cesse trompée. Elle essaya de lire, mais sans le pouvoir ; son ouvrage de broderie n’eut pas plus de succès. Elle rêva au coin du feu, se promena, de la porte à la fenêtre, soupira beaucoup, et fit bien pitié à sa sœur.
CHAPITRE XXVII.
— Si le temps continue d’être aussi beau pour la saison, dit madame Jennings en déjeûnant, sir Georges ne quittera pas encore Barton ; il lui en coûterait trop de perdre un jour de chasse.
— Ah ! c’est vrai, s’écria Maria avec gaîté, et en courant à la fenêtre pour examiner le temps, je n’y avais pas pensé. Ces beaux jours d’hiver doivent inviter tous les chasseurs à rester à la campagne. Cette idée releva ses esprits et lui rendit tout son espoir. Willoughby chasseur déterminé, n’était sûrement pas à Londres ; il n’avait pas reçu sa lettre. Son absence, son silence étaient expliqués ; et tous les nuages élevés dans l’âme de Maria furent dissipés. Madame Jennings avait eu là une heureuse idée.
— Il est sûr, dit Maria en s’asseyant à la table du déjeûner, et en prenant une tartine qu’elle mangea avec appétit, il est sûr qu’il fait un délicieux temps de chasse ; comme ils doivent être heureux ! mais j’espère cependant… je crois, veux-je dire, qu’il ne durera pas long-temps ; dans cette saison, c’est impossible. Nous aurons bientôt de la neige, de la gelée, qui rappellera tous les chasseurs et tout le monde en ville. Cette extrême douceur de temps ne peut pas durer ; dans un jour ou deux peut-être il y aura du changement : voyez comme le jour est clair ! il peut geler cette nuit, et demain…
— Et dans peu de jours nous aurons sir Georges et lady Middleton, dit Elinor pour détourner l’attention de madame Jennings. Actuellement, pensait-elle, je suis sûre que Maria écrira à Haute-Combe par le courrier de ce soir.
Écrivit-elle