Le Fichier Zéro. Джек Марс
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La Salle de Conférence John F. Kennedy, située dans le sous-sol de l’aile ouest et connue de la plupart sous le nom de Salle de Crise, était le centre de gestion des renseignements de la Maison Blanche, un dispositif de communications de plus de trois-cents mètres carrés permettant à certains des hommes les plus puissants au monde de maintenir la sécurité à partir d’un seul endroit.
Et Zéro venait apparemment de gagner le droit de s’asseoir à la table.
Le Président Pierson entra dans la pièce à la suite des deux membres des Services Secrets qui se placèrent immédiatement de chaque côté des doubles portes permettant d’y accéder. Zéro ferma la marche. C’était maintenant que se produisait le bouillonnement d’activité auquel il s’était attendu à son arrivée. Il y avait là quatorze personnes à la longue table rectangulaire qui occupait la longueur de la pièce, et chacune d’entre elles se leva à l’arrivée du président.
Zéro balaya rapidement la pièce des yeux en regardant tous les visages. Il les reconnut presque tous : le Conseiller de la Sécurité Nationale était présent, le Conseiller de la Sécurité Intérieure, ainsi que le Secrétaire Général de la Maison Blanche, le Secrétaire de la Défense Quentin Rigby, le DRN John Hillis, et l’Attachée de Presse Christine Cleary, entre autres. Il ne put s’empêcher de constater amèrement qu’à part lui, Pierson et Cleary, tous les autres dans la pièce étaient des hommes de plus de cinquante-cinq ans.
Il fut légèrement soulagé de voir que la CIA n’était pas représentée dans la salle. Il s’était dit que, peut-être, le Directeur Mullen ou même la Directrice Adjointe Riker seraient présents. Mais c’était une affaire de chefs d’état et la CIA était représentée par le DRN Hillis qui serait celui en mesure de relayer les informations à Mullen.
“Asseyez-vous, s’il vous plaît.” Pierson s’assit dans un fauteuil noir en bout de table, celui qui était le plus près des portes. Il fit un geste pour désigner le siège vide à sa droite et Zéro s’y installa.
Plusieurs paires d’yeux le dévisagèrent en train de s’asseoir, mais seul le Secrétaire de la Défense ouvrit la bouche. Le Général quatre étoiles à la retraite Quentin Rigby avait le cou et les épaules raides. Il arborait de profondes rides sur le visage qui suggéraient qu’il avait vu les pires aspects de l’humanité. Sa perspicacité ne l’empêchait pas de dire ce qu’il pensait.
“Monsieur le Président.” Rigby resta debout en s’adressant à Pierson. “Je ne crois pas devoir vous rappeler que ce dont nous allons discuter est hautement confidentiel…”
“C’est noté, Général Rigby, je vous remercie.” Pierson coupa le général d’un geste de la main. “L’Agent Steele intervient ici comme conseiller en ce qui concerne la sécurité. Il est validé par la CIA et a prouvé sa capacité de discrétion à maintes reprises, sans parler du fait que c’est le seul dans cette pièce qui ait une expérience récente du type de situation que nous avons à gérer.”
“Quand bien même,” insista Rigby, “c’est très peu orthodoxe, Monsieur.”
“Je ne crois pas avoir besoin de vous rappeler, Général, que je suis la seule personne ayant un pouvoir de décision sur qui se trouve dans cette pièce.” Pierson regarda Rigby de haut.
Zéro faillit sourire. Il n’avait jamais entendu Pierson parler ainsi à qui que ce soit. Généralement, son approche était la diplomatie et le charme. D’un côté, Zéro voyait bien que le président était chamboulé par les événements. D’un autre côté, c’était rassurant de le voir afficher une telle force de caractère dans ces circonstances.
Rigby acquiesça et prit place. “Oui, Monsieur.”
“Monsieur Holmes.” Le Président Pierson fit un signe de tête à l’attention de son Secrétaire Général, un petit homme chauve à grosses lunettes. “Allez-y, je vous en prie.”
“Très bien, Monsieur.” Peter Holmes se leva et se râcla la gorge. “À environ dix-sept heures, heure locale, un cuirassé iranien a tiré deux roquettes sur le destroyer USS Constitution durant une patrouille de routine dans le Golfe Persique. À cause du récent changement dans les RDE dont nous sommes tous au courant ici, je suppose, le Constitution a été autorisé à…”
“Excusez-moi.” Zéro leva la main comme s’il était en classe, coupant la parole au Secrétaire Général. “Quel changement des RDE ?”
“Les règles d’engagement, Agent,” dit Holmes.
“Je connais l’acronyme,” répondit rapidement Zéro. “Qu’est-ce qui a changé ?”
“Au regard de l’attaque récente sur le sol américain,” intervint Rigby, “le président a signé ce matin l’ordre exécutif qui dicte que toute force étrangère tirant à une certaine proximité du personnel militaire américain doit être considérée comme hostile et traitée avec un préjudice extrême.”
Zéro fit en sorte de ne montrer aucune réaction, mais son esprit ruminait. Quelle coïncidence, songea-t-il. “Et quelle est exactement cette proximité, Général ?”
“Nous ne sommes pas ici pour pinailler sur les détails d’un ordre exécutif,” rétorqua Rigby. “Nous sommes ici pour discuter d’une situation extrêmement pressante et volatile.”
Rigby éludait la question. “Quelle était la trajectoire des roquettes ?” demanda Zéro.
“Pardon ?” Holmes rajusta sa paire de lunettes sur son nez.
“La trajectoire,” répéta Zéro. “L’angle ascendant, descendant, le type de roquette, la proximité, bref tout ça. Quelle menace représentait exactement ce bateau pour le Constitution ?”
“Une menace suffisante pour qu’un capitaine de l’US Navy juge pertinent de répliquer,” dit Rigby avec véhémence. “Est-ce que vous remettez en question le jugement du capitaine, Agent Steele ?”
Je remets en question ses motivations, faillit-il dire. Mais il tint sa langue. Il ne pouvait pas se permettre de montrer son jeu comme il l’avait déjà fait par deux fois. “Pas du tout. Je voulais juste faire remarquer qu’il existe trois versions de cette histoire. Celle du capitaine, celle des iraniens et la vérité. Qu’en est-il des caméras ?”
“Caméras,” répéta bêtement Rigby. Il esquissa un sourire condescendant. “Vous vous y connaissez en bateaux de type destroyers, Agent ?”
“Je ne peux pas dire que j’ai beaucoup d’expérience.” Cette fois, ce fut Zéro qui esquissa un sourire à sa façon. “Tout ce que je sais, c’est que l’USS Constitution est un destroyer Arleigh-Burke construit en 1988 et commissionné pour la première fois en 1991. C’est la seule classe de destroyers américains qui a été utilisée de 2005 à 2016, jusqu’à ce que la classe Zumwalt soit commissionnée. Le Constitution est équipé d’un système intégré d’armes Aegis, de roquettes anti-sous-marines, d’un système de radars à balayage électroniquement passif et de missiles Tomahawk… et je suppose que ces derniers ont été utilisés pour détruire le navire iranien et emporter la vie de soixante-seize personnes. En tenant compte du fait que c’est l’une des machines les plus avancées technologiquement sur tout l’océan