Le Fichier Zéro. Джек Марс

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Le Fichier Zéro - Джек Марс

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passa la main sous la visière de sa casquette et se frotta les yeux. Du moins, on aurait dit que c’était ce qu’il était en train de faire. Mais quand il baissa à nouveau la main, il y avait deux minuscules disques concaves sur ses doigts, d’un bleu cristallin.

      Lentilles. Il portait des lentilles de couleur.

      Ensuite, Mitch retira sa casquette, lissa ses cheveux et leva les yeux vers Zéro. Ses yeux bruns semblaient désemparés, presque honteux, et Zéro comprit exactement pourquoi en un instant.

      “Bon sang.” Sa voix sortit en un murmure rauque alors qu’il regardait ses yeux.

      Il les connaissait. Il aurait reconnu ces yeux n’importe où. Mais c’était impossible. “Mon dieu. Tu… tu étais mort.”

      “Tout comme toi pendant deux ans,” dit le mécanicien de sa voix douce, presque chantante.

      “J’ai vu ton corps,” parvint à articuler Zéro. Ça ne peut pas être vrai.

      “Tu as vu un corps qui ressemblait au mien.” L’homme haussa les épaules. “Ne crois pas une seule seconde que je n’ai jamais été aussi intelligent que toi, Zéro.”

      “C’est dingue.” Zéro le détailla de la tête aux pieds. Il avait pris une douzaine de kilos, peut-être même plus. Il avait laissé pousser sa barbe, portait une casquette et des lentilles de couleur. Il avait changé sa voix.

      Mais c’était lui. Il était vivant.

      “Je n’arrive pas à y croire.” Il fit deux pas en avant et serra Alan dans ses bras.

      Son meilleur ami, celui qui avait été son coéquipier sur tant d’opérations, celui qui l’avait aidé à faire installer le suppresseur de mémoire au lieu de le tuer sur le Pont Hohenzollern, celui que Zéro croyait avoir trouvé mort, poignardé dans un appartement de Zurich… il était là. Il était vivant.

      Il repensa à sa découverte à Zurich. Le visage du mort était bouffi, enflé et son esprit avait immédiatement lié le macchabée à Reidigger. Ton esprit comble les trous, lui avait une fois dit Maria.

      Reidigger avait maquillé sa propre mort, tout comme il avait aidé Kent Steele à simuler la sienne. Et il avait vécu sous l’apparence d’un mécanicien très connecté à seulement vingt minutes de distance.

      “Durant tout ce temps ?” demanda Zéro. Sa voix était haletante et sa vision légèrement embrumée, alors que ses émotions remontaient à la surface. “Tu as gardé un œil sur nous ?”

      “Autant que possible, et Watson m’a aidé.”

      C’est vrai. Watson est au courant. C’était John Watson qui avait présenté Reid Lawson à Mitch le mécanicien… mais il ne l’avait fait que lorsque les filles de Reid avaient été enlevées, que les enjeux étaient trop grands et que la CIA n’était pas d’un grand secours.

      “Est-ce que quelqu’un d’autre est au courant ?” demanda Zéro.

      Alan secoua la tête. “Non. Et il ne faut pas. Si l’agence l’apprend, je suis un homme mort.”

      “Tu aurais pu me le dire plus tôt.”

      “Non, impossible.” Alan sourit. “Sans tes souvenirs intacts, est-ce que tu m’aurais reconnu ? Est-ce que tu m’aurais cru si je t’avais simplement dit ça ?”

      Zéro devait bien admettre qu’il marquait un point.

      “C’est l’œuvre du Dr. Guyer ? Tu es allé le voir ?”

      “Oui,” dit Zéro. “Ça n’a pas marché sur le coup. C’est arrivé plus tard, déclenché par des mots. Et maintenant…” Il secoua la tête. “Maintenant, je sais. Je me souviens. Et je dois arrêter ça, Alan.”

      “Je le sais bien. Et tu sais qu’il n’y a rien que je souhaiterais plus que d’être à tes côtés pour le faire.”

      “Mais tu ne peux pas.” Zéro le comprenait totalement. De plus, Alan avait une tâche qui était tout aussi importante aux yeux de Zéro que d’empêcher la guerre. “J’ai besoin que tu les garde en sécurité.”

      “Je le ferai. Je te le promets.” Les yeux d’Alan s’éclairèrent soudain. “Ça me fait penser que j’ai quelque chose pour toi.” Il passa le bras par la vitre ouverte du pick-up et en sortit un pistolet Sig Sauer. “Tiens. Avec les compliments du mercenaire de la Division qui a attaqué ta maison.”

      Zéro prit le pistolet avec incrédulité. “La Division était chez moi ? Qu’est-ce qui s’est passé ?”

      “Rien d’insurmontable. Ces deux-là sont bien tes filles.” Alan esquissa un sourire, mais il s’estompa rapidement. “Tu as aussi besoin d’aide, tu sais. Appelle Watson ou ton nouveau copain, le Ranger.”

      “Non,” dit fermement Zéro. Il refusait de compromettre Watson ou Strickland plus qu’il ne l’avait déjà fait. “Il vaut mieux que je gère ça tout seul.”

      Alan soupira. “Toujours aussi têtu.” À distance, le bruit des rotors d’un hélicoptère se rapprocha. “Voilà notre taxi. Prend soin de toi, Zéro.”

      “Je te le promets.” Il étreignit une nouvelle fois Reidigger. “Merci pour tout ce que tu fais. Quant tout ça sera terminé, on se posera toi et moi pour avoir une longue conversation autour de quelques bières.”

      “Ça marche,” acquiesça Reidigger. Mais il y avait une pointe de mélancolie dans sa voix qui suggérait qu’il pensait la même chose que Zéro en ce moment, à savoir que l’un d’entre eux, voire même les deux, pourrait ne pas survivre à cette affaire. “En attendant… ne leur fait pas confiance.”

      Il fronça les sourcils. “De qui tu parles ?”

      “De tout le monde à l’agence,” dit Alan. “Ils étaient déjà prêts à te tuer avant et ils étaient ravis que ce soit moi qui me propose d’appuyer sur la détente. Ils ne feront pas la même erreur deux fois. Cette fois, ils enverront quelqu’un qui ne perdra pas une minute avant de te tirer une balle dans le dos.”

      “Je sais.” Zéro secoua la tête. “Je voulais au moins entrer en contact avec Cartwright. Je ne pense pas qu’il soit dans le coup…”

      “Bon dieu, qu’est-ce que je viens de te dire ? Personne, tu m’entends ?” Alan le regarda dans les yeux. “Surtout pas Cartwright. Zéro… il y a deux ans, c’est Cartwright qui m’a envoyé avec Morris pour te tuer sur le pont.”

      “Quoi ?” Un frisson parcourut le dos de Zéro.

      “Oui. Il n’a pas envoyé la Division. Il n’a envoyé aucun tueur à gage. L’ordre de t’assassiner est venu de plus haut et Cartwright ne l’a pas contesté. Il nous a envoyés.”

      Une vague de fureur mit le feu à sa poitrine. Shawn Cartwright avait prétendu être un ami, un allié et avait même prévenu Zéro qu’il ne devait pas faire confiance aux autres, notamment Riker.

      Le martèlement des rotors de l’hélicoptère vrombit au-dessus de leur

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