Le Piège Zéro. Джек Марс
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Reid plissa les yeux. “Il vaut mieux que je ne vous revoie pas autour de mes filles,” avertit-il, “ou vous aurez des soucis.” Il tourna le dos à l’homme effrayé, tandis que Sara, ahurie, retournait vers le canapé.
Mais Maya se mit en travers de son chemin, mains sur les hanches. “C’était quoi ce bordel ?”
Il fronça les sourcils. “Maya, surveille ton langage…”
“Non, toi, surveille le tien,” répliqua-t-elle. “Papa, tu étais en train de parler en allemand.”
Reid cligna des yeux de surprise. “Ah bon ?” Il ne s’en était pas rendu compte, mais l’homme à la parka noire s’était excusé en allemand… et Reid lui avait répondu dans la même langue, sans réfléchir.
“Tu vas encore faire flipper Sara à faire des trucs comme ça,” l’accusa Maya.
Ses épaules s’affaissèrent. “Tu as raison. Je suis désolé. J’ai juste cru…” Tu as cru que les trafiquants slovaques t’avaient suivi avec tes filles jusqu’en Suisse. Soudain, il se rendit compte à quel point ça paraissait ridicule.
Il était clair que Maya et Sara n’étaient pas les seules qui avaient besoin de se remettre de cette expérience commune. Je devrais peut-être faire quelques séances avec le Dr. Branson, pensa-t-il en rejoignant ses filles.
“Je m’excuse,” dit-il à Sara. “Je crois que je suis juste un peu trop protecteur en ce moment.”
Elle ne répondit rien, mais regarda au sol avec un air absent dans les yeux, les deux mains entourant sa tasse en train de refroidir.
Voir sa réaction et l’entendre crier de colère sur cet allemand avait dû lui rappeler l’incident et, si ces suppositions étaient bonnes, à quel point elle en savait peu sur son propre père.
Génial, pensa-t-il amèrement. On n’est même pas là depuis un jour que j’ai déjà tout gâché. Comment est-ce que je vais réparer ça ? Il s’assit entre les filles et chercha désespérément quelque chose à dire ou faire pour revenir à l’atmosphère joyeuse dans laquelle ils baignaient auparavant.
Mais avant même qu’il n’en ait eu l’occasion, Sara ouvrit la bouche. Elle leva les yeux pour le regarder fixement et, malgré le fait qu’elle ait murmuré et qu’il y ait des conversations autour d’eux, Reid entendit clairement ses mots.
“Je veux savoir,” venait de dire sa plus jeune fille. “Je veux connaître la vérité.”
CHAPITRE SEPT
Yosef Bachar avait passé les huit dernières années de sa carrière dans des situations périlleuses. En tant que journaliste d’investigation, il avait accompagné les troupes armées dans la Bande de Gaza. Il avait fait des treks dans le désert à la recherche de bases cachées et de caves durant la longue traque pour retrouver Oussama Ben Laden. Il faisait son travail au beau milieu des tirs et des raids aériens. Moins de deux ans auparavant, il avait révélé l’histoire de la contrebande de pièces de drones aux frontières, orchestrée par le Hamas qui avait forcé un ingénieur saoudien à les reconstruire afin de les utiliser pour bombarder. Son reportage avait conduit à un accroissement de la sécurité aux frontières et à se rendre compte que les rebelles recherchaient les meilleures technologies.
Malgré tous les risques qu’il avait pris dans sa vie, il ne s’était jamais autant senti en danger que maintenant. Avec deux collègues israéliens, il couvrait l’histoire de l’Imam Khalil et de sa petite secte de disciples qui avaient libéré un virus muté de la variole dans Barcelone et tenté de faire la même chose aux États-Unis. Une source à Istanbul leur avait révélé que les derniers fidèles de Khalil avaient fui en Irak, se cachant quelque part près d’Albaghdadi.
Mais Yosef Bachar et ses deux compatriotes n’avaient pas trouvé les disciples de Khalil. Ils n’avaient même pas encore atteint la ville quand leur voiture avait été forcée de s’arrêter par un autre groupe et que les trois journalistes avaient été pris en otage.
Ils étaient dans le sous-sol d’une base dans le désert depuis trois jours, attachés aux poignets et gardés dans le noir, au sens propre comme au sens figuré.
Bachar avait passé ces trois jours à attendre leur inévitable destin. Ces types étaient certainement du Hamas, s’était-il dit, ou d’une de ses branches. Ils allaient le torturer et finir par le tuer. Ils allaient filmer la scène et envoyer la vidéo au gouvernement israélien. Pendant ces trois jours à attendre et à se poser des questions, Bachar avait imaginé des dizaines de scénarios horribles qui le torturaient tout autant que ce que ces hommes avaient prévu de leur faire.
Pourtant, quand quelqu’un vint les trouver, ce ne fut pas avec des armes ou des instruments de torture, mais avec des mots.
Un jeune homme qui semblait ne même pas avoir vingt-cinq ans entra seul dans le sous-sol de la base et alluma la lumière : une seule ampoule nue au plafond. Il avait les yeux noirs, une barbe coupée court et des épaules larges. Le jeune homme se mit à marcher devant eux trois, à genoux avec les poignets liés devant eux.
“Je m’appelle Awad Ben Saddam,” leur dit-il, “et je suis le chef de la Confrérie. Vous avez été appelés tous les trois vers un plus glorieux destin. Parmi vous, l’un va délivrer un message pour moi. Un autre va faire un reportage sur notre jihad sacré. Et le troisième… le troisième est inutile. Le troisième périra de nos mains.” Le jeune homme, ce Ben Saddam, s’arrêta de marcher et fouilla dans sa poche.
“Si vous le souhaitez, vous pouvez déterminer entre vous quel sera le rôle de chacun,” dit-il. “Sinon, vous pouvez laisser le hasard en décider.” Il se pencha et posa trois morceaux de ficelle au sol, devant eux.
Deux d’entre eux mesuraient environ quinze centimètres de long. Le troisième avait été coupé un peu plus court que les deux autres.
“Je reviendrai dans une demi-heure.” Le jeune terroriste quitta le sous-sol et referma la porte à clé derrière lui.
Les trois journalistes fixèrent les trois morceaux de corde coupée sur le sol de pierre.
“C’est monstrueux,” prononça Avi à voix basse. C’était un solide gaillard de quarante-huit ans, plus vieux que la plupart de ceux qui travaillaient encore sur le terrain.
“Je suis volontaire,” leur dit Yosef. Les mots s’étaient échappés de sa bouche avant même qu’il réfléchisse… sans quoi il aurait certainement tenu sa langue.
“Non, Yosef.” Idan, le plus jeune d’entre eux, secoua fermement la tête. “C’est très noble de ta part, mais nous ne pourrons pas supporter de vivre en sachant que nous t’avons laissé te porter volontaire pour mourir.”
“Tu vas laisser le hasard décider, alors ?” rétorqua Yosef.
“Le hasard est juste,” dit Avi. “Le hasard n’est pas biaisé. De plus…” Il baissa d’un ton en ajoutant, “C’est peut-être une ruse. Ils vont peut-être tous nous tuer dans tous les cas.”
Idan