Le Piège Zéro. Джек Марс

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Le Piège Zéro - Джек Марс

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s’assit face à ses filles dans le coin d’un restaurant de fondue de l’un des hôtels les plus haut de gamme d’Engelberg-Titlis. Après que Sara lui avait dit au chalet qu’elle voulait connaître la vérité, Reid avait suggéré d’aller ailleurs, de quitter la pièce commune du chalet pleine de skieurs. Leur propre chambre semblait un endroit beaucoup trop silencieux pour discuter d’un sujet aussi intense, alors il les emmena dîner dans l’espoir de créer une atmosphère sympa pendant qu’ils discuteraient. Il avait choisi cet endroit précisément parce que chaque table était séparée par des cloisons en verre, ce qui leur donnait un peu d’intimité pour parler.

      Quand bien même, il gardait la voix basse.

      Sara fixa la table des yeux pendant un long moment en réfléchissant. “Je ne veux pas parler de ce qui s’est passé,” finit-elle par dire.

      “Nous n’y sommes pas obligés,” lui accorda Reid. “Nous pouvons juste parler de ce dont tu as envie et je te promets que je te dirai la vérité, tout comme à ta sœur.”

      Sara leva les yeux vers Maya. “Tu… sais des trucs ?”

      “Certains,” admit-elle. “Désolé, Pouêt-Pouêt. Je pensais que tu n’étais pas prête à l’entendre.”

      Si Sara était en colère ou bouleversée par cette nouvelle, elle n’en laissa rien paraître. Au lieu de ça, elle se mordit la lèvre inférieure un moment, formant une question dans sa tête, avant de demander. “Tu n’es pas seulement professeur, pas vrai ?”

      “Non.” Reid s’était douté que clarifier ce qu’il était et ce qu’il avait fait ferait partie de ses principales priorités. “En effet. Je suis… ou plutôt j’étais un agent de la CIA. Est-ce que tu sais ce que ça veut dire ?”

      “Comme… un espion ?”

      Il haussa les épaules. “En quelque sorte. Ça implique un peu d’espionnage. Mais il s’agit plus d’empêcher les mauvaises personnes de faire certaines choses et d’éviter le pire.”

      “Qu’est-ce que tu veux dire par ‘j’étais’ ?” demanda-t-elle.

      “Eh bien, je ne fais plus ça maintenant. Je l’ai fait pendant un temps. Et puis, quand…” Il se râcla la gorge. “Quand Maman est morte, j’ai arrêté. Pendant deux ans, je n’ai plus travaillé pour eux. Mais, en février dernier, on m’a demandé de revenir.” C’est une façon très édulcorée de dire les choses, se réprimanda-t-il. “Vous vous rappelez ce truc aux infos sur les JO d’hiver et le bombardement du forum économique ? J’étais là. J’ai aidé à l’arrêter.”

      “Alors tu fais partie des gentils ?”

      Reid cligna des yeux, surpris par cette question. “Bien sûr que oui. Tu croyais le contraire ?”

      Ce fut Sara qui haussa les épaules cette fois, en évitant de croiser son regard. “Je n’en sais rien,” dit-elle à voix basse. “Entendre tout ça, c’est comme… comme…”

      “Comme apprendre à connaître un étranger,” murmura Maya. “Un étranger qui te ressemble.” Sara acquiesça, visiblement d’accord avec sa sœur.

      Reid soupira. “Je ne suis pas un étranger,” insista-t-il. “Je suis toujours votre papa. Je suis la même personne que j’ai toujours été. Tout ce que vous savez sur moi, tout ce que nous avons fait ensemble est réel. Tout ça… toutes ces choses, c’était du boulot. Maintenant, ce n’est plus le cas.”

      Est-ce que c’est la vérité ? se demanda-t-il. Il voulait le croire en tout cas, croire que Kent Steele n’était rien d’autre qu’un pseudonyme et pas une personnalité.

      “Donc,” commença Sara, “ces deux types qui nous ont poursuivies sur le quai… ?”

      Il hésita, se demandant si ça ne faisait pas trop pour elle. Mais il avait promis d’être honnête. “C’étaient des terroristes,” lui dit-il. “C’étaient des hommes qui essayaient de vous kidnapper pour me faire du mal. Tout comme…” Il se retint avant de dire quoi que ce soit sur Rais ou les trafiquants slovaques.

      “Écoute,” reprit-il, “j’ai longtemps cru que j’étais la seule personne qui pouvait être amenée à souffrir en faisant ça. Mais, à présent, je vois à quel point j’ai eu tort. Alors, j’arrête. Je travaille toujours pour eux, mais je fais des trucs administratifs. Plus de boulot sur le terrain.”

      “Alors, nous sommes en sécurité ?”

      Reid eut le cœur serré non seulement à cause de la question, mais aussi à cause de l’espoir dans les yeux de sa fille. La vérité, se rappela-t-il. “Non,” répondit-il. “La vérité est que personne ne l’est jamais vraiment. Aussi beau et magique puisse être le monde, il y aura toujours de mauvaises personnes qui voudront faire du mal aux autres. Maintenant, je sais aussi qu’il y a un tas de bonnes personnes qui s’assurent qu’il y ait moins de méchants chaque jour. Mais peu importe ce qu’ils font, ou ce que je fais, je ne pourrai jamais garantir que vous soyez protégées de tout.”

      Il ne savait pas d’où lui étaient venus les mots, mais ils lui paraissaient être autant à son propre bénéfice qu’à celui de ses filles. C’était une leçon qu’il avait vraiment besoin d’apprendre. “Et ça ne veut pas dire que je n’essaierai pas,” ajouta-t-il. “Je n’arrêterai jamais d’essayer de vous garder en sécurité. Comme vous devez toujours essayer, vous aussi, d’assurer votre propre sécurité.”

      “Comment ?” demanda Sara. L’air distant était revenu dans ses yeux. Reid savait exactement à quoi elle pensait : comment elle, une jeune fille de quatorze ans pesant quarante kilos toute mouillée pouvait empêcher quelque chose comme l’incident de se produire à nouveau ?

      “Eh bien,” dit Reid, “apparemment ta sœur a esquivé la bibliothèque pour se rendre à des cours d’auto-défense.”

      Sara tourna vivement les yeux vers sa sœur. “C’est vrai ?”

      Maya fit les gros yeux. “Merci d’avoir vendu la mèche, Papa.”

      Le regard de Sara se posa de nouveau sur lui. “Je veux apprendre à tirer avec une arme.”

      “Wow.” Reid leva une main. “Allons-y doucement. Ce n’est pas une demande à prendre à la légère…”

      “Pourquoi pas ?” renchérit Maya. “Tu ne nous crois pas assez responsables ?”

      “Bien sûr que si,” répliqua-t-il immédiatement, “C’est juste que…”

      “Tu as dit qu’il fallait qu’on assure notre propre sécurité nous aussi,” ajouta Sara.

      “Oui, je l’ai dit, mais il y a d’autres moyens de…”

      “Mon ami Brent va chasser avec son père depuis qu’il a douze ans,” le coupa Maya. “Il sait tirer au fusil. Alors pourquoi pas nous ?”

      “Parce que c’est différent,” répondit Reid avec insistance. “Et ne vous liguez pas contre moi. C’est injuste.” Jusqu’ici, il avait trouvé que ça se passait plutôt bien mais, à présent, elles utilisaient ses propres mots contre lui. Il pointa Sara du doigt. “Tu veux apprendre

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