Le Souvenir Zéro. Джек Марс
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Comme prévu, en se retournant sur son siège pour regarder par la lunette arrière, elle vit l’agent arriver de l’angle de la rue en sprintant. Il ralentit sa course, ses yeux croisant les siens. L’une de ses mains s’enfonça brièvement sous sa veste, mais il semblait hésiter à sortir une arme en plein jour, et finit plutôt par porter sa main à l’oreille afin de contacter quelqu’un par radio.
“Tournez à gauche ici.” Karina guida le taxi pour qu’il tourne, conduise tout droit en passant quelques rues de plus, puis prenne à droite. Ensuite, elle sauta à nouveau en marche, tandis qu’il lui criait après pour son paiement. Elle courut jusqu’à bout de la rue, puis fit de même par trois fois, sautant dans des taxis, puis en dehors, jusqu’à ce qu’elle ait parcouru la moitié de DC de manière tellement sinueuse qu’elle était sûre que Joe, l’agent des Services Secrets, ne pourrait jamais la retrouver.
Elle reprit son souffle et lissa ses cheveux, arrêtant de courir pour se mettre à marcher à pas rapides, tête basse, essayant de ne pas avoir l’air éreinté. Le scénario le plus probable était que l’agent avait relevé le numéro de la plaque d’immatriculation du taxi, et le malheureux chauffeur (bien qu’un peu long à la détente) allait être arrêté, fouillé et interrogé pour s’assurer qu’il ne faisait pas partie d’un quelconque plan d’évasion prévu à l’avance.
Karina entra dans une librairie, espérant que personne ne remarquerait qu’elle ne portait pas de chaussures. La boutique était calme et les étagères hautes. Elle se rendit rapidement vers l’arrière pour aller aux toilettes, s’aspergea le visage avec de l’eau, et lutta pour se retenir de fondre en sanglots.
Son visage était toujours livide à cause du choc. Comment tout avait tourné mal si vite ?
“Bozhe moy,” dit-elle dans un lourd soupir. Mon dieu. Alors que l’adrénaline se dissipait, la pleine gravité de sa situation lui apparût. Elle avait entendu des choses qui n’étaient pas censées quitter le sous-sol de la Maison Blanche. Elle n’avait pas de pièce d’identité. Pas de téléphone. Pas d’argent. Bon sang, elle n’avait même pas de chaussures. Elle ne pouvait pas retourner à son hôtel. Même se montrer dans n’importe quel lieu public équipé d’une caméra pourrait s’avérer risqué.
Ils n’allaient pas cesser de la poursuivre à cause de ce qu’elle savait.
Mais elle avait ses boucles d’oreilles. Karina toucha son lobe gauche d’un air absent, caressant la perle lisse qui s’y trouvait. Elle avait les mots qui avaient été prononcés lors de la réunion, et pas seulement dans sa mémoire. Elle avait la preuve de la dangereuse connaissance que le président américain, un présumé démocrate libéral qui avait gagné l’admiration du pays, était un pantin manipulé par les russes.
Là, dans les toilettes pour dames d’une librairie du centre-ville, Karina se regarda dans le miroir et se murmura avec désespoir, “Je vais avoir besoin d’aide.”
CHAPITRE UN
Zéro était assis sur le bord de son grand lit, tordant nerveusement les mains sur ses genoux. Il avait déjà vécu ça, il l’avait vu dans son esprit un millier de fois. Pourtant, il en était toujours là.
Ses deux filles adolescentes étaient assises sur le lit adjacent, séparé du sien par une étroite allée. Ils se trouvaient dans une chambre du Plaza, un hôtel chic juste en dehors de DC. Ils avaient décidé de venir ici au lieu de retourner chez eux à la suite de la tentative d’assassinat sur le Président Pierson.
“Il faut que je vous dise quelque chose.”
Maya avait presque dix-sept ans. Elle avait les cheveux bruns et les traits de son père, l’esprit vif et sarcastique de sa mère. Elle le regardait passivement, avec une once d’appréhension face à une telle annonce de sa part.
“Ce n’est pas facile à dire, mais vous méritez de connaître la vérité.”
Sara avait quatorze ans, le visage encore rond de la jeunesse, vacillant à un âge conflictuel entre l’enfant et la femme naissante. Elle avait hérité des cheveux blonds de Kate et de son visage expressif. Elle ressemblait de plus en plus à sa mère même si, en ce moment-même, elle avait surtout l’air nerveux.
“C’est au sujet de votre mère.”
Elles avaient traversé tant de choses toutes les deux, ayant été kidnappées, témoins de meurtres et menacées par des armes pointées sur elles. Elles étaient restées si fortes pendant tout ce temps. Elles méritaient de savoir.
Et c’est alors qu’il le leur avait dit.
Il s’était joué la scène tant de fois dans sa tête. Pourtant, les mots restaient difficiles à extraire de sa bouche. Ils étaient sortis lentement, comme des branches suivant le courant d’une rivière. Il avait cru qu’une fois qu’il se serait lancé, le reste viendrait plus facilement, mais ça n’avait pas du tout été le cas.
Là, à l’hôtel Plaza, pendant qu’Alan était sorti chercher une pizza et alors qu’un sitcom passait à la TV avec le son muet à un mètre d’eux, Zéro avait dit à ses filles que leur mère, Kate Lawson, n’était pas morte d’un AVC ischémique comme on le leur avait dit.
Elle avait été empoisonnée.
La CIA en avait donné l’ordre.
À cause de lui, l’Agent Zéro, et de ses actes.
Et la personne qui avait exécuté l’ordre…
“Il ne savait pas,” avait expliqué Zéro à ses filles. Il regardait le couvre-lit, la moquette, tout sauf leurs visages. “Il ne savait pas qui s’était. On lui avait menti. Il ne l’avait su que très tardivement, qu’après.” Il avait tourné autour du pot, cherchant des excuses pour l’homme qui avait tué sa femme, la mère de ses enfants. L’homme que Zéro avait condamné à la fuite plutôt qu’à une mort immédiate.
“Qui ?” La voix de Maya était sortie en un souffle rauque et dur plutôt que comme un mot normal.
L’Agent John Watson. Un homme qui avait sauvé la vie de ses filles plus d’une fois. Un homme qu’elles avaient appris à connaître, à apprécier et en qui elles avaient confiance.
Ensuite, le silence avait été écrasant, comme une main invisible serrant son cœur. La climatisation de la chambre d’hôtel s’était soudain déclenchée, bruyante comme le moteur d’un avion dans la pièce autrement silencieuse.
“Depuis combien de temps est-ce que tu sais ?” le ton de Maya avait été direct, presque autoritaire.
Sois honnête. C’était la position qu’il voulait adopter avec ses filles : l’honnêteté. Peu importe à quel point ça faisait mal. Cet aveu était la dernière barricade entre eux. Il savait qu’il était temps de la faire tomber.
Il savait déjà que ce serait celle qui allait les briser.
“Je sais depuis un petit moment que ce n’était pas un accident,” leur avait-il dit. “Il fallait que je sache qui c’était, et c’est le cas à présent.”
Il avait osé lever les yeux et regarder leurs visages.