Le Souvenir Zéro. Джек Марс
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Mais pas cette fois. Alors que ses doigts se refermaient sur les siens, la main de Maya se désintégra dans un nuage de brume.
“Non…”
Il s’avança vers elle, cherchant à atteindre une épaule ou un bras, mais elle disparût à son contact comme la colonne de cendres d’une cigarette sous le vent. Il se tourna rapidement pour atteindre Sara, mais elle se contenta de secouer tristement la tête, alors qu’elle s’évaporait elle aussi sous ses yeux.
Ensuite, il se retrouva seul.
“Sara !”
Zéro se réveilla d’un coup et se mit immédiatement à gémir. Un horrible mal de tête s’était emparé de son front. C’était un rêve… un cauchemar. Un qu’il avait déjà fait des milliers de fois.
Mais ça c’était passé ainsi, à peu de choses près.
Zéro avait été le héros du moment. Il avait déjoué la tentative d’assassinat sur le président, arrêté la guerre avant même qu’elle ne commence et dévoilé la conspiration. Et ensuite, ses filles et lui étaient allées au Plaza. Aucun d’entre eux ne voulait retourner dans leur maison à Alexandria, en Virginie. Trop de choses s’étaient passées là-bas. Trop de morts.
C’était là qu’il le leur avait dit. Elles méritaient de connaître la vérité.
Et c’est alors qu’elles étaient parties.
C’était… il y a combien de temps déjà ? Presque dix-huit mois si ces souvenirs étaient bons. Un an et demi plus tôt. Pourtant, le rêve continuait à hanter la plupart de ses nuits. Parfois, les filles s’évaporaient sous ses yeux. Parfois, elles lui criaient dessus et lui hurlaient des insultes bien pires que ce qui s’était réellement passé. D’autres fois encore, elles partaient en silence et, quand il courait dans le couloir pour les retenir, elles avaient déjà disparu.
Même si la fin variait, les ramifications dans la vraie vie étaient les mêmes. Il se réveillait du cauchemar avec un mal de tête et une grimace, se souvenant avec désespoir qu’elles étaient réellement parties.
Zéro s’étira et se leva du canapé. Il ne se rappelait pas s’être endormi, mais ça n’avait rien de surprenant. Il ne dormait pas bien la nuit, et pas seulement à cause des cauchemars concernant ses filles. Il avait retrouvé ses souvenirs un an plus tôt, ses souvenirs complets en tant qu’Agent Zéro et, avec eux, étaient arrivés les cauchemars horribles. Les souvenirs se frayaient un passage dans son subconscient pendant qu’il dormait, ou qu’il essayait de le faire. D’affreuses scènes de torture. Des bombes lâchées sur des immeubles. L’impact de balles à bout portant sur un crâne humain.
Le pire, c’est qu’il ne savait pas s’ils étaient réels ou non. Le Dr. Guyer, le brillant neurologue suisse qui l’avait aidé à retrouver la mémoire, l’avait averti que certaines choses pourraient ne pas être réelles, mais seulement un produit de son système limbique manifestant des fantasmes, des suspicions et des cauchemars comme étant la réalité.
Sa propre réalité semblait à peine vraie.
Zéro allait à la cuisine chercher un verre d’eau, pieds nus et groggy, quand la sonnette retentit. Il sursauta à cette rupture soudaine du silence, tous ses muscles se tendant instinctivement. Il était toujours un peu nerveux, même après tout ce temps. Puis, il regarda l’horloge digitale sur le four. Il était presque seize heures trente. Ça ne pouvait être qu’une seule personne.
Il ouvrit la porte et s’efforça de sourire à son vieil ami. “Pile à l’heure.”
Alan Reidigger sourit à son tour en brandissant un pack de six, le pouce et l’index repliés autour de l’anse en plastique. “Pour ta séance de thérapie hebdomadaire.”
Zéro renifla un coup et s’écarta sur le côté. “Viens, on va s’installer dehors.”
Il traversa la petite maison et ouvrit la porte vitrée coulissante qui menait au patio. L’air de la mi-octobre n’était pas encore froid, mais assez frais pour lui rappeler qu’il était pieds nus. Ils s’installèrent sur deux transats pendant qu’Alan libérait deux canettes et en passait une à Zéro.
Il fronça les yeux en voyant l’étiquette. “C’est quoi ça ?”
“Aucune idée. Le type de la boutique a jeté un coup d’œil à ma barbe et à ma chemise en flanelle, puis il a dit que j’allais aimer ce truc.” Alan rigola, ouvrit la canette et but une longue gorgée. Il fit la grimace. “C’est… original. Ou peut-être que je me fais vieux.” Il se tourna vers Zéro d’un air sérieux. “Alors, comment tu vas ?”
Comment tu vas. Cette question lui parût soudain étrange. Si n’importe qui d’autre qu’Alan la lui avait posée, il l’aurait prise comme une formalité et aurait répondu rapidement et simplement : “Bien, et toi ?” Mais il savait qu’Alan voulait vraiment savoir.
Pourtant, il ne savait pas quoi répondre. Tant de choses avaient changé en dix-huit mois, pas seulement dans la vie personnelle de Zéro, mais en général. Les USA avaient évité la guerre avec l’Iran et ses voisins, mais les tensions restaient élevées. Le gouvernement américain avait apparemment récupéré de l’infiltration des conspirateurs et de l’influence russe, mais seulement en nettoyant les lieux. Le Président Eli Pierson était resté en poste sept mois de plus après la tentative d’assassinat qu’il avait subie, mais il avait été poussé dehors à l’élection suivante par le candidat démocrate. La victoire avait été facile après que le gouvernement de Pierson se fut révélé être un véritable nid de serpents.
Mais Zéro s’en fichait pas mal. Il n’avait plus d’implication dans tout ça. Il n’avait même pas d’opinion sur le nouveau président. Il savait à peine ce qui se passait dans le monde, évitant de regarder les infos autant que possible. C’était juste un citoyen quelconque à présent. Tout ce qui se déroulait dans l’ombre se faisait sans son influence.
“Je vais bien.”
Mais son regard se faisait insistant.
“Vraiment, je vais bien.”
Alan but une autre gorgée, visiblement dubitatif mais ne l’exprimant pas. “Et Maria ?”
Un léger sourire s’afficha sur les lèvres de Zéro. “Elle va bien.” Et c’était vrai. Son nouveau poste lui convenait à merveille. Après la révélation sur la conspiration, la CIA avait été complètement restructurée. David Barren, membre de haut rang du Conseil de la Sécurité Nationale et père de Maria, avait été nommé directeur par intérim de l’agence et avait supervisé la vérification de la moindre personne sous son égide, jusqu’à ce qu’un nouveau directeur soit nommé, un ancien directeur de la NSA du nom d’Edward Shaw.
Maria Johansson avait été nommée directrice adjointe à la Division des Activités Spéciales, un poste précédemment détenu par Shawn Cartwright, l’ancien patron de Zéro à présent décédé. Elle avait à son tour nommé Todd Strickland en tant qu’Agent Spécial en Charge, rôle précédemment